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liv. ii.
CULTURES INDUSTRIELLES : PLANTES TEXTILES ET FILAMENTEUSES.


pas être étonnés si, dès l’abord, ils ne réussissent pas, d’en bien examiner les causes, de recommencer en prenant plus de précautions, et de n’abandonner une entreprise conçue dans les vues de l’intérêt public, que quand il leur sera clairement démontrequ’elle ne peut procurer les avantages qu’ils s’en promettaient.

L’abbé Berlèse.
Section iv. — De diverses autres plantes textiles.
§ Ier. — Du phormium.

Phormium, Lin de la Nouvelle-Zélande (Phormium tenax, Forst ; en anglais, Iris-leaved flax lily ; en allemand, Neu Hollœndischer flachs ; en italien, Lino della Zeelande) (fig. 17).

Fig. 17.

Voici la plante textile par excellence, celle dont les fibres tirées de ses feuilles sont les plus fortes et les plus élastiques ; les expériences faites à ce sujet par Labillardière les placent entre le chanvre et la soie, et elles pourraient remplacer avantageusement toutes les filasses avec lesquelles ou fabrique les cordes, les câbles, et les toiles dont nous faisons nos vêtemens.

En 1791, Labillardière partit comme botaniste, dans l’expédition de d’Entrecasteaux, à la recherche de l’infortuné Lapeyrouse, et revint en France vers 1798, avec plusieurs plantes de phormium ; mais, en arrivant sur nos côtes, les hasards de la guerre maritime lui enlevèrent ses collections, qui lui furent cependant rendues par l’intervention du célèbre Banks, excepté les plantes de phormium. Peu de temps après, Aiton, directeur du jardin de Kew, en adressa un pied à Thouin, de respectable mémoire, au Jardin des Plantes de Paris. C’est de ce pied, multiplié par drageons, que proviennent tous ceux répandus aujourd’hui sur divers points de la France, où Thouin s’est empressé d’en envoyer, d’après les relations des voyageurs sur l’immense utilité de cette plante. L’expérience a démontré que, plantée eu pleine terre, sous le climat de Paris, elle n’y végète que médiocrement, et qu’elle y est endommagée ou tuée par nos hivers rigoureux ; niais qu’elle végète vigoureusement et ne souffre pas des hivers dans nos départemens les plus méridionaux. C’est donc dans ces départemens que sa culture et sa multiplication doivent être encouragées. On en a obtenu des fleurs pour la première fois en 1816, dans le midi de la France, chez Faujas Saint-Fond, et depuis à Cherbourg. Mais, jusqu’à présent, les fruits nont pas mûri, de sorte que c’est toujours par la division des vieux pieds que l’on multiplie cette plante précieuse dont je vais donner une légère description.

Le phormium, ou lin de la Nouvelle-Zélande, appartient à la famille des liliacées. De sa racine noueuse, charnue, divisée iniérieurement en fibrilles, s’élèvent de 10 à 20 feuilles engainantes à la base par les côtes, distiques, lancéolées, longues d’environ 4 pieds, larges de 3 pouces, d’un vert gai, sèches, assez minces, coriaces, et d’une telle force qu’il est impossible de les rompre en travers. A ce premier appareil de feuilles s’en ajoutent bientôt d’autres semblables à l’entour, qui partent du collet de la plante et forment, avec le temps, une grosse touffe d’un aspect aussi étrange qu’agréable. La floraison consiste en une tige ou hampe qui sort du centre des feuilles, haute de 7 ou 8 pieds, divisée en panicule dans la partie supérieure, et portant un grand nombre de fleurs jaunes assez grandes.

En rendant compte de cette floraison, Faujas Saint-Fond a fait connaître les expériences qu’il avait tentées pour extraire les fibyes des feuilles et les convertir en filasse ; mais il avoue que le rouissage et les procédés usités pour le chanvre ne lui ont pas réussi ; les moyens employés par d’autres personnes n’ont pas eu plus de succès. On en a bien fait des cordes d’excellente qualité, mais on n’a pu donner à la filasse la pureté, la division ni le blanc soyeux dont elle est susceptible. C’est probablement à la chimie qu’est réservé l’honneur de préparer le phormium de manière à l’obtenir pur et à le débarrasser des tissus et du gluten qui en cache la finesse et la blancheur. Les chimistes devraientd’autaut plus s’empresser de mettre la main à l’œuvre, qu’il est bien certain que le phormium contient une plus belle et plus précieuse filasse que toutes les plantes connues.

§ II. — De l’Agave.

Agave d’Amérique (Agave Americana, Lin. ; en allemand, Americanische aloe) (fig. 18 et 19). J’ai cru devoir figurer A (fig. 18 ) l’agave tel qu’il se présente en Amérique, et B (fig. 19) tel qu’on le trouve dans le midi de la France, aux environs de Toulon, où il s’est acclimaté et se reproduit spontanément sans culture, afin qu’on puisse juger de la