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chap. 2e.
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DU COTONNIER, SES ESPECES ET VARIETES, ET SA CULTURE.


On choisit à cet effet un temps chaud, ou au moins sec, et, lorsque les capsules sont suffisamment ouvertes, il vaut mieux enlever avec les doigts le coton adhérent aux graines, et qui est prêt à s’échapper, que de cueillir les capsules elles-mêmes dont les débris peuvent le tacher. La récolte doit se faire à plusieurs reprises, suivant les degrés de maturité des capsules.

A mesure qu’on détache le coton des gousses, on le place dans des corbeilles en le secouant d’abord, afin de faire tomber les insectes ou autres ordures qui pourraient y rester attachés, et ou sépare le bon du mauvais. Ensuite on le dépose dans un lieu bien aéré, bien sec ; on l’étend, s’il est possible, sur un plancher ; c’est la manière d’obtenir une prompte et entière dessiccation.

Il faut aussi faire attention à ce que certains animaux, qui sont friands de la semence, ne pénètrent pas dans cet endroit ; car ils y laisseraient des ordures qui détérioreraient considérablement le coton.

Le coton, sorti de sa gousse, retient avec quelque ténacité les graines qui lui sont adhérentes. Pour l’en séparer, on a imaginé de petits moulins très-simples, peu coûteux, composés de deux rouleaux de bois ou cylindres, qu’on fait mouvoir l’un sur l’autre en sens contraire, soit avec une manivelle (fig. 15), soit avec une pédale comme pour le rouet (fig. 16) : un volant est placé sur l’axe de la manivelle ; on engage le coton entre les cylindres qui, ayant des rainures longitudinales et peu profondes, attirent les filamens qui pourraient se rouler autour d’eux, au lieu de passer si leur surface était unie. On donne à ces cylindres un diamètre proportionné à leur longueur et à la grandeur du moulin. Cette machine se lixe à volonté contre une muraille : elle est supportée par 4 pieds et garnie d’une table, sur laquelle l’ouvrier dispose le coton vis-à-vis les cylindres auxquels il le présente. A mesure qu’il est entraîné, les graines tombent par l’ouverture pratiquée à l’extrémité et le long de la table, et le coton, s’échappant du côté opposé, va se rendre dans une caisse placée au-dessous. On le nettoie ensuite des ordures qui peuvent s’y trouver, et on l’emballe pour le livrer au commerce.

Fig. 15.

Fig. 16.

§ VI. — Usages du coton.

Il n’est point de plante textile dont la culture soit plus généralement répandue dans les deux continens. La finesse excessive à laquelle le coton peut être réduit, fait qu’on peut le combiner avantageusement avec la laine, la soie, le lin et le chanvre. Le coton a, sous certains rapports, de la supériorité sur ces deux dernières matières, il exige moins de préparations pour être converti en vêlemens, il reçoit plus facilement la teinture, et il est plus recherché pour la salubrité de l’homme. Les étoffes de coton sont durables, chaudes, légères, et d’un prix modéré. Avec le coton on fait des tissus de la plus grande utilité, et variés presque à l’infini. Le linge de table damassé, qu’on fabrique en France avec le coton, égale en finesse et en beauté le plus beau linge de table en lin qu’on fait en Saxe.

La mousseline de coton est regardée comme la plus légère, la plus souple, la plus moelleuse et la plus déliée de toutes les étoffes : le fil de coton se trouve employé dans la couture et la broderie. Avec le coton on fait du papier d’une blancheur extraordinaire. Aux Grandes-Indes, en Perse, on fait les matelas, les coussins, les sofas et presque tous les meubles domestiques en coton. En Chine, on en confectionne des tapis magnifiques, dont on fait un commerce considérable. En France, le bazin, le piqué, le nankin, la futaine, les velours, les couvertures de lit, la bonneterie, les bas, le linge de corps, les garnitures des meubles en coton, etc., forment une des branches les plus importantes de l’industrie nationale.

Indépendamment de toutes ces qualités, le cotonnier possède encore des propriétés médicinales. Le duvet du coton, appliqué promptement sur les brûlures, en est un remède très-efficace. La semence du coton étant très-mucilagineuse et huileuse, est un remède très-adoucissant dans les toux opiniâtres, et, comme elle est très-rafraichissante, on la donne en tisane dans les fièvres inflammatoires. Cette graine est aussi très-nourrissante, et sert pour engraisser la volaille et les animaux domestiques.

Nous bornerons ici les instructions que nous avons pensé devoir donner aux riches propriétaires des départemens du midi. Il serait possible que, dans les premiers essais, ils rencontrassent des difficultés provenant du défaut de germination de certaines graines, du mauvais choix des variétés, de l’intempérie de la saison, d’une culture peu convenable, etc. Dans ce cas, nous supplions les cultivateurs de ne pas se décourager, de ne