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chap. 2e.
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DU CHANVRE ET DE SA CULTURE.


riences. Les saisons ont été peu favorables, et je crois en avoir d’ailleurs assez dit dans le cours de cet article, pour faire voir combien les essais sont nécessaires en pareille matière, et combien le changement de localité peut apporter de différence dans les résultats.

Oscar Leclerc-Thouin.
Section ii. — Du chanvre et de sa culture.

Le Chanvre (Cannabis sativa, en anglais Hemp, en allemand Hanf, en italien Canapa, en espagnol Canomo) (fig. 13) est une des conquêtes les plus utiles que nous ayons faites sur le règne végétal. Cette plante se cultive pour sa filasse, dont on fabrique les cordes et cordages et les trois quarts des toiles employées dans l’économie domestique et dans les arts ; on la cultive aussi pour l’huile contenue dans les graines que portent les pieds femelles, cette plante étant dioïque ou ayant les deux sexes sur des individus différens.

Fig. 13.

§ Ier. — Usages du chanvre.

Outre ses usages dans la lingerie, le chanvre trouve encore un débouché bien plus considérable dans la corderie et la marine. Aucune plante textile ne peut jusqu’à présent l’y remplacer pour la voilure et les cordages.

On extrait de ses graines une huile employée à la peinture, à l’éclairage, à la fabrication du savon, et propre à beaucoup d’autres usages. On en nourrit aussi les oiseaux de basse-cour et de volière. Elle rend la ponte des poules plus hâtive et plus abondante. On réduit le marc des huiles en tourteaux, dont les animaux domestiques sont avides.

§ II. — Terrain convenable.

La culture du chanvre intéresse tous les pays maritimes, et plus particulièrement, en France, la Bretagne où elle réussit très-bien ; en effet, elle y est favorisée : 1° par un climat humide et tempéré, dont la latitude correspond à celle de l’Ukraine, qui fournit au commerce de Riga des chanvres si renommés par leur souplesse, leur élasticité et leur longueur ; 2° par le sol de ses vallées et de ses plaines, formées d’une argile mêlée de sable, recouverte d’une forte couche d’humus, et où la plante est protégée contre la violence des vents par l’abri excellent des collines, ainsi que par des haies et des berges garnies d’arbres ; 3° par le bas prix de la main-d’œuvre ; 4° par l’immense consommation de voiles, cordages et filets, que font dans cette contrée, sur une étendue de près de 140 lieues de côtes, les grands et les petits établissemens de la marine.

Le chanvre demande une terre humide, forte, argileuse, recouverte d’une couche d’humus très-épaisse, ameublie par de profonds et fréquens labours, fumée par des engrais substantiels et abondans. Lorsque toutes ces conditions se trouvent réunies, on peut le cultiver à perpétuité sur le même sol, qu’il suffira de défoncer à la bêche et de fumer convenablement. Ceci ne forme pas précisément une exception à la règle de l’assolement alternatif, puisque le sol est entièrement et complètement régénéré par l’abondance de l’engrais ; et, dans beaucoup de pays, où la culture du chanvre, quoique florissante et étendue, est cependant morcelée comme le sont en plaine les héritages, il n’en peut pas être autrement, chaque petit propriétaire n’ayant que le même terrain à consacrer à la même culture, et le couvrant de chanvre chaque année sans jamais y intercaler aucune autre semence.

Si le terrain est trop humide, on facilite l’absorption des eaux par une addition de sable et par des labours profonds ; on l’amende avec du fumier peu ou point fermenté, provenant des fientes de porcs, de brebis, de chevaux, avec des composts de gazon et de chaux, avec des matières fécales ; pour donner de la compacité et de la fraîcheur à un sol calcaire ou sablonneux, on emploie des fumiers très-fermentés et consommés, composés de feuilles et de fientes de bêtes à cornes, de boues d’étangs, de substances végétales et animales très-putréfiées, de muriate de soude et de plantes marines.

Dans les terres fertiles du Bolonais, on fait entrer le chanvre dans les rotations de culture et on le fait alterner avec le blé, parce qu’une partie de l’engrais donné au chanvre sert encore pour le grain. On laboure le champ en juillet, et, en septembre, on le fume avec des débris de laine, des plumes, des cornes, des rognures de peaux et d’autres substances animales qu’on recouvre par un second labour ; on pourrait encore enfouir des lupins ou des fèves. En novembre, on donne une troisième façon, et l’on dispose le champ en planches de 2 mètres environ, divisées par un sillon profond. Au printemps on répand