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liv. ii.
CULTURES INDUSTRIELLES : PLANTES TEXTILES ET FILAMENTEUSES.


fruit de cette plante précieuse donne une grande quantité d’huile préférable à la meilleure huile d’olive… ses graines font partie de la nourriture des habitans du royaume de Grenade… Cette plante rapporte de 400 à 600 pour un.» Thouin veut dire aux Indes ; car, dans les pays les plus méridionaux de l’Europe, elle ne donne pas le tiers de ce produit ; mais, quand même elle ne donnerait que 50 pour un, ce produit serait immense : elle rapporterait, d’après cette proportion, une quantité de semences qui contiendraient une livre d’huile par toise. On peut donc affirmer sans crainte que la culture de cette plante offre plus d’avantages que bien d’autres plantes oléifères, et qu’on devrait en propager la culture, surtout dans les contrées méridionales de la France.

L’abbé Berlèse.


CHAPITRE II. — des plantes textiles ou filamenteuses et de leur culture spéciale.


Section 1re . — Du lin et de sa culture.

Le Lin (Linum usitatissimum ; en anglais Flax ; en allemand Flache ; en italien et en espagnol Lino (fig. 12), appartient à la famille des Caryophyllées.

Fig. 12.

Cette plante, cultivée depuis un temps immémorial, principalement dans le nord de l’Europe, a donné naissance à diverses variétés locales qui dégénèrent promptement en changeant de climat et de terrain.

Le lin de Riga, grand lin, lin froid de quelques ailleurs, est un de ceux qui s’élèvent le plus ; sa graine est fort estimée dans le commerce. Depuis 15 à 20 ans on a commencé à le cultiver avec succès sur quelques points de la France.

Le lin de Flandre est originaire de Riga. Les Belges en renouvellent fréquemment la semence en Russie ou en Zélande. Quoiqu’il s’élève moins que le premier, beaucoup dé cultivateurs le préfèrent à cause de la finesse de sa filasse ; sa culture semble aussi devoir prendre une certaine extension en France, ainsi que je le dirai bientôt.

Le lin de Chalonnes-sur-Loire acquiert encore moins de hauteur. Rarement dépasse-t-il 26 à 30 po. (0m702 à 0m810), souvent même il ne les atteint pas ; cependant, la qualité de son brin est telle que, dans les bonnes années, les fileuses le prêtèrent à tout autre pour les fils d’une grande finesse, et que, des départemens voisins de celui de Maine-et-Loire, on vient en acheter la graine à des prix fort élevés. Ce lin qu’on peut considérer comme une des bonnes races du type français, a l’avantage de donner beaucoup plus de semences que les lins de Riga et de Flandre.

Indépendamment de ces variétés et de quelques autres dues également à des circonstances locales, il en existe deux dont les botanistes n’auraient pas plus de raison de s’occuper que des précédens, mais que les cultivateurs ont grand intérêt à ne pas confondre, car les marchands font souvent une différence de plus d’un tiers dans la valeur des uns et des autres : je veux parler des lins d’été et des lins d’hiver. — Les seconds se distinguent des premiers, non seulement par leur plus grande rusticité et la rudesse de leurs filamens, mais par la grosseur considérable, la forme arrondie, la couleur foncée et l’aspect général de leurs graines, qu’il est impossible de ne pas reconnaître au premier coup-d’œil.

Le sol de la France ne produit pas à beaucoup près tout le lin qui se consomme sur son territoire, soit pour le tissage des toiles, soit pour la filature des fils à coudre. La nécessité dans laquelle nous nous trouvons de nous approvisionner en partie en Belgique, n’est pas un des moindres obstacles à la prospérité de nos fabriques de toiles fines, et la cherté plus grande de la filasse rend toute concurrence avec nos voisins du Nord de plus en plus difficile.

§ 1er . — Du choix du terrain.

Cette plante, assez délicate, est loin de donner partout de bons produits. — Pour les lins d’été, on peut dire, d’une manière absolue, qu’il n’y a de l’avantage à les cultiver que dans les terres très-meubles et très-fertiles.

Les sols d’alluvion d’une consistance moyenne, doux, plutôt sablo-argileux qu’argilo-sableux, et cependant substantiels et frais ; — les défriches de vieilles prairies ; les trèfles rom-