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liv. ii.
CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES OLEAGINEUSES.


soient suffisans pour décider la question, et loin de déconseiller d’en faire d’autres, nous les appelons au contraire de nos vœux, cet objet étant d’un intérêt et d’une utilité très-réels.

Section iii. — De la Navette.

La Navette, comme le Colza, appartient à la famille des Crucifères et au genre Brassica, mais elle fait partie des Navets. C’est le Brassica napus sylvestris des botanistes (en anglais confondue avec le colza sous le nom de Rape seed [1]; all. Rubsamen ; ital. Rapetto). Ses feuilles, au lieu d’être lisses et glauques comme celles du colza et de la plupart des choux, sont au contraire rudes au toucher et d’un vert plus franc, comme celles des navets et des raves.

On connaît, eu égard à la durée de végétation de celte plante, deux variétés ou laces désignées l’une sous le nom de Navette d’hiver, l’autre sous celui de Navette de printemps ou quarantaine.

Si la Navette donne en général des produits moins abondans que le colza, elle est aussi moins exigeante que lui sur la qualité du sol et les soins de culture. Elle se contente encore mieux d’une terre légère, graveleuse même, pour peu qu’elle soit suffisamment fumée.

La Navette d’hiver se sème toujours à la volée et à demeure ; au moins ne l’avons-nous jamais vue cultivée enrayons, parce que sans doute on ne juge à propos d’accorder cette culture soignée qu’à d’excellentes terres, et qu’alors on préfère le colza. Nous pensons toutefois que cette méthode pourrait lui être appliquée avec avantage.

L’époque du semis est de la fin de juillet au commencement de septembre ; dans quelques cantons cependant on sème dès le mois de mars dans les avoines, ou bien à la Saint-Jean avec les sarrasins. A l’automne, ou, à défaut, au printemps suivant, on doit éclaircir et, pour le mieux, biner la navette ; l’éclaircissage à l’extirpateur, conseillé par M. de Dombasle pour les colzas semés à la volée, est parfaitement applicable à cette plante.

La récolte a lieu de juin à juillet dans le centre de la France ; plus tôt ou plus tard, selon qu’on s’éloigne de ce point vers le sud ou vers le nord. Elle se fait en tout comme celle du colza.

La Navette de printemps se plaît surtout dans les terres légères, sablonneuses et surtout calcaires. Sur les bons fonds. des pays de plaines dont l’assolement est bien combiné, il n’y a presque jamais avantage à semer cette variété, parce qu’elle manque très-souvent, donne des récoltes inférieures, et qu’on peut la suppléer par des cultures plus productives et plus certaines ; mais il n’en est pas de même dans les pays de calcaire argileux très-élevés. où les nuages peuvent entretenir une humidité suffisante pendant l’été ; là, dit Bosc, qui a été à même de suivre la culture de cette plante en de telles localités, elle est aussi et même plus productive que la navette d’hiver.

Du reste, c’est principalement lorsqu’une autre culture a manqué par suite des intempéries de l’hiver, qu’il est avantageux de la remplacer par de la Navette d’été, qui peut se semer jusqu’à la fin de juin et qui n’occupe le sol qu’environ deux mois.

La quantité de semence est de 7 à 8 litres par hectare. — On sème ordinairement un peu moins dru la navette d’hiver.

La principale cause de destruction de la navette, pendant sa jeunesse, est l’Altise bleue, et, aux approches de la maturité, les oiseaux nombreux qui recherchent ses graines avec avidité.

Le produit moyen d’un hectare de colza, semé a la volée, étant de 18 hectolitres, dans des circonstances relativement semblables on a évalué celui d’une pareille étendue de navette d’hiver à 16 hectolitres seulement et celui d’un hectare de navette de printemps à 12.

La graine de navette donne un dixième environ d’huile de moins que celle de colza.

Vilmorin et O. Leclerc-Thouin.
Section iv. — De la Caméline.

La Caméline (Myagrum sativum ; angl. Gold of pleasure ; all. Lein dotter, Flachs dotter ; it. Alisso commune) (fig. 4), appartient à la

Fig. 4.

  1. On peut s’étonner que les Anglais n’aient pas deux noms distincts pour la navette et le colza, et leur appliquent indifféremment ceux de Rape et de Cole-seed qui, pour eux, sont synonymes. On voit même, par les écrits de leurs meilleurs agronomes, qu’ils confondent les deux plantes ; M. Loudon est le seul, à ma connaissance, qui ait indiqué quelque différence entre elles, mais d’une manière vague et sans donner à chacune un nom spécial. S’il était possible de substituer une nomenclature raisonnée à celle consacrée par l’usage, on la trouverait ici toute faite, seulement en séparant les deux synonymes ; car, en se basant sur l’étymologie. Rape (Rapa) est un nom exact pour la navette, tandis que Cole-seed est précisément l’équivalent de colza (Kohl-saat), graine de chou, par inversion de chou-à-graine.