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chap. 1er.
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DES CHOUX.
à 18 po. et les plants à 12 po. dans la ligne ; à raison de 50 c. le millier, ce qui est bien suffisant pour indemniser des frais de culture de la pépinière
22 f. 50 c.
Transplantation 
25
Deux binages à la houe à cheval 
8
Faucillage 
10
Battage et vannage 
18
  ——————
Total 
335 f. 50 c.
Produit moyen, 22 hectolitres à raison de 25 fr. 50 cent. l’hectolitre 
561 f.
Frais à déduire 
335   50 c.
  ——————
Reste en bénéfice 
226 f. 50 c


colza de printemps.
Loyer d’une année 
70 f.
Un labour à la charrue et deux à l’extirpateur 
50
Engrais 
80
Hersage et rayonnage 
12
Semence et semaille au semoir 
6
Un binage à la houe à cheval 
4
Faucillage 
10
Battage et vannage 
18
  ————
Total 
250 f.
Produit moyen, 14 hectolitres à 22 fr. 
308 f.
A déduire pour les frais 
250
  ————
Reste en bénéfice 
58 f.

On a estimé en Flandre que 50 kilog. de bonne graine de colza d’hiver peuvent donner 17 à 19 kilogramm. d’huile, tandis qu’une même quantité de graine de colza de mars n’en produit guère que de 13 à 15. — Nous avons déjà dit que la première est d’ailleurs préférable à la seconde.

D’après M. Gaujac, 960 kilogrammes de graines rendent en huile 380 kilog., et en tourteaux, 520 kilog.

Il n’entre pas dans notre sujet de parier ici de l’extraction de l’huile et de son emploi. Nous devons renvoyer le lecteur à la partie de cet ouvrage qui traitera des Arts agricoles.

Vilmorin et O. Leclerc-Thouin.
Section ii. — Des Choux.

Dans quelques lieux, on a cherché à remplacer le colza par divers Choux rustiques, dans l’espoir d’obtenir autant ou plus de graines, ou de réunir sur le même sol une récolte fourrage à une récolte oléagineuse ; mais nous n’avons pas connaissance d’essais de ce genre qui aient présenté jusqu’ici des résultats décidément avantageux.

Les choux que l’on a essayé ou qu’on pourrait essayer de cultiver dans cette vue, sont principalement : le Chou à faucher (Brassica oleracea foliosa ; en allemand, Schnillkohl), espèce allemande inusitée en Angleterre ; le chou-navet (Brassica napo-brassica ; angl. Turnip-rooted cabbage ; all. Kohlrabe ; ital. Cavolorape), surtout la variété à racine entièrement enterrée ; le Rutabaga ou Navet de Suède (Brassica rutabaga ; angl. Rutabaga ou Swedish turnip ; all. Rutabaga, Swedische Rübe ; ital. Rutabaga) ; les Choux frisés du Nord (Brassica oleracea fimbriata ; angl. 'Scotch kale ; ital. Cavolo riccio ou Verza riccia), Vert, (angl. Green ; ital. Verde), et Pourpre (angl. purple ; ital. rosso), particulièrement les variétés à pied court ; le Chou cavalier ou grand Chou à vaches (Brassica oleracea procerior ; angl. Tall anjou kale ou Borecole ; ital. Cavaliere) ; le Chou vert branchu ou Chou mille-têtes du Poitou (Brassica oleracea ramosa ; angl. Thousand headed kale) ; le Caulet de Flandre (Brassica oleracea belgica ; angl. Flemish purple kale).

Tous sont loin probablement de présenter d’égales chances de succès. Nous donnerons à cet égard quelques aperçus fondés sur nos observations. — Les grands Choux verts, tels que le Chou cavalier, ont l’inconvénient de faire de trop fortes plantes ; l’espacement considérable qu’elles exigent et le petit nombre que l’on en pourrait dès-lors placer sur un arpent , nous semblent laisser peu de chances que leur produit puisse égaler habituellement celui du colza. Ces choux, plantés en juin, s’effeuillent depuis le mois d’octobre jusqu’au commencement de mars ; on les laisse ensuite monter pour les couper en avril ou les faire grainer ; mais, quelque heureuse que puisse paraître cette dernière combinaison par suite de l’économie de main-d’œuvre, elle réussit assez rarement. — Le Chou, cultivé si avantageusement dans l’Ouest comme fourrage, outre l’inconvénient de geler assez facilement, surtout lorsqu’il tombe de la neige que le soleil fait fondre rapidement, a encore celui d’être très-sujet à cette sorte de brûlure qu’on connaît sous le nom de brime. Dans beaucoup de localités, ses siliques et même ses feuilles se couvrent, peu avant l’époque de la maturité des graines, d’une foule de taches noires ; aussi la récolte est-elle très-incertaine. — Nous l’avons vu de près de 30 hectolitres à l’hectare, et parfois de moins de 8.

Les Choux frisés du Nord, qui seraient précieux par leur rusticité, ont presque constamment les graines menues et mal nourries. Aussi, malgré quelques exceptions à cette règle, n’osons-nous en conseiller l’emploi.

En 1817, à Verrières, près Paris, une pièce de Rutabaga jaune a fourni de la graine sur le pied de 2,000 kilog. à l’hectare, sur une terre légère et qui n’est pas de première qualité. Ce produit est peu éloigné du maximum de celui du colza sur les terres les plus riches. Mais le Rutabaga est sujet à pourrir du collet, et l’on n’en pourrait pas espérer habituellement des récoltes semblables. — Il ne resterait donc guère, dans notre opinion, que le Chou à faucher et le Chou navet à racine enterrée qui pussent offrir des chances de rivalité avec le colza.

Notre confrère Sageret avait créé des hybrides qui paraissaient fort intéressans. L’un de nous (M. Vilmorin) en a essayé quelques-uns ; l’inconstance de leurs caractères et l’inégalité des plantes entre elles l’ont fait de bonne heure renoncer à leur culture.

Quoique ce que nous venons de dire soit peu propre à encourager la culture du chou en remplacement de celle du colza, nous ne pensons pas que les essais faits jusqu’ici