sorte hâtée par le temps, donne généralement
des produits moins abondans, une huile
moins grasse et de moindre qualité que celui
d’hiver ; aussi le cultive-t-on moins communément.
Cependant, lorsque les semis d’automne
ont manqué, ou lorsque, par une
cause quelconque, le terrain n’a pas été disposé
plus tôt, sa culture présente encore de
grands avantages.
Cette variété exige plus que l’autre un terrain fécond. Nous en avons déjà fait connaître un des motifs. — On conçoit du reste que n’ayant plus à redouter les gelées et ne devant être semé qu’assez tard, le plus grand obstacle à son développement est une excessive sécheresse, et que par conséquent un sol frais, substantiel et profond, est la première condition de sa réussite.
Le colza de printemps se cultive exclusivement de semis. — Quelquefois on le sème en mars ou avril ; par ce moyen il est plus facile de trouver dans le sol le degré d’humidité convenable à la prompte croissance de la jeune plante, ce qui rend les ravages des insectes moins redoutables ; mais, d’un autre côlé, beaucoup de personnes ont cru remarquer, avec le savant directeur de la ferme de Roville, que, dans ce cas, la floraison arrive précisément à l’époque où la fécondation des graines des plantes de cette famille, par suite sans doute de la brièveté des nuits, paraît se faire avec le plus de difficulté, c’est-à-dire dans les environs du solstice. M. Mathieu de Dombasle conseille en conséquence de fixer l’époque des semis au mois de mai. — Pour le semis à la volée, le seul qui soit ordinairement employé, attendu que presque nulle part on ne bine ou ne butte le colza d’été, on emploie de 10 à 12 litres de semence par hectare, quantité, comme on voit, du tiers environ plus considérable que pour les semis de colza d’hiver.
Art. iii. — Des insectes nuisibles au colza.
Indépendamment des gelées qui annullent parfois les récoltes de colza, cette plante redoute encore un autre ennemi souvent tout aussi destructeur et presque aussi inévitable ; nous voulons parler de Altise bleue (Altica oleracea)
Fig. 2.
que la fig. 2 représente
grossie des 3 quarts. Ce coléoptère, qui fait en certaines années
le désespoir du cultivateur sous le
nom Tiquet ou de puce de terre,
bien qu’il nuise aux plantes déjà
grandes en détruisant une partie
de leurs feuilles, de leurs fleurs et
même de leurs graines, est surtout nuisible aux végétaux qui
viennent de lever parce qu’il dévore leurs
feuilles séminales. Il n’est pas rare de voir
des semis entiers de crucifères anéantis de
la sorte avant l’apparition de la 3e feuille.
A mesure que la végétation prend plus de
développement, le danger diminue ; aussi
pensons-nous que le meilleur moyen d’éviter
les dégâts de l’alltise, c’est moins de chercher à
la détruire par des moyens toujours insuffisans
ou inapplicables à la grande culture, que de
tâcher de procurer aux plantes un développement
rapide pendant leur première jeunesse.
— Disons cependant que la fumée pénétrante
du brûlis de végétaux encore verts éloigne
efficacement ces insectes. Il est fort rare d’en
voir en quantité notable sur des terrains nouvellement
écobués[1].
Art. iv. — De la récolte du colza.
Aussitôt que le colza est suffisamment mûr, ce que l’on reconnaît à la couleur jaunâtre de toutes ses parties extérieures et à la teinte brune de ses graines, c’est-à-dire de la fin de juin aux premiers jours de juillet pour nos départemens du centre, et vers le milieu de ce dernier mois pour ceux du nord ; — pas trop tôt, dans la crainte d’obtenir des graines moins nourries, qui donnent par conséquent moins au mesurage, et, qui pis est, qui rendent moins d’huile à mesure égale ; — pas trop tard, afin de ne pas perdre une partie des produits : on commence la récolte du colza.
En Belgique, dit M. Hotton, duquel nous extrayons le passage suivant parce qu’il est parfaitement en rapport avec les souvenirs que nous avons rapportés de ce pays, on coupe le colza avec une faucille, à 4 ou 5 po. (0m108 à 0m135) de terre, et on le pose par poignées de deux rangées entre les fossés qui bordent les planches. — Les pieds sont placés du côté des fossés, les rameaux vers le centre de la planche. — L’ouvrier a ordinairement les pieds dans le fossé même, et coupe tantôt a droite, tantôt à gauche, jusque vers le milieu de chaque planche. Cette position facilite singulièrement le travail. Ce sont ordinairement des femmes qui le font. — Quand le temps est sec, on ne coupe que pendant la matinée, parce qu’alors les siliques étant fermées, laissent échapper peu de graines.
Dès que les tiges sont suffisamment sèches, ce qui arrive assez souvent après deux ou trois jours, on les ramasse dans des draps et on les enlève, soit pour les mettre en meules, soit pour les battre.
L’emmeulage n’a lieu que lorsqu’on n’a pas le temps de battre tout de suite, ou quand le colza n’est pas parfaitement mûr ou parfaitement sec, ou enfin quand le temps n’est pas assez beau ou assez sûr pour pouvoir entreprendre le battage, opération qui se pratique en plein air, au milieu des champs.
Lorsqu’on veut faire une meule, on dispose une place circulaire de manière que la terre soit élevée eu cet endroit de quelques pouces au-dessus du sol, afin d’empêcher l’humidité de se répandre dans l’interieur. On met ensuite une couche égale de paille de 3 à 4 po. (0m081 à 0m108), sur laquelle on étend un lit d’égale épaisseur de regain destiné à
- ↑ M. Poiteau, dans les Annales de la Société d’horticulture (août 1834), a rapporté des expériences faites en Belgique, desquelles il résulterait que les œufs de l’altise sont apportés dans le sol, accolés aux graines du colza au nombre d’un à cinq ; par suite de ces expériences, l’auteur a été porté à tremper ses graines, pendant 24 et même pendant 3 heures seulement, dans une forte saumure avant de les semer ; dès-lors les jeunes plantes levèrent et se développèrent parfaitement, sans qu'aucune altise parût. (Note de la direct.)