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chap. 12e
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DU NOYER.

Fig. 66.

amande blanche, divisée en 4 lobes. Le noyer est originaire de l’Asie, mais il a été transporté depuis un si grand nombre de siècles dans les parties méridionales de l’Europe, qu’il y est maintenant parfaitement acclimaté et comme indigène. Cultivé depuis les temps les plus reculés, il a produit beaucoup de variétés parmi lesquelles nous citerons les suivantes :

Noyer à très-gros fruits, ou noir de jauge, dont les noix sont moitié plus grosses que les communes. Les arbres de celte variété croissent avec plus de rapidité, mais leur bois est moins bon.

Noyer à gros fruit long, une des meilleures variétés à cultiver pour le produit.

Noyer à coque tendre, ou noix de mésange, dont la coquille est si tendre qu’elle se brise facilement entre les doigts.

Noyer à coque dure, ou noix anguleuse, dont la coque est si dure qu’il faut un marteau pour la casser. Le bois de l’arbre est meilleur et plus agréablement veiné que dans les autres variétés.

Noyer tardif ou de la Saint-Jean. Cette variété ne commence à pousser ses feuilles qu’en juin, et ne fleurit que vers la fin de ce mois. Son fruit n’est bon à manger que frais, parce qu’il ne mûrit pas si bien. L’arbre offre l’avantage de n’être pas sujet aux gelées.

Noyer à grappe. Cette variété n’est pas assez cultivée ; ses noix, aussi grosses que dans l’espèce commune, sont rassemblés 12 à 15, et jusqu’à 20 ensemble.

Noyer bifère. Cette variété est très-rare ; elle n’est guère connue qu’aux environs d’Aix en Provence.

Noyer à petit fruit. Ses noix ne sont pas plus grosses que des noisettes, mais les arbres en portent en grande quantité.

Noyer hétérophylle, dont toutes les folioles dans la même feuille, soi.t dissemblables b-s unes des autres ; variété curieuse et rai e qui se distingue encore par ses branches inclinées vers la terre, et par ses noix ayant la coque tendre et fragile.

§ II. — Multiplication des noyers.

Quoique très-importante pour les arts et pour l’économie domestique, la culture du noyer est loin d’être aussi répandue qu’elle mériterait de l’être. En 1809, la Société d’encouragement, pénétrée de toute son importance, a proposé un prix pour sa plantation et pour sa greffe.

A l’époque désastreuse de noire tourmente révolutionnaire, on a abattu un grand nombre de ces arbres, et depuis que nous jouissons de temps plus tranquilles, on est bien loin d’avoir réparé le mal qui s’est lait alors, peut-être même qu’il ne pourra jamais l’être. L’accroissement de la population qui, depuis que nous jouissons des douceurs de la paix, a une marche si rapide, fait que l’on trouve bien plus d’avantages à s’occuper des cultures qui ont pour résultat direct la nourriture des hommes, qu’à faire des plantations qui ne présentent qu’un produit éloigné. Après 15 et 20 ans de plantation. le noyer ne donne pour ainsi dire que des espérances, car la récolte en est encore si faible, qu’à peine si on peut en calculer la valeur ; ce n’est que de 30 à 60 ans que cet arbre peut offrir chaque année un produit capable d’augmenter le revenu du propriétaire. Il faut un siècle et plus pour que le bois soit bon à employer dans les arts.

Ce qui devrait encourager à faire des plantations de noyers, c’est que peu d’arbres sont moins difficiles que lui sur la nature du terrain, car il vient bien presque partout ; il ne craint ni la sécheresse ni l’humidité, à moins qu’elle ne soit extrême ; sa croissance est seulement plus rapide dans un bon sol que dans celui qui sera sec et pierreux ; mais dans ce dernier, son bois sera plus beau et de meilleure qualité.

On ne multiplie le noyer que par les semis de ses fruits, qu’il ne faut prendre qu’au moment de leur parfaite maturité, c’est-à-dire lorsque leur brou s’entr’ouvre pour laisser passer la noix, ou au moins lorsque celle-ci s’en détache avec facilité. On peut également semer les noix à l’automne immédiatement après leur chute spontanée des arbres, et jusqu’en novembre et décembre, ou à la fin de l’hiver. Dans le cas ou le semis ne devrait être fait qu’à la fin de 1 hiver ou au commencement du printemps, il faudra avoir soin de conserver les noix à la cave ou dans un cellier, et de les stratifier dans du sable. Toutes les fois qu’on aura du terrain libre, il sera mieux de faire le semis à l’automne. On recommande de semer les noix avec leur brou, parce que c’est, dit-on, un moyen de les préserver d’être mangées par les rats et autres animaux de ce genre, qui, quelquefois, en font un grand ravage pendant l’hiver. J’en ai fait plusieurs semis assez nombreux, toujours avec des noix dépouillées de leur brou, et je n’ai pas essuyé de perte remarquable.

On a dit que le noyer n’était pas difficile sur la nature du terrain ; cependant, quand on veut semer cet arbre pour en former des pépinières, il est à propos de choisir une bonne terre qui ait du fond, qui soit bien labourée et bien amendée, afin que le pivot