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liv. 1er 
AGRICULTURE : ANIMAUX NUISIBLES.

que le Meloë de mai, ou Proscarabée (Meloe proscarabœus et majalis), des Cantharides, le Mylabris cichorii (cantharide des anciens et des Chinois), des Lytta, Cerocoma, Zonitis, et divers coléoptères à élytres mollasses, ne sont pas avalés sans péril par les herbivores. Ils causent de violentes inflammations viscérales et de l’irritation jusque dans les voies urinaires. On a rapporté à un Charançonite, le Curculio (Lixus) paraplecticus (Lixe paraplectique fig. 770), cette maladie des chevaux, qui paralyse leurs membres postérieurs ; cependant ce fait ne paraît pas suffisamment prouvé, et il paraît dû à toute autre cause, et plutôt à des végétaux vénéneux aquatiques, ombellifères, comme le phellandrium et les œnanthe, œthusa, etc.

Les chevaux sont encore infestés par une mouche presque sans ailes, courant comme une araignée sur leur corps ; c’est l’Hippobosca equina (Hippobosque des chevaux, fig. 771) ; une autre espèce est familière aussi sur les moutons et d’autres bestiaux ; c’est le Melophagus vulgaris), Mélophage commun (fig. 772).

Les oiseaux de basse-cour sont également attaqués par des Ornithomyes, ou mouches de genre analogue. La plupart de ces insectes parasites portent leurs œufs dans leurs oviductes assez longtemps pour qu’ils passent à l’état de larves avant d’être pondus. Cela était nécessaire afin que celles-ci, dès leur naissance, pussent s’attacher à l’animal qui les nourrit.

Ces demi-aptères nous conduisent naturellement à la nombreuse série des Aptères parasites des animaux. Nous ne nous arrêterons point au genre assez connu des Puces (Pulex irritans) et du Nigua (P. penetrans), qui s’enfonce, sous le nom de chique, dans les chairs de l’homme et de divers animaux dans les climats chauds ; mais on ne peut passer sous silence les Tiques et les Ricins des chiens, des bœufs et chevaux, etc. Tels sont les Ixodes, Ixode reduve (fig. 773), les Cynorœsthes d’Hermann, les Smaris, les Reduvius, les Gamasus, qui s’accrochent dans la peau et la chair, au moyen de pinces didactyles, d’un bec avec des palpes filiformes, pour sucer le sang et se remplir le corps presque à la manière des sangsues. Ces Ricins, d’abord imperceptibles sur les arbustes des bois où ils vivent cachés, gagnent les bestiaux, les chiens qui y passent, et dès lors trouvent sur ceux-ci une nourriture abondante ; ils ne lâchent prise que par la force. Il en est à peu près de même du Rouget (Leptus autumnalis), espèce de mite rousse qui fréquente ou même rend malades les haricots et autres plantes des vergers ; elle s’attache, en automne surtout, aux jambes des passants et à divers animaux ; elle leur cause des rougeurs et démangeaisons vives dont on ne se débarrasse bien que par des lotions vinaigrées. (Olivier ; Obs. dans les Mém. d’agricult., 1787.)

Les Poux sont des espèces presque aussi nombreuses que les divers animaux qui les portent ; chaque oiseau semble avoir le sien en particulier, et l’on sait combien ils sont fâcheux pour les poules, les pigeons ; car ils infestent leurs habitations. La plupart se rapportent à la famille des Acariens (Acarus, L.). Parmi ceux-ci se multiplient aussi les Sarcoptes ou insectes de la gale, non seulement de l’homme, mais de la plupart des races d’animaux domestiques. On sait qu’ils ont la fâcheuse propriété de communiquer ces maladies, en se transmettant d’un individu galeux, teigneux, dartreux, ladre, où ils pullulent, à un individu sain. Ces parasites ou épizoïques ont, à l’état complet, huit crampons ou pattes, et un bec acéré pour sucer. Il paraît qu’en distillant dans la plaie une liqueur irritante, ils y font affluer le sang ou les humeurs. Quelques-uns se nichent sous l’épiderme comme les Cirons, et y pratiquent des chemins couverts.

Parmi les insectes aptères, les plus hideux et redoutables par leur venin, sont surtout les Aranéides. Le Scorpion roux d’Europe (Scorpio occitanus d’Amoreux), ou Scorpion roussâtre (fig. 776), blesse vivement de son dard caudal recourbé : une légère cautérisation par l’ammoniaque en est le remède le plus convenable. Il y a de grandes Aranéides, telles que les Tarentules ou Lycoses, et les Thérïdions dont les morsures ne sont point exemptes de danger, surtout dans les temps et les pays chauds ; le même moyen de guérison parait le plus efficace. On redoute aussi la morsure de la Scolopendre roussâtre (Scolopendra morsitans, fig. 775), pour les animaux, surtout au nez, aux lèvres, etc. Elle cause une enflure plus ou moins douloureuse.

Enfin, des insectes deviennent fort nuisibles pour des insectes utiles. Les larves de divers coléoptères des genres Clerus ou Trichodes s’insinuent dans les ruches, et font de grands dégâts des larves ou nymphes d’abeilles ; tels sont les T. apiarius Fabr., ou Attelabus apiarius (clairon des ruches (fig. 776). La Chrysomela cerealis, qui vit sur le genêt, paraît nuisible aussi aux édifices de cire des apiaires ; les Frelons s’emparent de leurs trésors. Des espèces de Tinéides, surtout du genre des Galleria, pénètrent dans les ruches ; la