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truire. La Phalænasecalina fait avorter aussi les épis de seigle.

Parmi les Diptères, on avait fait peu d’attention à ces petites espèces de mouches qui causent des ravages secrets dans les moissons, avant Olivier. Ce savant entomologiste a commencé cette importante recherche, quoique déjà Linné avait dit (Acta Stockholm, 1760, p. 182) que la seule espèce décrite par lui sous le nom de Musca frit détruisait, chaque année, la cinquième partie de toute la récolte d’orge du royaume de Suède, ou plus de cent milles tonnes, d’une valeur de plusieurs millions. Olivier s’est assuré que diverses mouches du genre Oscina (les Osc. pumilionis, lincata, etc de Fabricius) piquent, soit les collets des tiges, soit le chaume tendre du blé, y déposent leurs œufs, et les jeunes larves dévorant la substance interne/interceptent ainsi la sève nourricière, en sorte que l’épi demeure sec et stérile. On ne saurait dire combien les moissons perdent ainsi de grains. Il parait que la Tephritis strigula, Fabr., cause les mêmes dommages. Quant aux espèces de Sapromyza (de Fallen et Meigen), mouches très-petites, noires ou cendrées, lisses, avec de fortes pattes et de gros yeux, leurs larves s’insinuent aussi dans le chaume des céréales et d’autres graminées, à l’époque de la sève sucrée, ou avant la fructification qui est ainsi empêchée. Cette étude n’a pas été encore bien approfondie, car on doute même si l’ergot du seigle n’est point une maladie engendrée par l’effet de la piqûre d’une mouche, comme L. Martin, agronome anglais, l’a pensé.

Nous pourrions joindre à ces faits ceux concernant d’autres graminées, soit des pays chauds ( comme la Canne-à-Sucre, attaquée par des Coléoptères, etc.), soit de contrées tempérées et même froides qu'infestent les Phalæna calamitosa, mesomela, panthera, secalina, etc.

On sait aussi que les sorghos, millets, les semences des panics et autres frumentacées, sont la proie des Anobium paniceum et minutum, Fabr., que les Ténébrions, les Blaps détruisent les farines (Blaps mortisaga, (fig. 726) ; la larve du Tenebrio molitor est fréquente dans les moulins, y dévore la farine et le son ; elle est recherchée pour nourrir les rossignols. L'Hispa atra concourt à disséquer aussi diverses tiges de graminées. Enfin nous n’énumérons point ici les funestes passages des sauterelles qui, loin d’épargner les moissons, semblent les dévorer avec plus de prédilection que les autres végétaux. Nous devons renvoyer ce genre de calamité aux causes générales qui multiplient immensément, en certaines années, les insectes, surtout dans les climats secs et chauds, comme après des hivers trop doux, qui en ont épargné les larves, ou chenilles et œufs : il en est parlé plus loin.

D’ailleurs, les graminées produisent deux principes essentiellement nutritifs, la fécule, dans leurs graines ou périsperme, et la matière sucrée dans leurs tiges les plus succulente. Si elles président surtout à l’alimentation de l’homme, elles attirent pareillement un grand nombre d’autres animaux qui en extraient leur substance. On ne doit donc pas être surpris que la plupart des insectes phytophages les dévastent de préférence. Nous en verrons encore des exemples en traitant des espèces qui saccagent nos autres comestibles, également farineux ou féculens : genre de trésor dont chaque être prétend tirer sa part aux dépens de l’avare dépositaire.

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§ ii. — Insectes attaquant les cultures potagères et autres.

Nous sommes loin de vouloir exposer ici l’histoire complète de la multitude de ces ennemis ; cependant il importe d’appeler l’attention journalière sur des espèces d’insectes qu’il serait dangereux d’ignorer, puisqu’on leur livrerait en quelque sorte le champ de bataille sans défense.

Ce qu’on nomme plantes oléracées consiste en herbes dont les racines, les tiges et feuilles, non moins que les fruits ou fleurs, servent à notre nourriture. Elles sont également ravagées sous terre, dans leurs racines, par les Courtilières ou Taupes-grillons (Gryllus gryllo-talpa (fig. 727), et par les vers-blancs des Hannetons (Melolontha vulgaris) comme par une foule d’autres scarabéides. Tous les agriculteurs connaissent ces races si détestables pour les jardins. On ne peut y porter remède qu’en s’efforçant d’en écraser le plus possible. Les Scarabéides lamellicornes (à antennes en feuillets) sont particulièrement dangereux aux plantes potagères ; les Géotrupes fouillent les fumiers et terreaux ; le Læthrus cephalotes Fabr, avec ses mandibules tranchantes, coupe les jeunes pousses, lesgermes des plantes ; les Scarabæus stercorarius et vernalis, le Trox horridus, Fabr ; l' Oryctes nasicorne (Oryctes nasicornis, fig. 728), sous les couches de tan, ne blessent, ne déchirent, n’arrachent, ne rongent pas moins de jeunes plantes que les autres Phyllophages et Xylophiles ; les Scarabæus fullo, Melolontha villosa, farinosa, des Trichius, des Cetonia, coupent les feuilles et fleurs ; les Passalus charpentent de grosses patates, les Lucanus ; les Sinodendrum (Sinodendron cylindrique) (fig. 729), taillent, avec leurs fortes mâchoires, les tiges printanières des arbres. Ce sont les fumiers et autres engrais ou matières excrémentitielles qui amassent surtout une multitude d’espèces de Bousiers, Copris ; l' Aphrodius fimetarius, les Coprophages et Coprobies, Onthophages (Onthophage taureau) (fig. 730), de la même famille, ne se bornent pas à placer leurs œufs et leurs larves dans