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(S. regulus, et S. troglodytes, Lath.), le Rossignol (Motacilla luscinia, Gm.), le Rouge-Gorge (Motacilla rubecula), la Mésange (Parus major, Lin.), et une foule d’autres à becs effilés ou très-larges, non seulement on ne doit pas chercher à les détruire, mais au contraire le cultivateur doit les protéger ; il serait même à désirer que le gouvernement proposât des mesures législatives qui missent un terme à la destruction que les petites chasses et les enfans font de ces serviteurs tout-à-fait désintéressés, qui ne cessent de travailler pour nous sans rétribution.

L’échenillage exécuté avec soin pourrait détruire un grand nombre de chenilles sans doute, mais pas assez pour faire disparaître leurs ravages ; il ne détruit guère que les œufs déposés avant l’hiver. Mais les chenilles des pontes printanières qui naissent peu après ces pontes, et dont le nombre est immense, lui échappent ; à côté de ces chenilles marchent les innombrables cohortes des insectes de toutes les classes et de leurs larves, qui dévorent le bois, l’écorce, les racines, détruisent les fleurs, les embryons des fruits et s’établissent à demeure dans le fruit même. Quelles mesures de police rurale, quelles lois pourraient être efficaces contre de tels ennemis ? Les lois de la nature qui, toujours bonne, toujours prévoyante, a placé le remède à côté du mal ; ce remède, nous le trouvons dans les oiseaux que nous venons de citer, qui vivent presque exclusivement d’insectes, et ne peuvent se nourrir de graines. À côté d’eux il en est d’autres, tels que les Pics (Pici), les Torcols (Yunx torquilla, Lin.), les Grimpereaux (Certhia familiaris, Lin.) etc., qui, doués d’un instinct partilier, s’attachent de préférence aux larves cachées dans les écorces et dans l’intérieur même des arbres ; ils enfoncent leurs becs effilés dans ces galeries pour surprendre le mineur, en frappant sur l’arbre à coups redoublés pour le faire sortir.

Et c’est à ces petits êtres si industrieux, si inoffensifs, si utiles, destinés par le Créateur à conserver, à animer nos forêts silencieuses, nos bosquets, nos plantations, qui récréent à la fois la vue par la vivacité de leurs couleurs et l’ouïe par l’agrément de leurs chants ; c’est à ces petits êtres, disons-nous, que nous permettons à une jeunesse imprévoyante et inconsidérée de déclarer une guerre cruelle, acharnée, constante, capable enfin d’anéantir les espèces si l’on ne se hâte d’y mettre un terme ! Déjà l’Ecosse tout entière n’entend plus le chant du rossignol ! Mais un mal beaucoup plus grave qui nous menace, c’est la multiplication excessive des insectes malfaisans. Pouvons-nous ne pas le craindre lorsque nous voyons nos enfans fureter sans obstacles jusqu’au moindre buisson pour découvrir les nids, déranger les couvées, prendre à pure perte les jeunes à peine éclos, attendre ceux qui échappent, secondés alors par une foule de chasseurs, à l’abreuvoir, à la pipée, à la tendue, leur dresser enfin des pièges de toute sorte ? C. B. de M.

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Art. iii. — Des Mollusques nuisibles.

Parmi les mollusques, deux genres seulement sont sensiblement nuisibles aux intérêts de l’agriculture : ce sont les Hélices ou Limaçons (Hélix), et les Limaces (Limax) appelées loches dans diverses contrées.

Le genre Limaçon, trop connu des cultivateurs pour que nous cherchions à le décrire, appartient aux coquillages de la classe des univalves ; il comprend un grand nombre d’espèces qui toutes vivent aux dépens des végétaux et dont quelques-unes sont tellement multipliées qu’elles causent de grands désastres dans les champs et surtout les jardins. Le grand escargot, connu vulgairement sous le nom d’Escargot des vignes (Hélix pomatia, Lin.), est de ce nombre ; sa coquille, ordinairement de plus d’un pouce de diamètre, est d’un gris fauve avec des bandes plus pâles et des stries. L’animal est gris. L’Hélice chagrinée ou la jardinière (Hélix adspera, Mull.) est de toutes peut être la plus commune ; sa coquille, moins volumineuse que celle de l’espèce précédente, est jaunâtre, rugueuse, avec des bandes brunes ; elle a l’ouverture blanche ; l’animal est verdâtre. L’Hélice livrée (Hélix nemoralis, Lin.) est encore plus petite ; sa coquille est jaune, unie, rayée de bandes brunes, ou brunâtres, plus ou moins nombreuses, avec le bord interne de son ouverture de couleur foncée. Enfin, dans le midi on cite également, parmi les espèces les plus répandues et les plus dévastatrices, malgré leur petite taille, L’Hélix rodostome (Helix pisana, Mull.), dont la coquille est globuleuse, blanche, rayée et tachetée de bandes et de points jaunes.

Tous les limaçons restent cachés, soit dans le sol même, soit aux pieds des murs de clôture ou dans les anfractuosités des rochers, pendant la partie la plus chaude des journées de la belle saison. C’est la nuit, ou lorsque le temps est doux et sombre, qu’ils sortent de leurs retraites et qu’ils se jettent avec avidité sur les jeunes végétaux. C’est donc le soir, un peu tard, le matin de bonne heure, ou après la pluie, qu’il faut leur faire la chasse. Pendant l’hiver ils se retirent également dans les trous les mieux garantis des gelées, ils ferment l’ouverture de leur coquille par une substance d’un aspect cartilagineux, et passent ainsi jusqu’à 5 et 6 mois sans manger. Cette époque est celle où il est le plus facile de les détruire, parce qu’on les trouve en grand nombre dans les mêmes cavités. C’est aussi celle où les limaçons sont le plus recherchés des personnes qui les aiment. Il paraît que les Grecs et les Romains en faisaient beaucoup d’usage comme aliment. On retrouve dans leurs auteurs qu’ils construisaient des espèces de garennes où ils les engraissaient. Ils estimaient surtout ceux qui venaient des îles de Sardaigne et de Chio, de la Sicile, des Alpes, de la Ligurie et de l’Afrique. En Silésie, aux environs de Brunswick, et dans d’autres contrées, on est encore dans l’usage de garder les limaçons qu’on a ramassés pendant l’été, dans des fosses faites exprès, recouvertes en treillage, et dans lesquelles on les nourrit avec des herbes parti-