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Lérot (Myoxus Nilela, Gm.). Nos vergers, et surtout nos espaliers de pêchers ou d’abricotiers sont quelquefois dévastés par le Lérot, espèce qui appartient au même genre que le Loir, mais qui n’est pas de la même espèce, quoiq’uon lui donne souvent ce nom. On le chasse la nuit pendant qu’il mange, en portant devant soi une lumière artificielle, et a coups de bâton. On lui tend des pièges lorsqu’il sort de son sommeil d’hiver, parce qu’alors il est affamé ; on l’attire avec des fruits huileux, ou de la viande. Son habitation se fait reconnaître à la mauvaise odeur qui en sort, et aux excrémens qui sont à l’entrée.

Hamster (Cricetus). Le Hamster commun, qu’on appelle aussi cochon de seigle, marmotte de Strasbourg, n’habite en France que l’Alsace ; il creuse en terre des trous qui ont jusqu’à 5 ou 6 pieds de profondeur, et il les remplit de grains dont il peut à chaque voyage apporter jusqu’à 3 onces dans ses abajoues. On n’indique pas de méthode particulière pour sa destruction.

Nous croyons inutile de parler ici du lièvre, du daim, du cerf, du chevreuil et du sanglier, animaux qui sont l’objet de la chasse proprement dite, et qui ne peuvent pas causer de grands dommages au cultivateur.

Comme moyen de destruction pour tous les animaux qui se cachent dans des trous ou des terriers, M. Thénard a indiqué l’emploi de l’hydrogène sulfuré : on mêle exactement dans un mortier ou un poêlon 4 onces (en général 4 parties en poids) de limaille de fer et 3 de fleur de soufre ; on place ensuite le mélange dans un autre vase et on l’humecte partout d’eau bouillante en le remuant ; il se forme presque aussitôt du sulfure noir ; quand l’action, commence à s’affaiblir, on ajoute 4 nouvelles parties d’eau en 2 fois, à 7 minutes d’intervalle, et quand la matière couverte d’une couche du liquide n’est plus qu’à la température de la main, on l’introduit dans des flacons au moyen d’un entonnoir et d’une cuillère de fer. Ces flacons doivent avoir 2 tubulures, l’une pour l’introduction de l’acide sulfurique, l’autre pour donner issue au gaz hydrogène sulfuré. On ajoute l’acide par portions, après avoir engagé l’extrémité du tube qui passe par la 2e tubulaire dans le trou qu’on veut infecter, et en l’assujettissant par du plâtre ou de la terre glaise. Si quelque fente du sol ou du mur laisse échapper du gaz, on y versera quelques gouttes d’acide sulfurique faible sur une très-petite quantité de chlorure de chaux. J. Y.

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Art. ii. — Des oiseaux nuisibles.

C’est surtout à l’égard de cette classe d’animaux qu’il convient d’agir avec précaution dans les attaques qu’on doit lui porter, et même, en France où il existe une conspiration permanente contre la gent volatile, nous avons peut-être plus besoin de faire valoir les services qu’elle rend, que d’indiquer les moyens de la combattre. On connait ce fait arrivé dans le Palatinal, où, une prime ayant été offerte par tête de moineaux dont les cultivateurs se plaignaient beaucoup, après leur destruction, les dégâts bien plus redoutables causés par les insectes devinrent tels, qu’on se hâta d’offrir une prime pour l’importation des oiseaux qu’on avait considérés comme des ennemis, tandis qu’ils n’étaient que des serviteurs un peu dispendieux.

Les oiseaux ne sont guère nuisibles à l’agriculture que par la consommation qu’ils font des graines et fruits pendans par racines ou confiés à la terre pour semences. Quelques-uns cependant arrachent les jeunes plants en cherchant leur nourriture dans les terres fraîchement remuées, et d’autres coupent ou déchiquètent les jeunes bourgeons naissans ; mais ces dégâts sont peu graves et ne méritent point à leurs auteurs une guerre à mort.

Quant aux oiseaux granivores, on range parmi eux les Corbeaux, les Corneilles, les Freux, les Pies, les Geais, les Grives, les Merles, les Etourneaux, les Alouettes, et bien d’autres ; mais c’est à tort, car tous sont omnivores, c’est-à-dire qu’ils se nourrissent de substances animales et végétales : en sorte que, s’ils sont nuisibles au cultivateur en été et en automne, parce qu’ils déciment les graines qu’il était sur le point de récolter, ou lui ravissent une partie de celles déposées dans le sol pour la germination, ils lui rendent en compensation, pendant toutes les saisons, de signalés services en détruisant partout d’immenses quantités d’insectes. Faisons remarquer que plusieurs semblent préférer cette dernière nourriture, et qu’en tous cas, les insectes, par la destruction desquels ces oiseaux sont utiles au cultivateur, deviennent leur seule nourriture pendant la saison où les provisions sont rares, tandis que nos grains ne sont à leur portée qu’à des époques où les vivres de tout genre abondent. Depuis quelques années, les cultivateurs semblent élever plus de plaintes sur les ravages que leur causent les insectes, et beaucoup de personnes pensent qu’on peut attribuer leur multiplication à la destruction irréfléchie des oiseaux. M. Loudon, la Société d’horticulture de Berlin, celle d’histoire naturelle de Gorlitz qui soutient que la diminution des fruits est en raison de celle des oiseaux ; les Sociétés de Metz et de Mâcon, ont publié des Mémoires sur l’utilité des oiseaux. « De l’autre côté de la Manche, dit un de ces écrits, nous ne détruisons pas ces oiseaux en entomovores, au contraire nous les protégeons ; le paysan même les respecte et ne permet point a ses enfans de s’en emparer. Nos campagnes en sont plus vivantes ; en hiver nos bois et nos bosquets sont peuplés de ces animaux, et en été les insectes ne pullulent pas au point d’être nuisibles. On voit, pendant les travaux des champs, des volées de corneilles s’abattre sur les sillons, fouiller la terre fraîchement remuée et se repaître des larves d’insectes qu’elle renferme ; lorsqu’on tue ces oiseaux, l’ouverture du gosier prouve qu’ils ne mangent pas de blé, mais seulement les insectes. » Au reste, ces oiseaux sont utiles ou nuisibles au cultivateur à des degrés fort divers.

Les Perdrix (Perdix cinetea et rufa), les Cailles (Perdix cothurnix), les Bruans (Em-