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lequel on les a habitués à se réunir, et l’on en rend les abords séduisans en l’entourant de fagots, de menu bois, de paille, etc. Le piège se réduit essentiellement à une auge nm, à une trappe hc qui y est pratiquée, à une sorte de vase en cône renversé b sur lequel s’ouvre la trappe, à un petit conduit cc qui part du fond de ce vase, enfin à un tonneau où le conduit cc aboutit et qui est enfoncé en terre. Ce tonneau est en partie rempli d’eau ; à sa paroi est adaptée une bascule qui, en s’abaissant momentanément, laisse glisser dans l’eau le rat qui a cru y trouver un refuge. La trappe est dans une sorte de défilé LJ au-delà duquel est placé l’appât ; elle ne doit pas céder à la première pression que fait la patte du rat ; c’est pour cela que le bout opposé au contre-poids h est garni d’une lame de fer et appuie sur un petit rebord de forme courbe. Comme leurre, on emploie de la drêche peu colorée qu’on oint d’huile de carvi, et de la paille de froment.

Souris (Mus musculus, L.). Nous n’avons rien à dire de particulier de cette espèce (fig. 721), qui ne vit guère dans les champs et que Fig. 721. l’on combat avec les armes employées contre les rats.

Surmulot (Mus decumanus, Pall.). Plus grand que le rat noir qu’il détruit partout où il pénètre. Vorace, hardi et recherchant moins les grains que la chair, il fait la guerre à tous les petits animaux et se bat contre les chats. Il est des lieux où l’on ne peut sauver de sa dent les couvées de toute espèce qu’avec des précautions sans nombre, car il perce les murs. Il habite volontiers dans le voisinage des cimetières, des voiries, des rivières et des grands établissemens ; on le fait sortir de son trou en y versant de l’eau ou l’enfumant pour l’assommer à coups de bâton dans des sacs placés à l’entrée ; on lui dresse des pièges de toute espèce, on le poursuit avec des chiens dressés à cette chasse, et on l’empoisonne. Il faut varier souvent les appâts.

Mulot (fig. 722) ou grand rat des champs Fig. 722. (Mus sylvaticus, L.). Un peu plus gros que la souris et le campagnol. Il vit dans le voisinage des forêts et dans les pays de montagnes, d’où il se répand dans les champs à l’époque des semailles et des moissons pour y dévorer autant de grains qu’il le peut. Il fait de grandes provisions pour l’hiver. Il est très-commun dans certains cantons, et sa multiplication, habituellement moindre que celle du campagnol, est parfois étonnante ; elle devient alors un fléau. Il est moins nuisible aux plantes cultivées dans les champs qu’aux arbres dont il ronge l’écorce et endommage les racines. Il ne fouit pas volontiers et se réfugie dans les trous pratiqués par d’autres animaux. Mêmes moyens de destruction que pour le campagnol.

Vraisemblablement cette espèce est souvent confondue avec le Rat champêtre (Mus campestris, Fr. Cuv.) et le Rat des moissons (Mus messorius).

Genre Campagnol (Arvicola). Le Campagnol ou petit rat des champs (fig. 723), vit principalement Fig. 723. de grains qu’il sait mettre à sa portée en sapant les tiges ; il se tient donc surtout dans les champs ; mais il se jette aussi dans les prairies hautes où il ronge des racines, ainsi que dans les jardins et dans les bois, où il consomme des fruits. Il fait de grandes excursions pour se procurer sa nourriture, mais il revient toujours à sa première demeure. Au rebours des mulots, il creuse sans cesse de nouveaux trous et ne fait pas de provisions. Les oiseaux de proie, les nocturnes surtout, les petits mammifères carnassiers, les chats, détruisent beaucoup de campagnols ; quelques chiens les chassent avec fureur. Ils périssent aussi par milliers dans les inondations et après les grandes pluies ; néanmoins leur nombre est toujours trop considérable pour le cultivateur. On les combat donc par différens procédés : dans les terrains forts, par l’ouverture de fosses profondes de 18 à 20 pouces, plus larges en bas qu’en haut, et dont on aplanit bien les parois ; par le forage, c’est-à-dire, en pratiquant des trous dans le sol au moyen de tarières ; par les fumigations sulfureuses répétées sur les trous ouverts dans l’intervalle d’une nuit, après qu’on a bouché tous ceux qu’on avait trouvés ouverts la veille ; dans tous les terrains, en inondant leurs demeures, en y introduisant des bâtons ferrés, en faisant fouiller le terrain par les cochons, ou suivre la charrue par des enfans qui tuent tous les animaux que le soc amène au jour, en dressant des chiens pour les chasser, en recourant aux préparations empoisonnées, etc.