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Fig. 717. versent de nouveau celle-ci par deux autres trous a a, et viennent, en se réunissant solidement avec un bout de cordon b qui a passé par un trou central dont elle est percée, s’engager dans un anneau o suspendu à l’extrémité d’un ressort à boudin d. Le piège est maintenu dans l’état de tension au moyen d’une petite fourche c dont la tête peut entrer légèrement dans le même trou que le cordon b et dont les deux branches divergentes barrent jusqu’à un certain point la galerie où elles sont placées ; c’est en les dérangeant que la taupe fait partir le ressort et se trouve prise par un des collets. Dans d’autres pièges du même genre, les collets sont simplement attachés à des cerceaux, à des branches élastiques fichées en terre et courbées, et ils sont maintenus en place, soit par une motte de terre affleurant une planchette qui est suspendue elle-même à la branche élastique, et que la taupe doit déplacer, soit par quelque cheville qui se décroche aisément quand elle est remuée, comme cela a lieu dans certaines souricières. Tous ces pièges sont d’un emploi avantageux, lorsque les taupes font des monticules fort éloignés les uns des autres, et surtout quand ils sont dressés sur la route qui conduit au gite de la taupe. Les fumigations sulfureuses ou autres ne réussissent qu’autant qu’on est parvenu à confiner la taupe dans une partie de sa demeure, qui n’a point d’autre issue que celle où l’on opère.

Quand on ne veut pas se donner la peine de détruire les taupes dans les prairies, on se borne à étendre les taupinières le plus tard qu’on le peut, c’est-à-dire lorsque l’herbe commence déjà à grandir, attendu que si l’on s’y prend trop tôt, il se forme bientôt un grand nombre de nouvelles taupinières.

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§ ii. — Mammifères rongeurs.

Genre rat (Mus). — Dans ce genre, tel que le circonscrivent les naturalistes modernes. Fig. 718. nous trouvons quatre ou cinq espèces qui font tort aux cultivateurs en France : 1° Le Rat noir (fig. 718) ou commun (Mus ratus, L.), qui vit dans les maisons, tue les poussins et les pigeonneaux, mange le grain, creuse les murs, ronge la paille et le foin, en un mot, qui causerait des dommages incalculables, s’il était aussi multiplié que la souris. Plus gros et moins rusé que celle-ci, il devient plus facilement la proie du chat, qui cependant ne le mange pas volontiers. On l’empoisonne avec la mort aux rats, c’est-à-dire avec de la graisse mêlée avec du pain et de la graine de ménisperme (coque du Levant) en poudre, qu’on remplace, quand on juge qu’il ne peut y avoir de danger pour les enfans ou pour d’autres animaux, par du verre pilé, du vert-de-gris ou de l’arsenic. On se sert aussi d’une éponge qu’on a fait griller avec du beurre salé ; cette préparation excite chez le rat qui l’a dévorée une soif ardente, et l’eau qu’on met à sa disposition devient elle-même une cause de mort pour lui. On le prend aussi avec des pièges de diverses sortes, notamment avec de grandes souricières ou ratières, qu’on amorce avec du lard, du fromage, des noix rôties, etc. — Deux méthodes pour le faire tomber dans un réservoir d’eau où il se noie, sont indiquées par M. Loudon. 1re : On accoutume les rats à venir manger sur un tonneau peu élevé, mais large et couvert d’un plancher de bois ; au bout d’une semaine, on le remplit d’eau à une hauteur de 6 pouces environ, on place au milieu un morceau de brique ou de pierre qui s’élève d’un pouce ou deux au-dessus de la surface de l’eau, et l’on remplace le couvercle de bois par une peau de parchemin à laquelle on fait plusieurs incisions croisées au centre, et sur laquelle on place l’appât. Les rats qui tombent à travers ces ouvertures s’empressent de se réfugier vers la pierre, et leurs lamentations, qui ne tardent pas à être suivies de combats, attirent vers le lieu fatal tous les rats du voisinage. — 2e : La trappe inventée par M. Paul de Starton (fig. 719 et 720) est très Fig. 719. Fig. 720. ingénieuse. On l’établit sous quelque appentis qu’on sait être fréquenté par les rats, ou dans