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auront détruit une certaine quantité de ces êtres malfaisans : cela existe déjà pour les loups, et plusieurs propriétaires se sont bien trouvés, comme en Suisse, de proposer des primes par chaque boisseau de hannetons apporté.

Pour terminer ces généralités, nous ne pouvons mieux faire que de citer les réflexions d’un illustre botaniste. « La cause qui a rendu jusqu’ici peu fructueux les efforts de l’homme contre les animaux nuisibles et les mauvaises herbes, c’est que chacun, frappé du mal présent, a attaqué l’espèce qui lui nuisait dans un point donné, tandis que son voisin en attaquait une autre. Il serait préférable, si la chose était possible, que tous les efforts d’un grand pays se tournassent à la fois contre une même espèce d’animaux ou de plantes nuisibles, de manière à en détruire les œufs ou les graines. Alors on pourrait en attaquer d’autres graduellement, et on diminuerait ainsi sensiblement leur nombre ; tandis qu’aujourd’hui, chaque champ, chaque territoire rend à son voisin les animaux ou les herbes que celui-ci s’était donné la peine de détruire chez lui. Ainsi, l’industrie se trouve découragée ; et, pour vouloir attaquer à la fois toutes les espèces, on reste en réalité toujours en face du même nombre d’ennemis. Au surplus, il faut ajouter ici que si des combinaisons spéciales d’influences atmosphériques développent de temps en temps dans nos pays des légions d’une certaine espèce d’animaux nuisibles, d’autres influences tout aussi inconnues viennent également de temps en temps les détruire. » de Candolle

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Article ier. — Des mammifères ou quadrupèdes nuisibles.

Il n’y a aujourd’hui en France, parmi les mammifères, qu’un petit nombre des carnassiers, de rongeurs, de ruminans et de pachydermes qui puissent être nuisibles à l’agriculture.

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§ ier. — Mammifères carnassiers.

Famille des Carnivores. — Les animaux nuisibles compris dans cette famille, sont la fouine, la belette, le putois, la loutre, le renard, le loup et le chat sauvage.

Fouine (Mustela Foina, L.). Pendant l’été la Fouine (fig. 708) vit dans les bois, mais elle se Fig. 708. glisse de nuit dans les habitations isolées et les jardins, où elle mange la volaille, les œufs et les fruits. En hiver elle s’y établit à demeure, et se tient perpétuellement en hostilité avec les cultivateurs, à qui elle fait cependant quelque bien en détruisant les rats, les souris, les mulots et même les belettes. On lui fait la guerre avec des lacets de fil de laiton ; avec des assommoirs, tels que celui de la fig. 709 dont le bâtonnet ab se désarticule Fig. 709. en b quand l’animal appuie le pied sur la marchette ; avec des trébuchets plus ou moins semblables à celui de la fig. 710, qui se ferme par le Fig. 710. jeu de a, et qui est retenu fermé par b, b ; avec des pièges de fer qu’on place à l’ouverture des trous par où elle entre dans les greniers ; avec de petits chiens courans à jambes torses qui la poursuivent jusqu’au dehors du bâtiment, où on la tue à coups de fusil ; avec des poisons qu’on introduit dans de petits oiseaux, dans des cœurs de mouton, dans des œufs, mets qu’elle préfère, et qui servent aussi d’appâts dans les pièges. Si l’on parvient à traquer dans une seule pièce toutes les fouines qui sont dans une habitation, on les y tue à coups de bâton. On attirera les mâles en cachant, soit près d’un piège, soit dans un lieu où l’on se tiendra à l’affût, quelque objet frotté avec la vulve d’une femelle, si l’on parvient à en prendre une en chaleur, et l’on pourra faire longtemps usage de cette amorce, si on lave la vulve dans de l’huile qu’on emploiera à la place. La même manœuvre est conseillée contre le loup et le renard. Une fouine qui a pénétré dans un colombier ou un poulailler, y massacre tout ce qu’elle peut attraper, quitte à revenir la nuit suivante pour consommer, et, si elle a des petits, emporter ce qu’elle a été forcée d’abandonner la veille. Dans ce cas, on peut être sûr de la tuer a l’affût, la seconde nuit. — Ces moyens de destruction ne doivent pas faire négliger ceux de précaution ; il faut habituer les poules à coucher et à pondre dans le poulailler, tenir ceux-ci bien clos pendant la nuit, crépir exactement les colombiers, en munir l’entrée de feuilles de fer-blanc, etc.

Belette (Mustela vulgaris, L. fig. 711). Elle a à peu près les mêmes habitudes que la fouine, mais parait avoir encore plus de goût pour la