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chap. 18e.
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DES PRAIRIES.

partie de la mauvaise saison. Cette nourriture, un peu aqueuse, a besoin d’être mitigée par d’autres alimens. L’espèce que j’ai vue le plus habituellement recherchée est verte, oblongue, de la grosseur de la tête ou davantage, et rayée de blanc ; quelquefois simplement tachetée de cette dernière couleur et presque ronde.

On la sème sans grande précaution lorsque les dernières gelées ne sont plus à craindre, tantôt en des augets, au fond desquels on a déposé quelques engrais, tantôt sans cette précaution, sur des fonds naturellement fertiles, au plantoir ou à la main, à des distances à peu près égales entre chaque pied. D’après le premier procédé, qui est préférable, on répand 4 à 5 graines dans chaque auget, quoique plus tard on ne doive laisser subsister que deux pieds. À mesure que les courges mûrissent, ce qu’on reconnaît à leur changement de couleur, et surtout à la dureté complète de leur écorce, on les cueille ; on les laisse se ressuyer quelque temps en plein air, et on les rentre toutes avant les gelées dans un lieu sec et abrité.

La culture des courges est assez étendue dans les départemens de l’Ain, de Saône-et-Loire, de la Sarthe, de Maine-et-Loire, etc. La, les cultivateurs en font grand cas pour les localités dont le fond est léger, quoique fertile. Au-delà du 49e degré vers le nord, elle ne présenterait plus les mêmes avantages.

§ IV. — Des arbres et arbrisseaux fourragers.

Les végétaux sous-ligneux et même ligneux offrent dans quelques localités, et pourraient offrir dans beaucoup d’autres, des ressources assez importantes pour la nourriture des bestiaux. Comme les plantes herbacées, il y a deux manières principales de les faire consommer : en vert, soit au pacage, soit à l’étable ; — à l’état sec, à l’aide de divers modes de conservation.

Les Bruyères (Ericœ) elles-mêmes, dans les terrains qui ne conviennent qu’à leur végétation, sont quelquefois broutées par les moutons. M. de Morogues en cite des exemples pour la Sologne. D’après les essais qu’il rapporte, ce sont les Erica cinerea et vulgaris dont les mérinos s’accommodent le mieux. Quand les bruyères croissent mêlées à des genévriers, ce dernier arbrisseau rend leur pacage meilleur, parce que les moutons le broutent avec plaisir et profit pour leur santé. On pourrait donc semer le genévrier comme le genêt, s’il ne croissait pas avec une si grande lenteur.

Les Genêts (Genista et Spartium, Lin.), famille des légumineuses, croissent spontanément dans beaucoup de localités sur les terrains qu’on abandonne sans culture pendant un certain nombre d’années. Dans d’autres on les sème, comme l’un des meilleurs moyens d’amélioration des coteaux à pente rapide et des sables arides. C’est le Genêt à balai (Spartium scoparium, Lin.) qui est le plus répandu en France. Je ne me suis jamais aperçu chez moi que le gros bétail y touchât dans les pâturages, mais il procure une bonne nourriture verte aux moutons. L’agronome distingué que je citais tout-à-l’heure en a tiré un fort grand parti dans ses propriétés du Loiret : « Les genêts, dit-il, sont peu coûteux à multiplier ; on en fait ramasser la graine par des pâtres ; le litre revient à 50 ou 60 c., et il en faut 2 à 3 litres par arpent de 20 pieds pour perche. Afin d’éviter les labours, on les sème dans les terres usées et arides avec le seigle et le sarrasin ; au bout de 3 ans la genetière peut être pacagée avec avantage. Heureusement on commence, depuis plus de 20 ans, à se servir de ce moyen pour améliorer les pâturages de la Sologne, et cela seul a déjà produit un bien réel que la généralisation de cette pratique ne fera qu’accroître. »

Le Genêt-velu (Genista pilosa, Lin.), d’après Sprengel, est celui qui tient le 1er rang parmi toutes les espèces de genêts les plus propres à garnir les pâturages des moutons. Voici les raisons qu’il en donne : 1° Il vient fort bien dans les terrains sablonneux et même dans ceux qui, à cause de leur grande aridité, ne produisent que la canche blanchâtre, l’épervière piloselle et quelques autres plantes, partage des terres les plus stériles ; 2° ses tiges et ses feuilles ne gèlent jamais, de manière que, même pendant l’hiver, il procure aux moutons une nourriture abondante ; 3° les rameaux sont mangés en entier ; 4° de toutes les espèces de genêts, c’est celle que les moutons préfèrent, ce dont il est facile de se convaincre dans un pâturage où il se trouve plusieurs autres espèces de ce genre ; 5° ses racines s’étendent à des profondeurs telles que la plante est insensible aux excès de la sécheresse et du froid, et qu’elle tire du sous-sol une grande partie de ses principes nourriciers ; 6° elle ne souffre nullement d’un pâturage continuel ; 7° sa présence non seulement ne nuit aucunement au trèfle, aux graminées, mais elle procure à ces plantes une végétation plus vigoureuse, parce que le genêt velu améliore la couche supérieure du sol ; aussi ne devrait-il manquer dans aucun pâturage à moutons, en sol sablonneux et sec.

La Genestrolle (Genista tinctoria, Lin.) partage une partie de ces avantages. L’analyse nous la montre comme plus nourrissante encore ; elle dure longtemps, est d’une culture facile, parce que la semence, qui est fort grosse, lève aisément, et souffre peu du voisinage des autres plantes. Sprengel recommande de semer ce genêt avec d’autres plantes fourragères en automne ou au printemps, par-dessus une céréale d’hiver.

L’AJonc (Ulex europeus, Lin.), même famille, croit aussi naturellement dans diverses localités sur les terres abandonnées pendant un certain nombre d’années sans culture, après quelques récoltes économiques. — Ailleurs on juge convenable de le semer, dans la persuasion qu’il améliore le sol pour les céréales. On répand alors à la volée une quinzaine de kilog. de semence par hectare. L’ajonc aime les terrains consistans. Il vient de préférence dans les schistes argilo-sableux, sur la crête des fossés où il forme d’assez épaisses clôtures, pendant ses premières années, et sur les friches, où, comme en Bretagne et une partie de la Vendée, on peut en retirer un combustible abondant et de bonne qualité.