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liv. ier.
AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGERES.

tris, C. V.), Voy. pag. 8 du livre 2, est préféré par quelques cultivateurs à la moutarde blanche, comme fourrage. On le sème à la même époque et de la même manière que le colza, en ayant la précaution d’employer environ le double de graines.

La Moutarde blanche (Synapis alba, Lin.), même famille, est généralement préférée à la moutarde noire (Voy. pag. 10 du livre 2, fig. 5 et 6), comme récolte fourragère ; ainsi que les deux espèces précédentes, c’est sur le chaume qu’on est dans l’habitude de la semer, à raison d’un 10e de kilog. par hectare. Pour peu que le temps ne soit pas trop sec, la moutarde, dont chacun connaît la rapide croissance, donne promptement aux vaches, dont elle améliore le lait, une excellente nourriture jusqu’aux gelées.

La Buniade (Bunias orientalis, Lin.), même famille, est remarquable par la précocité de son fourrage. On peut le faire pâturer ou même le faucher dès la fin de mars ou le courant d’avril. C’est une qualité si importante, qu’on a beaucoup vanté cette plante. Dans les essais que j’en ai faits sur une terre argilo-sableuse aride et très-peu féconde, j’ai obtenu, en petit, de très-bons résultats du semis de printemps en place ; d’autres se sont mieux trouvés, dit-on, de semer en pépinière et de repiquer. En général, la Buniade est très-fourrageuse et paraît peu difficile sur le choix du terrain et les soins de culture ; mais une chose dont les auteurs ne parlent pas et que j’ai éprouvée, c’est que les bœufs et les vaches la repoussent en présence de tout autre fourrage : il en est de même des chevaux. Peut-être cependant pourrait-on les y habituer, et alors ce végétal présenterait des avantages analogues à ceux qu’on retrouve dans la chicorée.

Le Pastel (Isatis tinctoria, Lin.), même famille, se recommande aussi par sa grande précocité. Dès la fin de février, il est déjà en végétation. On lui a reproché d’être peu du goût des bestiaux ; cela est vrai pour les bêtes bovines ; cependant des expériences positives démontrent qu’on peut les y habituer, et qu’elles s’en trouvent assez bien. Quant aux moutons, ils le mangent sans difficulté. On sème au printemps 20 kilog. par hectare.

Fig. 701.

La Spergule (Spergula arvensis, Lin.) (fig. 701), famille des Caryophillées, partage avec la moutarde l’avantage d’utiliser le sol peu de temps après la moisson, et de procurer jusqu’aux gelées un pacage ou un fourrage vert fort recherchés des vaches. Dans les terres médiocres ou tenaces, elle s’élève si peu qu’on ne peut guère en conseiller la culture que sur des sols sablo-argileux, substantiels et frais. Là, je l’ai vue donner en Belgique sur les chaumes, ou après l’arrachage des lins, de fort bons produits. Je conseille donc de l’essayer dans des circonstances analogues, partout où les pluies estivales promettent quelques chances de succès.

Fig. 702.

La Pimprenelle (Poterium sanguisorba, Lin.), famille des rosacées (fig’. 702). Le grand mérite de cette plante, dit M. Vilmorin, parfaitement d’accord en cela avec tous les essais que j’ai faits et vu faire, est de fournir d’excellentes pâtures sur les terres les plus pauvres et les plus sèches, soit sablonneuses, soit calcaires. Elle résiste aux extrêmes de la chaleur et du froid, et offre surtout une ressource très-précieuse en hiver pour la nourriture des troupeaux. Quelques parties de la Champagne pouilleuse ont dû a la pimprenelle une amélioration sensible dans leur situation agricole, amélioration dont bien des milliers d’hectares en France seraient susceptibles. Il paraît que son foin ne convient ni aux vaches ni aux chevaux, quoiqu’il soit excellent pour les moutons ; mais son fourrage vert plaît à tous les herbivores, et elle repousse pendant la belle saison plus vite peut-être qu’aucune autre plante. On la sème en mars ou septembre, à raison de 30 kilog. environ par hectare.

Fig. 703.

La Sanguisorbe (Sanguisorba officinalis, Lin.) (fig. 703), même famille, plus vulgairement connue sous le nom de grande pimprenelle, s’élève beaucoup plus que l’espèce précédente, et n’est guère plus difficile qu’elle sur le choix des terrains. J’en ai vu de belles sur des terres tuffacées, et j’en ai possédé de magnifiques sur des sols argilo-sableux maigres et arides. Je la crois préférable à la pimprenelle comme plus fourrageuse.

Les Courges ou Citrouilles (Cucurbita), famille des Cucurbitacées, dans plusieurs parties de la France méridionale et occidentale, sont cultivées sur de petites étendues pour concourir à la nourriture des ruminans, et surtout des cochons, pendant une