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colte épuisante. Du reste, elle consomme par elle-même assez peu d’engrais lorsqu’on ne la laisse pas grener.

Si l’on veut donner la vesce en vert à l’étable, il faut prendre les précautions qui ont déjà été recommandées plusieurs fois pour la plupart des légumineuses. — Pour la transformer en foin, on doit la couper au moment de l’épanouissement des dernières fleurs, c’est-à dire lorsqu’une partie des gousses sont déjà formées, parce que c’est le moment où elles contiennent le plus de parties nutritives.

La Vesce bisannuelle (Vicia biennis, Lin.), Vesce de Sibérie (fig. 695), est une plante bisannuelle Fig. 695. dont les tiges, le plus souvent simples, longues, mais moins feuillues que dans l’espèce précédente, portent à l’extrémité d’assez longs pédoncules axillaires ; — plusieurs fleurs disposées en épis irréguliers, de couleur bleue ; — ses feuilles sont composées de 8 à 10 et 12 folioles lancéolées, et leur pétiole se termine en vrilles presque toujours rameuses.

Elle a été depuis longtemps recommandée par Muller, comme une des plantes fourrageuses les plus rustiques et les plus propres à procurer une nourriture verte aux bestiaux pendant tout l’hiver. Comme elle s’élève beaucoup trop pour se soutenir, A. Thouin proposait de la semer avec le mélilot de Sibérie, dont la végétation offre beaucoup d’analogie avec la sienne. Cette plante ne craint pas le froid. Si on voulait en tenter la culture, il faudrait la semer dès le commencement de l’automne pour qu’elle devint fauchable l’année suivante, car sa croissance est peu rapide. Ce motif, joint à la nécessité de lui donner des soutiens, sont peut-être les deux causes qui ont le plus empêché sa propagation. — Il est à désirer que de nouveaux et plus nombreux essais soient entrepris.

La Vesce multiflore (Vicia cracca, Lin.) (fig. 696) est vivace. Ses tiges grimpantes sont susceptibles de s’élever jusqu’à 1 mètre et plus ; elles sont grêles, rameuses, très-feuillues ; — ses feuilles ailées, terminées par une vrille assez souvent simple, sont de 14 à un plus grand nombre de folioles, tantôt lancéolées et aiguës, le plus souvent ovales et obtuses, terminées par une petite pointe centrale ; ses pédoncules portent jusqu’à 30 fleurs violâtres, auxquelles succèdent des légumes courts de 5 à 7 et 8 graines.

Cette espèce, qui a l’avantage d’être vivace, croit naturellement sur la lisière des bois et dans le voisinage des haies auxquelles elle s’enlace. Plusieurs auteurs anglais, parmi lesquels Fig. 696 il faut citer le Dr Plot et Anderson, en font un grand éloge. Le fait est que les bestiaux la mangent avec plaisir et s’en trouvent fort bien. On a remarqué qu’elle contenait une moindre surabondance d’eau que la Vesce cultivée. Je regarde comme assez vraisemblable qu’en la semant comme prairie artificielle parmi des graminées d’une longue durée, on en obtiendrait de bons produits.

Indépendamment des espèces précitées, il en est encore quelques autres, telles que la Vesce des haies (Vicia sepium), dont on parle dans tous les ouvrages anglais ; la Vesce des buissons (Vicia dumetorum), etc., que les bestiaux recherchent, et qui pourraient peut-être offrir quelque intérêt.

La Fève (Vicia faba), Féverolle, etc. (Voy. page 411).

Ers ou Lentille (Ervum). Calice à 5 divisions profondes, linéaires, égales ou presque égales, de la longueur de la corolle ; stigmate glabre, en tête ; légume oblong, enveloppant étroitement les graines qui forment par conséquent saillie.

L’Ers ervillier (Ervum ervilia, Lin.), Orobe officinale, Komin, Vesce ervilière, annuelle (fig. 697), a des tiges droites, rameuses, à 4 angles, qui s’élèvent Fig. 697. de 10 à 12 po. (0m271 à 0m325), très-feuillues et à feuilles composées d’un très-grand nombre de folioles. Le pétiole se termine par un faible rudiment de vrille ; les stipules sont à 3 divisions ; les fleurs, au nombre de 3 ou 4 au plus, sont portées sur le même côté du pédoncule ; le légume contient de 2 à 4 graines.

L’ers ervillier est utilisé à la nourriture des animaux, soit en griain, soit comme fourrage vert ou sec. En grain on a cru remarquer qu’il n’était pas sans danger ; cependant on emploie souvent sa farine mêlée a du son.