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jaune rougeâtre de ses fleurs ; — enfin la position de ses tiges couchées inférieurement et se redressant à peine à leur partie supérieure.

Le seul avantage que cette plante trop vantée pourrait présenter sur l’espèce précédente serait la faculté de croître en des terrains fort médiocres ; mais, d’après plusieurs essais, il est à craindre qu’elle n’y donne jamais que des produits tout aussi médiocres, à moins peut-être qu’on ne la sème avec d’autres fourrages graminéens d’une longue durée. Je crois, du reste, que les essais dont je parlais tout-à-l’heure ne se sont pas étendus a un assez grand nombre de localités pour en empêcher d’autres.

« La Luzerne rustique (Medicago média ?). Il croît naturellement en France une luzerne voisine de l’espèce cultivée, mais qui en diffère par la disposition de sa tige à s’étaler plutôt qu’à se dresser, et par sa végétation un peu plus tardive : c’est celle que j’appelle ici luzerne rustique. D’après plusieurs observations qui m’ont été communiquées et celles que j’ai faites moi-même, j’ai lieu de croire qu’elle est en effet plus rustique et moins difficile sur le choix du terrain que l’espèce que nous cultivons. Elle est très-vigoureuse et produit souvent des tiges de 4 pieds et plus de longueur. Quoique les essais que j’en ai faits ne soient pas assez avancés pour que j’en puisse porter un jugement assuré, cette plante me paraît cependant offrir assez d’intérêt pour que je croie devoir l’indiquer aux cultivateurs et appeler sur elle leur attention. Elle est intermédiaire entre la luzerne ordinaire et la luzerne faucille, et je soupçonne, sans en être assuré, que c’est la plante désignée par Persoon (Synopsis plantarum) sous le nom de M. media. » Vilmorin.

La Luzerne lupuline (Medicago lupulina, Lin.), Minette dorée, Trèfle jaune, etc. (fig. 690) — Bisannuelle ; tiges dépassant rarement 1 pied (0m325), Fig. 690. couchées, nombreuses ; — feuilles pétiolées, à folioles ovales, un peu élargies vers le sommet ; — fleurs fort petites, jaunes, en épi ovale, et portées sur des pédoncules axillaires plus longs que les feuilles ; — légumes petits, striés, réniformes et ramassés en tête.

Divers auteurs ont confondu cette plante avec le mélilot houblonet (Melilotus Lupulina de Lam.). La description que j’en donne rend toute méprise impossible.

La lupuline, dont il faudrait à peine parler si elle ne venait que sur les terres à trèfle, a sur celui-ci l’avantage fort important de réussir dans les sols médiocres et très-légers. Elle est devenue en quelques lieux pour les assolemens des terres à seigle, ce que le trèfle est aux assolemens des terres à froment. Une qualité aussi précieuse est de nature à augmenter rapidement le nombre de ses partisans. Il ne faut pas croire toutefois qu’on en obtiendra des récoltes sèches qui puissent approcher, même de loin, de celles du trèfle ; mais elle offre en vert beaucoup moins de danger comme pâturage et elle n’épuise pas davantage le sol.

On sème la lupuline avec les céréales de printemps, à raison d’une quinzaine de kil par hectare.

Lotier (Lotus). Calice tubuleux ; — ailes de la fleur plus courtes que l’étendard, rapprochées longitudinalement par le haut ; — gousse oblongue, droite, cylindrique ; — stipules grandes, distinctes du pétiole et présentant l’aspect de folioles.

Le Lotier comiculé (Lotus corniculatus, Lin.), Trèfle cornu, etc. (fig. 691), vicace, a des tiges très-feuillues, longues de 6 pouces à 1 pied, faibles, velues ou non velues ; — ses folioles sont ovales, cunéiformes, parfois glabres comme la tige ; — ses fleurs jaunes, réunies en tête déprimée, sont portées sur des pédoncules très-longs.

Chacun connaît cette jolie plante, qui vient à côté du trèfle blanc dans presque tous les herbages, où elle résiste très-bien à l’aridité du sol et à la sécheresse de l’atmosphère. Elle reste fort petite dans les situations défavorables, mais elle s’élève beaucoup plus sur les fonds de meilleure qualité, et elle y est très-fourrageuse. Le Lotier corniculé, quoi qu’un praticien anglais, M. Woodward, nous informe que dans les localités humides il parvienne à une plus grande hauteur que les trèfles, et qu’il y donne des produits supérieurs à la plupart d’entre eux, n’a point, à ma connaissance, été cultivé en France de manière à justifier un si pompeux éloge. J’ignore même si on l’a jamais semé seul ; mais ce que je regarde comme certain, c’est que, contre une opinion autrefois accréditée, il n’est rejeté par les animaux, ni comme pâturage, ni à l’état de foin. La seule remarque que j’aie été à même de taire, et qui puisse justifier jusqu’à un certain point le préjugé qui s’était élevé contre lui, c’est que les moutons broutent plus volontiers ses feuilles que ses fleurs. Il en est de même du trèfle blanc. — Malheureusement un obstacle plus réel à