transformer en étangs. — Nous verrons dans un des chapitres suivans comment il est possible, et dans quels cas il est profitable de faire l’un ou l’autre. Les marais une fois convenablement égouttés, sont ordinairement d’une fertilité d’autant plus grande et plus durable qu’il est facile de leur procurer un degré d’humidité convenable, et qu’ils conservent long-temps quelques débris des végétaux encore imparfaitement décomposés, dont les générations se sont succédé jadis inutilement à leur surface.

Les marais salés, lorsqu’on parvient par des digues à les soustraire aux effets des hautes marées, peuvent devenir fertiles dès que le sel dont ils sont imprégnés a été en grande partie entraîné par les eaux pluviales, ou décomposé par la végétation de quelques-unes des plantes dans lesquelles on retrouve particulièrement des muriates ou hydrochlorates, et qu’on cultive parfois pour en extraire la soude ; telles sont celles que j’ai déjà citées en parlant des dunes.
Les anciens marais salés donnent des foins
pour lesquels tous les herbivores montrent
une avidité remarquable. — Sur les bords submersibles
de la basse Tamise, il existe, tout près
de Londres, des prairies marécageuses, légèrement
salines, dans lesquelles on envoie,
moyennant un prix très-élevé, les chevaux fatigués
ou malades, pour les rétablir promptement
en état de santé, et dans lesquelles aussi
les animaux destinés à la boucherie ne manquent
jamais d’acquérir en peu de semaines
une qualité supérieure, sur laquelle spéculent
avec grand avantage les propriétaires de
ces sortes de pâturages. — Nous pouvons citer
en France, comme exemple des bons effets
des herbages salins les moutons de la plupart
des cotes de Normandie ; les bœufs des mêmes
contrées ; ceux d’une partie de la Charente-Inférieure,
des îles de Ré et d’Oléron,
etc., etc.
Oscar Leclerc-Thoüin
Section iv. — Propriétés physiques des sols.
Les sols arables varient bien plus en raison des propriétés physiques des substances qui les composent, que par la composition chimique de celles-ci. — En effet, toute la masse du sol, à quelques centièmes près, ne sert que mécaniquement, soit à loger et maintenir les racines, soit à tenir interposés l’eau, les gaz, les solutions alimentaires ou stimulantes, etc., véritables agens de la végétation. — Ces fonctions du sol dépendent évidemment surtout de ses caractères physiques, et d’ailleurs ceux-ci sont souvent indépendans de la composition intime, et peuvent varier sans que la nature de leurs composans change.
Citons quelques exemples : L’argile plastique (terre glaise), mêlée avec cinq ou six centièmes de craie, contient tous les élémens d’un bon sol (sauf les engrais et les stimulans) ; mais ce mélange est tellement compacte, lourd, difficile à diviser, qu’il ne saurait être mis en culture. — Qu’on le calcine au rouge naissant, puis qu’on le pulvérise, il offrira, au contraire, une sorte de sable léger, poreux, trop sec, propre à rendre plus meubles et meilleures les terres trop compactes. — La chaux carbonatée en parcelles dures, telles que les menus débris de marbres, d’albâtres, de diverses roches, de pierres de taille, etc., ne retiendra que 25 à 30 centièmes de son poids d’eau, tandis que la même substance, en poudre beaucoup plus fine, retiendra de 80 à 90