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pourvu qu’elle soit saine, peut porter du trèfle incarnat ; j’en sème beaucoup et j’en vois semer avec succès sur des sols très-divers ; il ne manque chez moi que sur des terrains excessivement calcaires qui se gonflent beaucoup par l’effet des gelées. Quelquefois nos hivers font périr cette plante, mais cet accident est rare. — On emploie de graines mondées 20 kil. à l’hectare, et de graines en gousse, environ 8 hectolitres, ou, en poids, 90 à 100 livres. » Vilmorin.

À cette excellente notice je n’aurais rien à ajouter, si le trèfle incarnat n’était, aux yeux de la plupart des cultivateurs qui en ont étudié l’usage, une plante assez épuisante. Sans chercher à expliquer un fait qui n’est peut-être pas encore suffisamment constaté, j’ai dû cependant le désigner à l’attention des personnes qui voudront faire de nouveaux essais à ce sujet.

M. Balbis a désigné sous le nom de Trèfle de Molineri (Trifolium Molineri), une espèce fort voisine de la précédente, dont les fleurs sont rosées au lieu d’être d’un rouge vif et profond. Elle croît spontanément assez avant dans le nord, ce qui a fait penser à quelques personnes qu’elle devait y remplacer celle du Roussillon. Les essais qui ont été jusqu’ici tentés ont amené à ce résultat, que le Molineri, par suite de sa disposition à vivre 2 ans, est plus lent dans son développement, et qu’il est sous plusieurs rapports inférieur à l’espèce plus généralement cultivée.

Il existe encore dans le midi une variété tardive du Farouche ordinaire. On en fait cas notamment aux environs de Toulouse, parce qu’il ne commence à fleurir que lorsque l’autre est déjà en grande partie consommé, et parce que, lorsqu’on est obligé de regarnir un trèfle ordinaire à l’aide du trèfle incarnat, comme cela arrive assez fréquemment, celui-ci s’accorde beaucoup mieux avec lui pour l’époque de la fauchaison.

Mélilot (Melilotus). Ce genre diffère essentiellement du précédent par ses gousses saillantes hors du calice ; le port de toutes les espèces qui le composent est d’ailleurs fort différent ; — leurs fleurs, jaunes ou bleuâtres, sont disposées en grappes alongées, axillaires ; — des trois folioles de chaque feuille, les deux inférieures, au lieu d’être insérées comme la 3e au sommet du pétiole, le sont plus bas, etc. etc.

Le Mélilot officinal (Melilotus officinalis, Lam.) s’élève jusqu’à un mètre ; ses tiges sont droites, dures, rameuses ; — ses fleurs sont jaunes, quelquefois blanches : c’est une plante bisannuelle, à racines pivotantes et fibreuses. (Voy. la fig. 687 et ses détails.)

Les motifs qui ont engagé Gilbert, et, depuis lui, plusieurs agronomes, à recommander la culture du mélilot comme fourrage, c’est que tous les animaux le mangent avec plaisir, et que l’odeur qu’il communique aux foins des autres plantes ajoute à leur qualité ; — qu’il est vert et fourrageux pendant presque toute l’année ; — qu’il réussit enfin sur les terres d’une grande médiocrité, où il résiste à de fortes sécheresses. Tout cela est vrai, et il peut arriver qu’il y ait dans certains lieux de l’avantage à cultiver cette plante ; mais son fourrage, qui perd beaucoup en se desséchant, lorsqu’on le fauche de bonne heure, devient tellement ligneux à l’époque de la floraison, que les animaux n’en broutent plus que les sommités. Cette double considération fait qu’en général on a renoncé avec raison à la culture du mélilot annuel partout où il a été possible de lui substituer la lupuline, qui s’accommode comme lui des sols sablonneux et chauds, ou le sainfoin, qui prospère sur les fonds calcaires. Fig. 687.

Le Mélilot blanc de Sibérie (Melilotus alba, Lam.) est facile à confondre avec la variété blanche du mélilot ordinaire ; ses tiges s’élèvent cependant beaucoup plus, elles ont de 2 à près de 3 met. ; — ses folioles, d’un vert clair à leur surface supérieure, sont pâles et parsemées de quelques poils à la partie inférieure du limbe ; — ses fleurs, constamment blanches, sont plus petites et disposées en grappes beaucoup plus alongées. — Divers auteurs l’ont indiqué comme trisannuel ; chez moi, où j'en ai fait autrefois quelques essais et où depuis 7 à 8 ans il se ressème de lui-même avec une extrême facilité, il n’a jamais dépassé deux ans.

Comme le précédent, il réussit dans les localités les plus arides, mais j’ai éprouvé qu’en pareil cas on ne devait pas compter pour la 1re année sur une coupe de quelque importance. La seconde, il présente tous les avantages et les inconvéniens de l’espèce annuelle. Quelques personnes, en le semant très-épais, à raison de 25 à 70 kil., en ont obtenu de bon foin ; — d’autres, en le semant conformément au conseil donné par A. Thouin avec de la vesce de Sibérie, ont obtenu un coupage vert dont les herbivores de toutes sortes sont avides, mais dont l’usage immodéré causerait promptement la météorisation.

Le Mélilot bleu (Melilotus cœrulea, Lam.), Lotier odorant, Trèfle musqué, etc., se distingue suffisamment à la couleur bleue de ses fleurs. Il est annuel. On le dit cultivé communément dans quelques parties de l’Allemagne