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Froment (Triticum). (Voy. pag. 365)

Nous avons dit que les fromens pouvaient accidentellement, et sans diminution notable de la récolte suivante, être fauchés ou pâturés au printemps, et nous avons indiqué dans quelles circonstances une telle pratique devenait avantageuse ; je dois seulement la rappeler ici, bien plus comme une exception à la règle générale que comme une coutume qu’on puisse étendre et généraliser sans inconvénient ; mais, à défaut des fromens annuels, on a recommandé de cultiver comme fourrage des fromens vivaces, et, malgré l’anathème porté contre lui par tous les cultivateurs, on a fait voir que le Chiendent n’était pas sous ce point de vue sans quelques avantages. Il n’est pas inutile d’indiquer le parti qu’on peut tirer d’une plante aussi commune.

Le Chiendent (Triticum repens, Lin.), dont les racines longues et rampantes poussent avec une si grande facilité des tiges de chacune de leurs articulations, s’élève parfois jusqu’à un mètre et plus ; ses feuilles sont vertes, molles, velues, fort du goût des bestiaux. Il fait en partie la base des prairies justement célèbres connues sous le nom de Prévalaie, et on le retrouve communément dans un grand nombre de pâturages estimés principalement pour la nourriture habituelle des vaches laitières ou nourrices. — Il parait que les chevaux s’accoutument fort bien à manger les racines de chiendent, ramassées à la surface des champs nouvellement labourés, et qu’ils se trouvent à merveille d’une semblable nourriture, ainsi que le démontre la pratique de diverses parties de l’Espagne et de l’Italie.

Ce végétal, dont la rusticité fait si souvent le désespoir du laboureur, s’accommode surtout des terrains substantiels, plutôt humides que secs. Il résiste facilement à d’assez longues submersions, et donne, en pareille position, un fourrage aussi abondant et meilleur que bien d’autres plantes aquatiques ou semi-aquatiques. Sur les bords des fleuves, de toutes les eaux à cours rapides, ses longues et flexueuses racines retiennent les terres d’une manière efficace ; ses tiges nombreuses arrêtent le limon qui ajoute annuellement à l’élévation du sol, et n’en donnent pas moins de fort utiles produits au moins en vert.

Seigle (Secale). (Voy. pag.383 et suivantes.)

Le Seigle d’hiver, ainsi que le froment et surtout l’orge, peut être cultivé spécialement comme fourrage. Semé en automne, il procure l’une des premières, et, dans quelques lieux, la principale nourriture verte dont on puisse affourrager les bestiaux après la consommation des racines hivernales. — Il donne même un assez bon coupage pendant les hivers doux, et l’on sait que, dans ce dernier cas, une pareille récolte n’exclut pas celle des grains.

Le Seigle de la Saint-Jean, semé vers l’époque dont il a pris le nom, est particulièrement propre à cette destination. Dans les contrées où l’on en fait usage, notamment en Saxe, on commence à le faucher en automne ; on le fait ensuite pâturer jusqu’à la fin de l’hiver, puis on le laisse monter au printemps.

La précocité du seigle, et la facilité avec laquelle il pousse dans les terres légères qui ne conviennent ni au froment ni même à l’orge, devrait le faire rechercher plus généralement pour créer des fourragères semblables à celles que l’on remarque encore fréquemment en Italie et aux environs de quelques-unes de nos grandes villes, pour la nourriture des vaches que les nourrisseurs tiennent à l’étable.

Ivraie (Lolium). Epillets aplatis, solitaires sur chaque dent de l’axe, et à peu près parallèles à cet axe ; glume bivalve contenant un grand nombre de fleurs.

L’Ivraie vivace (Lolium perenne, Lin.) (fig. 679), — ray grass d’Angleterre, a les tiges droites, hautes de 1 à 2 pi. (0m325 à 0m650), à feuilles glabres, longues, assez étroites : les épillets sans barbes. — C’est le gazon anglais utilisé si fréquemment dans nos jardins pour former ces tapis de verdure qu’aucune autre graminée ne pourrait égaler en finesse et en fraîcheur. Il est moins employé dans la grande que dans la petite culture, et paraît mieux convenir aux climats du Nord qu’à ceux du sud de l’Europe.