Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/518

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il croit dans les plaines les plus arides, où il n’acquiert à la vérité qu’une faible hauteur, et dans les prés naturellement frais où il s’élève souvent au-delà de 2 pieds, partout son fourrage est un de ceux que préfèrent les bestiaux. Quoique plus tardif d’une quinzaine de jours que l’espèce suivante, il doit être fauché de bonne heure, attendu qu’il sèche promptement sur pied après sa floraison. — Pour le semer seul, il faut répandre 18 kil. environ de grains par hectare.

Le Pâturin des prés (Poa pratensis, Lin.) (fig. 670), vivace, porte à l’ouverture de la gaine de chaque feuille une membrane courte et très-obluse ; sa racine est traçante. — Il croit comme le premier, tantôt grêle et chétif sur le bord des routes, les berges desséchées des fossés, etc., tantôt succulent et fourrageux dans les prés bas. — Il est précoce et d’une dessiccation très - prompte ; aussi, dans les mélanges naturels avec des herbages plus tardifs, a-t-il presque toujours perdu une partie de ses qualités quand il tombe sous la faux : c’est d’autant plus fâcheux, que, cultivé seul ou associé à des plantes également précoces, il peut donner un foin de première qualité. — La quantité de graines est à peu près la même que pour le pâturin commun.

Le Pâturin des bois (Poa nemoralis, Lin.) ou Pâturin à feuilles étroites (Poa angustifolia) (fig. 671), a les tiges grêles, faibles et penchées lorsqu’elles croissent dans les lieux ombragés, moins élevées et mieux soutenues dans les localités découvertes ; — ses feuilles n’ont point de membranes à leur origine. Cette plante, condamnée à chercher l’air et la lumière à l’ombre des taillis, conserve en rase campagne la même disposition à pousser verticalement ses tiges ; aussi n’est-elle pas ce qu’on appelle gazonneuse, mais, en compensation de cet inconvénient qui n’en est un que lorsqu’elle est semée seule, elle présente des avantages précieux. — Sa précocité est telle que, dès le mois de mars, elle offre déjà une masse assez importante de verdure lorsque les autres espèces commencent à peine à végéter. — Son foin est abondant et très-nourrissant, même dans les terrains de nature sèche et de qualité médiocre. Ce poa robuste est fort durable ; associé à d’autres graminées également fines, nul n’est plus propre à procurer partout, excepté peut-être dans les localités humides à l’excès, le meilleur foin connu.

Le Pâturin à crête (Poa cristata, Lin.), qui a aussi des feuilles très-étroites et sensiblement plus courtes que celui des bois, forme une touffe gazonneuse, mais peu élevée. — Sa panicule en épis est beaucoup plus serrée que dans les espèces précédentes. Il se rapproche un peu, sous ce rapport, du Pâturin comprimé (Poa compressa) qui n’a été recommandé par les auteurs que parce qu’ils ont cru à tort reconnaître en lui le Bird-grass des Américains, qui parait être plutôt l’Agrostis dispar, et dont il ne possède nullement les qualités. Je dois dire cependant que cette espèce est regardée par G. Sinclair et Davycomme une des plus nutritives.

Le pâturin à crête a pour principal mérite décroître sur les terrains sablonneux de peu de valeur. Il est fort inférieur aux autres comme fourrage, non qu’il soit moins recherché des bestiaux, mais parce qu’il est moins productif.

Le Pâturin aquatique (Poa aquatica, Lin.) (fig. 672), vivace, s’élève de 1 à 2 mètres. Sa tige épaisse, succulente, à feuilles larges et tendres, marquées d’une tache brune à la gaine, est surmontée d’une panicule diffuse.

Cette espèce habitante des terrains marécageux, des bords des étangs et des fleuves est très-propre à utiliser les localités longtemps submergées.

Ainsi que la fétuque flottante, elle fournit une quantité considérable de fourrage vert succulent et fort du goût des animaux. Comme on doit commencer à la faucher de bonne heure, il est rare qu’on n’en obtienne pas au-delà de doux coupes par an.