mais qu’elle n’existe même pas dans son herbier. — Elle a été décrite par Sibthorp, sous le nom de Festuca tenuifolia, qui désormais devra servir à la distinguer. »
« À l’égard de la vraie fétuque ovine, la même vérification m’a fait reconnaître que c’était la plante que j’avais recommandée et cultivée depuis longues années, sous les noms incertains de fétuque rouge et ovina major. On a pu voir, dans les éditions précédentes du Bon Jardinier, que, sans la reconnaître alors sous son vrai nom, je la regardais comme une espèce précieuse pour établir des pâtures sur les mauvais terrains. — Elle n’a peut-être pas cependant en France, pour la nourriture des moutons, le degré particulier de mérite que Linné et Gmélin ont cru lui reconnaître en Suède et en Sibérie. J’ai remarqué chez moi que les moutons ne la pâturent bien qu’en hiver, et qu’en été ils ne mangeaient guère que les pieds isolés, ce qui paraît être une indication pour la semer plutôt mélangée que seule. Je l’emploie souvent de cette manière, mais j’en fais aussi des pièces séparées, à raison des ressources qu’elle offre pour l’hiver, et de l’avantage qu’elle possède éminemment de s’établir avec vigueur sur des terres arides, soit calcaires, soit siliceuses, et de les couvrir d’un gazon épais et durable… Si l’on sème la fétuque ovine seule, il faut environ 30 kilog. de graines à l’hectare. » Vilmorin.
La Fétuque à feuilles fines (Festuca tenuifolia, Sibt.) (fig. 668), vivace, croît en touffes épaisses et serrées. — Ses feuilles très-fines sont roulées en tubes d’un vert blanchâtre : — ses tiges ne s’élèvent guère au-delà de 8 à 10 pouces (0m217 à 0m271) ; elles sont grêles, nombreuses, et supportent des panicules assez serrées. Les balles ne pointent point d’arêtes. (Voy. a, fig. 668.)
Cette espèce comme la véritable Fétuque ovine de Linnée, a l’avantage de croître sur les sables et les sols crayeux les plus arides : mais, comme on vient de le voir, elle plait moins qu’elle aux moutons qui la mangent cependant durant l’hiver. Quelques personnes ont cru remarquer que les vaches la refusaient : notre confrère Vilmorin s’est assuré que chez lui elles la paissent au contraire fort bien, d’où il résulte que lors même qu’elles auraient contracté l’habitude de meilleurs herbages, il ne serait pas difficile de les accoutumer à celui-là.
La Fétuque traçante (Festuca rubra, Lin.), vivace (voy. b, fig. 668), Fétuque duriuscule de quelques auteurs, mais la véritable Fétuque rouge de l’herbier de Linné et du Jardin des Plantes de Paris. — Elle produit annuellement des traces nombreuses ; — ses tiges, peu feuillées, sont susceptibles de prendre dans les bons terrains un assez grand développement ; — ses feuilles sont étroites, roulées, pubescentes en dedans, assez longues ; — ses épillets, réunis en panicules volumineuses, se composent de 4 ou 5 fleurs plus souvent vertes que rougeâtres, et ses balles sont très-longues ; — ses touffes radicales ne tallent pas autant que celles des deux espèces précédentes.
Cette Fétuque est propre à former des pâturages sur les terrains les plus ingrats et aux expositions les plus arides où elle croît naturellement. Dans les prés plus frais où on la rencontre aussi quelquefois, elle devient presque méconnaissable. Là elle donne un foin fauchable de bonne qualité ; toutefois c’est une des Fétuques les moins productives hors des mauvais sols ; — 35 kil. environ de graines par hectare.
Paturin (Poa). Tandis que dans la plupart des fétuques les balles sont garnies d’arêtes, elles en manquent constamment dans les poa ; ce dernier genre se distingue encore du précédent par la forme moins aigue de ces mêmes balles ; — le nombre des fleurs varie de 2 à 20.
Le Paturin flottant ou Fétuque flottante (Poa, ou Festuca fluitans, Lin.) (voy. fig. 669 et page 409), s’élève à 2 ou 3 pieds ; ses tiges sont épaisses, molles, les unes droites, les autres flottantes ; ses feuilles sont larges ; — ses épillets contiennent de 8 à 12 fleurs et plus, et forment comme autant de petits épis à deux rangs sur chaque pédicelle ; ses balles sont sans arêtes. (Voy. les détails de la figure.)
Nous avons fait connaître ailleurs les usages économiques de cette plante et indiqué déjà qu’elle peut être employée aussi comme fourrage. En effet, tous les ruminans et les chevaux la mangent en vert avec avidité, et on la voit croître, prospérer même dans les prés les plus marécageux, sur les bords des étangs, et autres lieux ou il serait difficile de demander a tout autre végétal aquatique de meilleurs et de plus abondans produits.
Le Pâturin commun (Poa trivialis, Lin.), vivace, est en effet une des plantes les plus communes des herbages naturels. Il est facile de le confondre, au premier aspect, avec le pâturin des prés, dont il diffère cependant par la languette alongée et comme déchiquetée, qui se trouve à la base externe des feuilles, par la forme plus aiguë de celles-ci, la rudesse de leur gaine et par la racine fibreuse.