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et de la lenteur du premier développement de la plante, on a proposé de la repiquer comme nous avons vu qu’on le fait pour quelques autres espèces, et c’est d’autant plus facile pour celle-ci que ses touffes tallent considérablement, et qu’on peut en diviser une seule en une foule d’éclats. — Si l’on aime mieux semer, il ne faut répandre que 7 à 8 livres de semences par hectare et les recouvrir fort peu.

L’Agrostis des chiens (Agrostis canina, Lin.) s’élève à peu près à la même hauteur que le précédent ; ses feuilles sont plus longues, mais moins nombreuses sur chaque tige. Il appartient à la section des agrostides fausses-avoines. Je l’ai vu parfois réussir passablement sur des sols assez secs, quoiqu’il préfère les prairies basses et humides. — Selon qu’il occupe la première ou la seconde position, il donne un foin remarquable, comme celui du fiorin, par la propriété qu’il possède de conserver longtemps sa fraîcheur après avoir été fauché, ou procure un fort bon pâturage pour les moutons.

L’Agrostis paradoxale (Agrostis paradoxa, Lin.) s’élève davantage que les deux précédens. Dans les localités abritées des provinces du midi, où il croit spontanément, telles que la Provence, l’Hérault, etc., il est très-fourrageux ; aussi suis-je disposé, en consultant mes souvenirs, à croire avec M. Boitard, qu’il serait plus productif que la plupart de ses congénères. — Son foin, quoiqu’un peu dur, plait aux chevaux et aux ruminans. — Cette plante, particulièrement propre à nos contrées méridionales, se trouve cependant aussi dans celle du centre, et il serait facile et utile de l’essayer au moins en petit.

Jusqu’ici, sans exception, toutes les graminées dont j’ai parlé sont à épillets uniflores. On pourra facilement en distinguer les genres suivans, dont les épillets, également disposés en panicules, sont à plusieurs fleurs.

Sorgho (Sorghum vulgare, Wild. — Holcus sorghum, Lin.) (Voy. pag. 405, fig. 571). Fleurs géminées, l’une mâle ou stérile, et l’autre hermaphrodite, dont la glume est à deux valves, et la balle à trois valves, la seconde aristée, la troisième portant un nectaire velu.

Lorsqu’on se propose de cultiver le sorgho comme fourrage, on le sème presque toujours à la volée, et très-épais, dès que les gelées printanières ne sont plus à craindre. — D’autres fois, après l’avoir semé en ligne ou à la volée, on éclaircit progressivement les pieds de manière à ne laisser en définitive sur le terrain que ceux que l’on destine à donner leurs graines. — Il n’est pas difficile d’obtenir ainsi, sur de petites étendues de terrain, deux récoltes différentes, l’une et l’autre assez productives dans les climats méridionaux.

Le sorgho coupé ou arraché en vert avant que ses tiges deviennent dures, est un excellent fourrage pour tous les ruminans, mais surtout pour les jumens nourrices, les vaches laitières et tous les jeunes animaux.

Houque (Holcus). Glume bivalve, tantôt à deux, tantôt à trois fleurs, dont une ne contient le plus souvent que des étamines ; — balle à deux valves dont l’extérieure porte sur le dos une courte arête, sur l’une des fleurs seulement. (Voy. les détails de la figure suivante.)

La Houque laineuse (Holcus lanatus, Lin.) (fig. 656), vivace, se distingue au premier abord par le duvet cotonneux qui abonde sur la gaine des feuilles : — la couleur blanche ou violâtre de la panicule, et la disposition particulièrement velue de ses glumes ; — ses feuilles sont larges et tendres ; — ses tiges s’élèvent peu dans les lieux arides, mais elles atteignent près d’un mètre dans les prés bas qui paraissent lui convenir de préférence. Elle fait le fonds des meilleures prairies d’une partie du centre de la France, où je l’ai vue fort belle, même dans des terrains très-secs, tels que beaucoup de ceux des environs de Paris.

Les personnes qui ont entrepris de la cultiver seule, et qui n’ont pas craint de bien préparer le terrain, ont toujours obtenu des résultats fort satisfaisans. — On peut aussi mélanger la houque à la plupart des autres gramens, sans craindre qu’elle ne les devance ou ne reste beaucoup en arrière à l’époque de la maturité, parce qu’elle tient le milieu entre les espèces tardives et hâtives, et qu’elle a d’ailleurs l’avantage de se conserver encore verte et succulente quelque temps après la fructification. — Toutes ces circonstances réunies en font une de nos plantes les plus précieuses pour la formation des prés et des pâturages ; — ajoutons qu’elle convient à tous les bestiaux.

La Houque molle (Holcus mollis. Lin. — Avena mollis, D. C.) (fig. 657), vivace, quand on la voit en panicule, a un aspect fort différent de la précédente. Par la disposition de ses épillets, elle ressemble aux avoines parmi lesquelles M. De Candolle l’a placée. — La gaine des feuilles est sensiblement glabre, et les articulations des tiges sont garnies de houpes soyeuses. Ces mêmes tiges sont éparses et traçantes, ainsi que les racines. Cette espèce, qu’on ne devrait employer qu’à défaut de la précédente, attendu qu’elle est moins productive et peut-être aussi