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dernière précaution, ils noircissent et perdent le peu d’odeur qu’on doit cherchera leur conserver. J’ai été fort surpris de lire dans thaer que, dans quelques cantons d’Allemagne, on préfère les foins bruns aux foins verts. Là, au lieu d’éparpiller l’herbe fauchée, on la laisse en andains jusqu’à ce qu’on la mette d’abord en petites meules, puis en grosses meules qu’on piétine fortement, de manière que le tout s’échauffe et se transforme pour ainsi dire en une masse tourbeuse, dont on détache ensuite les fragmens à l’aide d’une hache ou d’une bêche. — Les foins marécageux sont tout disposés à se décomposer de la même manière. Mais en France, on évite le plus possible que pareille chose arrive. — Lorsqu’ils sont vaseux, probablement on pourrait les améliorer à l’aide de la machine à battre.» Quoique je n’aie pas encore eu l’occasion d’exécuter ce travail, dit M.mathieu de Dombasle, je suis convaincu a n’en faisant passer du foin de cette espèce dans la machine pourvue du râteau et du ventilateur, on trouverait le moyen le plus efficace qu’il soit possible d’imaginer pour le débarrasser de la poussière, par l’effet du bail âge énergique suivi d’une forte ventilation. »

On sait que, dans divers pays, on mêle le regain avec de la paille au moment où on l’entasse après la fauchaison. On a remarqué que cette pratique facilite la dessiccation complète de la masse du regain ; il est probable que si l’on avait quelques restes d’une semblable mêlée ou de vieille paille, on en tirerait lion parti en les faisant entrer dans un second mélange avec le foin des prairies très-humides. — Pour le rendre plus appétissant, il serait souvent assez facile d’y joindre une petite quantité de mélilot. — Enfin, il est encore un moyen que la cherté du sel rend malheureusement impraticable dans nos campagnes, malgré son efficacité reconnue : il consiste saupoudrer légèrement de cette substance chaque couche des foins dont on craint que la dessiccation ne soit pas assez complète au moment où on les élève en meule. Le sel prévient leur fermentation future, ajoute à leur qualité, et les rend plus agréables aux bestiaux.

Il est aussi d’autres méthodes purement mécaniques de hâter et de compléter la dessiccation des foins, dont il a été parlé dans le xie chapitre de ce livre, auquel je renvoie le lecteur. — Je n’ai rien à ajouter non plus aux moyens précédemment indiqués de changer la nature des terrains marécageux et d’améliorer leurs produits.

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§ ii. — Des prairies basses.

Le passage des prairies marécageuses aux prairies basses n’est pas toujours sensible. Cependant les dernières, telles que je les ai définies, se distinguent essentiellement par la qualité de leurs herbages. Elles occupent souvent de larges vallées sur les bords des fleuves ou des rivières qui les couvrent de temps en temps, sans nuire autrement à leurs foins que lorsque les débordemens vaseux, source de fécondité en automne, après les coupes, surviennent accidentellement dans le cours de la belle saison. Quelque prolongée que soit la submersion en hiver, elle n’offre aucun inconvénient pour la qualité des herbes. — Lorsque ces prairies s’égouttent facilement, leur sol, recouvert par des alluvions continuelles, est d’une richesse plus qu’ordinaire, et donne par conséquent naissance à des herbages d’une abondance remarquable ; mais, lorsque le fond en est plus bas que le lit de la rivière, il se forme alors une couche végétale semi-tourbeuse, dont les produits sont de qualité fort inférieure.

À côté de ces prairies, il faut classer celles qui longent les cours d’eau moins considérables, et sur lesquelles diverses constructions, propres à élever le niveau du liquide, le font refluer à volonté. Tantôt ces constructions ont pour but principal de faciliter les irrigations ; — tantôt, elles sont au contraire destinées à faire marcher des moulins ou d’autres usines. Alors, quoique la question d’arrosage devienne très-secondaire, il n’est pas impossible, en combinant convenablement l’époque des barrages, de tirer parti d’une telle position, pour obtenir plusieurs coupes d’un fort bon foin.

On trouve aussi dans les vallées, au pied des montagnes et des collines, des terrains à la superficie desquels l’eau coule sans y séjourner. Ils donnent assez souvent, pendant toute la belle saison, une grande quantité d’herbes de bonne qualité, qu’on a soin de faucher dès que l’état du fonds le permet, et dont on emporte le foin immédiatement, soit pour le faire consommer en vert à l’étable, soit pour le sécher. Si, au lieu de s’étendre à la surface, l’eau pénétrait jusqu’au sous-sol et y séjournait, ces mêmes terrains rentreraient encore dans la classe des prairies marécageuses ; mais, comme ils offrent ordinairement de la pente, les travaux d’amélioration sont faciles.

Dans toutes ces localités, le peu de fermeté du sol rend le pâturage à peu près impossible. La fauchaison est alors bien plus profitable sous ce rapport et sous plusieurs autres.

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§ iii. — Des prairies hautes et moyennes.

Selon la position qu’elles occupent, elles peuvent être excellentes ou très-médiocres. Leur qualité dépend de la nature et de la fertilité du terrain qu’elles recouvrent, ainsi que de celles des collines environnantes que les cours d’eau pluviale dépouillent à leur profit, et surtout de l’abondance de ces mêmes cours d’eau dont l’excédant doit pouvoir s’échapper à travers le sous-sol dans les saisons pluvieuses à l’excès, sans cependant s’écouler à d’autres époques avec une trop grande rapidité. — En pareil cas, il serait possible de citer plusieurs exemples d’une fertilité prodigieuse ; mais des circonstances si heureusement combinées sont rares, beaucoup de prairies hautes sont trop sèches pour donner du regain ; — beaucoup même ne donnent pas toujours une herbe fauchable. Il en est dont le sous-sol relient les eaux au point qu’elles sont marécageuses une partie de l’année, quoiqu’elles deviennent brûlantes dans l’autre. Aussi, à mesure que