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mousses, mais de la plupart des mauvaises herbes qui surabondent surtout dans les prés bas, et qu’ils favorisent au contraire le développement et la croissance de végétaux plus utiles, parmi lesquels on a dès longtemps remarqué que dominent les légumineuses. On peut donc supposer que, malgré les différences importantes qui les caractérisent, il y a quelque analogie, sons ce rapport du moins, entre les effets de la chaux et ceux du plâtre. — Ceci doit donner lieu à de nouvelles expériences qui ne manqueront pas d’importance dans les contrées où l’on ne possède que la première de ces substances. — Mais la chaux n’agit pas seulement de cette façon, elle active la décomposition des nombreux détritus végétaux qui se trouvent sur les fonds humides. — Elle forme avec leurs élémens de nouvelles combinaisons appropriées aux besoins de la vie des plantes ; elle corrige l’acidité des terrains uligineux on tourbeux, et, dans tous ces cas, elle favorise encore la croissance des bonnes plantes ; aussi, pour moi, qui ai mille fois été à même d’apprécier ses actifs résultats, est-elle un des meilleurs, des plus prompts et des plus sûrs moyens d’amélioration des prairies basses, lorsque les végétaux nuisibles commencent à les envahir.

Les cendres lessivées, — celles de tourbes agissent, sinon de la même manière, du moins d’une manière analogue quant à ses résultats pratiques ; — les cendres pyriteuses sont aussi excellentes ; — enfin je me bornerai à rappeler ici la puissance stimulante du plâtre sur les luzernes, les trèfles, etc. — Sur les terres légères et sèches, les argiles marneuses produisent les plus heureux effets.

Dans tout ce qui précède, afin d’éviter des redites, je n’ai point parlé des quantités à employer. On trouvera à ce sujet toutes les données possibles aux chapitres 3 et 4 de ce volume. Toutefois il est bon de faire observer que les proportions doivent varier sans cesse, eu égard à diverses circonstances que chacun doit savoir apprécier par soi-même. — Bien souvent aussi le choix des amendemens ou des engrais est réglé, non en raison de leurs qualités relatives, mais d’après la facilité plus ou moins grande avec laquelle on peut se les procurer.

Les époques les plus favorables au transport et à la répartition sur le sol des substances diverses dont il vient d’être parlé sont dépendantes surtout de la position des herbages. — Il serait peu prudent de fumer avant l’hiver des prairies sujettes aux imputations, car, si les eaux débordent, elles entraîneraient en totalité ou en grande partie les sucs extractifs des engrais. La même chose aurait inévitablement lieu sur les terrains soumis aux longues irrigations d’hiver et de printemps ; mais là, le concours des engrais n’est pas nécessaire. — Sur les prairies sèches qui en ont le plus besoin, j’ai déjà dit qu’on répandait parfois les fumiers longs en automne. Cette coutume paraît avoir en Allemagne de nombreux partisans, parce que les particules de fumier entrent mieux en terre, et qu’une semblable couverture protège les plantes herbagères contre les effets du froid ; mais souvent aussi on a cru lui trouver des inconvéniens, parce que le long fumier fournit une retraite aux souris, aux mulots et aux insectes et par conséquent les attire ; et aussi parce que cette couverture chaude rend les plantes trop délicates au printemps, hâte trop leur végétation, et, par là, leur rend d’autant plus nuisibles les gelées tardives qui surviennent après qu’on a enlevé les pailles. — Quant aux engrais consommés et aux composts qui conviennent également aux prairies ou aux pâturages plus secs qu’humides, la fin de l’automne semble préférable, en ce sens que les effets de la fumure se font sentir plus promptement et par conséquent plus complètement l’année suivante.

Les amendemens calcaires et alcalins, avons-nous vu, conviennent surtout aux bas herbages, et pourtant il est important de remarquer qu’ils n’opèrent que fort imparfaitement sur les terrains mal égouttés. L’eau en surabondance noie, pour ainsi dire, leurs effets. Le moment de les répandre est donc subordonné à l’état du sol. Bien souvent on trouvera avantageux de saisir celui qui suit immédiatement la fauchaison, pour les prairies, et de devancer le plus possible l’époque à laquelle la terre devra être sur-saturée d’eau, pour les pâturages. Dans des cas assez nombreux, du reste, il est difficile d’entrer dans les herbages au moment où on voudrait les fumer ou les amender, parce qu’ils sont alors trop mouillés. On s’en rapprochera toujours le plus possible.

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§ v. — De l’entretien des herbages par des semis partiels.

Il peut arriver qu’après l’extraction des mauvaises herbes, ou par suite de la longue durée du pâturage, il se forme des vides qui se rempliraient lentement, si on abandonnait ce soin à la seule nature. À la vérité, c’est un indice d’épuisement qui doit engager à changer pour quelque temps la destination de semblables herbages ; mais, sans parler de l’impossibilité où l’on se trouve parfois d’introduire à leur place des cultures économiques, il est telles circonstances où l’on a intérêt à prolonger le plus possible leur durée. Les semis partiels en offrent le moyen ; toutefois, pour devenir efficaces, il faut qu’ils aient été préparés par les travaux d’assainissement et de conservation dont il a été parlé dans les paragraphes précédens, et dont ils forment pour ainsi dire le complément.

Ces semis s’opèrent, selon les lieux, en automne ou au printemps. Le premier élément de leur succès, c’est que le hersage qui les précède ait été énergique et aussi complet que possible. En pareil cas, le scarificateur remplace la herse avec avantage, parce que la forme de ses contres et la facilité qu’on trouve à le diriger, permettent de le faire mieux pénétrer. Il ne faut pas s’effrayer de voir bon nombre de plantes mutilées, coupées même par suite de l’action de cette machine, car on a remarqué que la division des touffes est déjà par elle même un bon résultat. On ne doit pas s’attendre non plus à une grande régularité dans le travail des coutres mais cette régularité n’est