laisse des intervalles par lesquels les graines des prés s’échappent et tombent dans des boîtes, des tiroirs ou coffres placés sous la crèche, d’où on peut les tirer, lorsqu’on présume qu’ils sont à peu près remplis de graines. »
L’agronome genevois, en recommandant cette pratique pour remédier à la cherté de la fenasse ou graine de foin dans le canton qu’il habite, a du reste bien soin de prescrire, afin de l’obtenir sans mélange, de faire rigoureusement et préalablement arracher, à la pousse de l’herbe, les plantes qui, connue l’arrête-bœuf, le plantain à larges feuilles, etc., etc., le saliraient inévitablement de leurs semences inutiles ou nuisibles.
Quant au 3e moyen, en le comparant au premier, chacun, selon la position dans laquelle il se trouve, sera à même d’opter pour l’un ou l’autre. Il suffira d’indiquer ici que les espèces fourragères, considérées comme les plus avantageuses en France, c’est-à-dire la plus grande partie de celles dont il sera question dans la suite de ce chapitre, sont cultivées pour graines dans les belles propriétés de M. Vilmorin, et qu’on peut se les procurer avec entière sécurité dans la maison de commerce qui porte son nom, à Paris.
En général, les semences les moins vieilles, surtout parmi les graminées et quelques légumineuses, sont celles qui lèvent le plus promptement, le plus complètement, et qui donnent lieu à la végétation la plus vigoureuse. Il faut donc tâcher de se les procurer de la dernière récolte. Si on le sachète, il faut veiller a ce qu’elles soient nettes, bien pleines, sans autre odeur que celle du bon foin, et surtout pesantes, ce qui est le meilleur indice de leur complète maturité et de leur bonne qualité. — Dans quelques espèces, la couleur est aussi un indice assez certain. Ainsi les graines de trèfle et de luzerne sont d’abord d’un jaune doré ; en vieillissant elles prennent une teinte rougeâtre. Il en est de même de celles de la lupuline. Les semences de sainfoin passent du gris au noir, etc., etc. — Du reste, il est toujours sage d’essayer en petit les graines que l’on n’a pas récoltées soi-même. Après en avoir laissé tremper une quantité ou un nombre déterminé dans l’eau à une douce température, afin d’obtenir plus promptement le résultat de l’expérience, on fera donc bien de les semer de manière à constater leur qualité.
Quoiqu’on ait proposé beaucoup de recettes, toutes merveilleuses, pour préserver les graines, dans la terre, du ravage des insectes, les disposer à une plus prompte et plus facile germination, et même pour ajouter, pendant toute la durée de la végétation, à la vigueur des plantes qui en proviendront, je ne sache pas qu’aucun de ces moyens, dont plusieurs sont plus nuisibles qu’utiles, puisse être recommandé, si ce n’est peut-être le chaulage pour celles des graminées dont on a reconnu la disposition à être atteintes de la carie et du charbon. La meilleure préparation de toutes les semences fourrageuses et autres, c’est l’humidité modérée et chaude qu’elles trouvent dans un sol perméable aux gaz atmosphériques ; et le meilleur préservatif contre l’insuccès, c’est l’opportunité des semis.
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§ ii. — Préparation du sol.
Quelques plantes fourragères peuvent à la vérité réussir dans les terrains marécageux ; mais, d’une part, les bestiaux et surtout les moutons s’accommodent fort mal de semblables localités, et, de l’autre, toutes les herbes qui font la base des meilleures prairies-pâturages redoutent par-dessus tout une humidité stagnante. Partout où cette humidité existe, le premier soin du cultivateur doit donc être de lui procurer un écoulement suffisant. (Voy. l’article Dessèchement.) — Lorsqu’au contraire les terrains se trouvent dans le voisinage d’eaux courantes, on sait trop de quelle importance il est de pouvoir les arroser pour qu’il soit besoin de recommander de les disposer de manière à favoriser le plus possible les irrigations. (Voy. le chap. Arrosemens.)
Il importe ensuite de les nettoyer le plus exactement possible des graines et des racines vivaces des mauvaises herbes, ce qu’on obtient à l’aide de labours plus ou moins nombreux, donnés pendant une jachère complète, ou mieux une culture sarclée qui a le double avantage, tout en atteignant aussi efficacement le même but, de payer par ses produits, d’abord la préparation du sol, et de plus une grande partie de l’engrais qu’on lui donne, et qui devra cependant profiter beaucoup encore au succès du pâturage. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de remarquer qu’une terre, qui n’était pas par trop épuisée par les cultures antérieures, se trouvait ainsi préparée de la manière la plus complète et la plus profitable à recevoir des semences herbagères. — Dans le cas où l’on ne pourrait disposer que d’une faible quantité d’engrais déjà préparés, et où l’on jugerait plus utile de lui donner une autre destination, un parcage serait fort avantageux. — Enfin, à défaut de ces deux moyens, une récolte enfouie produirait encore un très-bon effet. Je ne dois pas omettre d’ajouter ici que sur les terres froides, tourbeuses ou uligineuses, l’ecobuage est la meilleure préparation possible pour la création d’un herbage. — Nous verrons tout-à-l’heure qu’on sème aussi les pâturages comme les prairies artificielles sur les céréales, sans autre préparation qu’un hersage de printemps. Quand les terres sont propres et en bon état, ce moyen, par sa glande simplicité, est un des meilleurs.
La profondeur des labours ne peut jamais être trop grande dans un bon fonds. Ce qui a été dit ailleurs à ce sujet me dispensera d’entrer dans de nouveaux détails. J’ajouterai cependant que, pour les fourrages à racines fortes et pivotantes, tels que la luzerne, le sainfoin, etc., il faut de toute nécessité une couche labourable plus épaisse que pour des graminées à racines minces et traçantes, et je rappellerai, comme fait d’une importance toute spéciale dans le sujet qui nous occupe, que, tandis que les labours profonds conservent la fraîcheur pendant l’été, et facilitent l’absorption des eaux surabondantes pendant l’hiver, les labours superficiels exposent les plantes à périr par suite des sécheresses de