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nes. On se sert ensuite d’un râteau pour briser les mottes qui peuvent rester et bien aplanir le terrain. (Dans la grande culture, cette opération s’exécuterait économiquement à l’aide du rouleau et de la herse). Il faut cependant que la surface de chaque planche ait de chaque côté une pente légère vers les fossés (pour procurer l’écoulement de l’eau). La graine est semée au plus tôt à la fin de février, et au plus tard en mars. Il est essentiel de semer le panais fort clair. S’il se trouve des endroits où il lève abondamment, on en arrache une partie. On sarcle avec attention dès que les mauvaises herbes paraissent, et cette opération est répétée plusieurs fois. »

« On fait la récolte ou en octobre ou en novembre. On la fait avec une pelle ou avec une tranche (sorte de bêche). On tient les racines serrées l’une contre l’autre, dans un endroit sec, pour les conserver longtemps. Elles servent à nourrir et même à engraisser le bétail de toute espèce : les chevaux, les bœufs, les vaches, les cochons, s’accommodent également de ces racines. On les leur donne d’abord crues ; lorsqu’on s’aperçoit que les animaux s’en dégoûtent, on les fait cuire. Dans cet état, les bestiaux en mangent avec avidité et ne s’en dégoûtent plus. Les cochons n’ont pas d’autre nourriture pendant tout l’hiver, et ; quand les fourrages manquent, les vaches ne mangent que des panais. Elles donnent alors plus de lait et de meilleur beurre. »

Le panais, comme la carotte, se cultive en récolte dérobée, après le chanvre, le lin, le colza, le seigle, etc. On a également conseillé de cultiver le panais comme une sorte de prairie artificielle ; on le sème au mois de septembre, et on le fauche avant qu’il fleurisse. On assure qu’il donne ainsi plusieurs coupes très-abondantes.

On sème 10 à 12 livres de graine par hectare. Il est à remarquer que la semence de panais ne se conserve pas au-delà d’une année. Les ailes ou expansions fibreuses qui l’entourent sont un grand obstacle à l’emploi du semoir. Si la carotte doit être enterrée très-superficiellement, il n’en est pas de même du panais, dont la semence doit être recouverte au moins d’un pouce et demi de terre.

La culture de cette plante est un peu moins dispendieuse que celle de la carotte. Le panais présente encore un immense avantage : c’est que, même par des froids très-rigoureux, il ne souffre nullement des gelées lorsqu’il se trouve dans le sol. On peut ainsi le laisser dans la terre jusqu’au printemps pour en faire la récolte au fur et a mesure du besoin. Son feuillage est aussi beaucoup plus abondant et meilleur que celui des autres racines. — Le panais est regardé, par M. de Dombasle comme égalant en valeur nutritive les carottes de bonne qualité. — En Islande, après l’avoir soumis à la fermentation, on en retira une espèce de bière. Antoine, de Roville.

Section v. — Du Topinambour.

Le Topinambour (Helianthus tuberosus, L.), en anglais, Jerusalem Artichoke ; en allemand, Erde Apfel ou Erdapfel ; et en italien Girasole (fig. 642), est une plante vivace par ses racines, qui atteint communément de 6 à 8 pieds, et dont les fortes tiges sont chargées d’abondantes feuilles, ayant généralement de 8 à 10 pouces de longueur. Ses racines sont accompagnées de tubercules souvent très-volumineux et très-multipliés, dont la forme a fait donner à cette plante le nom de Poire-de-terre ; elle est aussi connue sous les noms vulgaires de Crompère, Canada, Taratouf, etc. Le topinambour appartient au genre Soleil de la grande famille des Radiées. Originaire du Chili ou du Brésil, ses fleurs très-petites, en comparaison de plusieurs autres espèces de soleils, ne donnent point de graines fertiles dans le nord et dans le centre de la France ; cette circonstance rend plus difficiles les essais que l’on a proposé de faire pour améliorer cette plante utile, par des semis, à l’effet d’obtenir de nouvelles variétés, comme on l’a fait pour la pomme-de-terre ; cependant M. Vilmorin a déjà fait des tentatives qui lui ont permis de reconnaître que le topinambour a une extrême disposition à varier par le semis, surtout dans les caractères de ses tubercules ; il en a obtenu en effet de différens pour la grosseur, les positions dans le sol, la couleur, etc. ; d’où il conclut que si l’on s’attachait à semer le topinambour avec la même persévérance qu’on l’a fait pour la pomme-de-terre, on pourrait arriver de proche en proche à améliorer beaucoup ses qualités.

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§ ier. — Avantages et usages du topinambour.

Les avantages que présente le topinambour, d’après V. Yvart, qui a beaucoup contribué à les faire valoir et à étendre la culture de cette plante, sont : de résister aux plus fortes sécheresses, même sur des sols naturellement arides, et de croître avec succès dans des terrains variés de la plus mauvaise qualité.

En second lieu, les tubercules du topinambour ont la précieuse faculté de résister