En calculant sur ces données une moyenne générale, on voit que, comme récolte secondaire, les carottes bien cultivées donnent un produit en racines de 235 quintaux métriques (47,000 livres poids de marc) ; que, cultivées en récolte principale, on arrive facilement à un produit de 392 quintaux métrique (78,400 livres) par hectare. Dans le premier cas, on peut compter sur 65 quintaux métriques de feuilles vertes, et sur 98 dans le second.
En comptant que 2 livres ⅔ de racines de carottes contiennent autant de substance alibile qu’une livre de foin, et que 10 livres de feuilles représentent également une livre de foin, on trouve qu’un hectare de carottes en récolte secondaire procure, pour les animaux, autant de substance nutritive que 94 quintaux métriques de bon foin, et que cette quantité s’élève à 150 quintaux métriques si les carottes sont cultivées seules.
Produit probable, 392 quintaux à 2 fr.
Produit : 235 quintaux métriques à 2 f.
Il y aurait ainsi, pour les carottes cultivées seules, un bénéfice plus grand que lorsqu’elles ne viennent que comme récolte dérobée. Mais cette augmentation de bénéfice n’est qu’apparente. En effet, si la récolte dérobée, qui n’a occupé le sol que 4 mois, a procuré un bénéfice de 196 fr., la récolte principale, qui l’a occupé pendant 1 an, devrait réaliser un bénéfice de 588 fr., toute proportion gardée. Mais on voit, au contraire, que le profit ne s’élève qu’à 328 fr. : il y a donc évidemment du côté de la récolte secondaire, un avantage incontestable de 260 f. par hectare ; l’avantage serait encore bien plus marqué si quelque circonstance venait diminuer le produit.
Section iv. — Du Panais.
On cultive deux espèces de Panais (Pastinaca sativa, Lin.), en anglais Parsnep ; en allemand, Pastinake ; en italien, Pastinaca, en espagnol, Zanahoria (fig. 641) : le Panais rond, aussi nommé sucré à cause de ses propriétés comme plante culinaire ; il est peu cultivé hors des jardins ; — le Panais long, cultivé principalement pour les bestiaux dans la Bretagne, dans les îles de Jersey et de Guernesey, etc. La culture de cette plante s’est peu répandue, quoique dans certaines contrées, et notamment dans quelques cantons de la Bretagne, on en ait obtenu de très-hauts produits. Il y a, dans les exigences de cette plante, quelque chose qu’on n’a pas encore bien déterminé, et il est actuellement impossible d’apprécier avec exactitude toutes les circonstances qui lui sont favorables. Il paraît que, dans les terres médiocres, le panais produit moins que la carotte, mais que, dans les terres de haute fertilité, la récolte est beaucoup plus abondante que celle de cette dernière plante. Nous puiserons le peu que nous avons à dire sur cette plante, dont la culture a une analogie parfaite avec celle de la carotte, dans un auteur de la Bretagne, qui connaissait fort bien les localités et les procédés qui assurent le succès de cette plante.
« Le panais, dit M. le Brigant de Plouezach, se sème surtout après une récolte d’orge. La terre doit être bien retournée, bien ameublie. A mesure que la charrue travaille, des hommes armés de bêches ou de pelles tirent la terre du fond de la raie, et la rejettent sur celle qu’on a remuée. On forme des planches larges de 10 à 12 pieds. On creuse, entre chaque planche, un petit fossé dont on rejette la terre sur les deux planches voisi-