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araire à un cheval et à versoir, et qui en deux traits donne à la terre la forme suivante (fig. 638). Plus tard une 4e façon, avec le même instrument, [Fig. 638] coupe de nouveau les billons intermédiaires et les rejette sur les rangées de navets (fig. 639). Les intervalles dans les lignes, [Fig. 639] entre les navets, sont à chacune de ces époques sarclés par des femmes ou des enfans, avec la houe à main.

Ces opérations ne sont pas toutes indispensables : assez souvent on ne pratique pas les dernières ; mais elles servent beaucoup à la réussite de la récolte, augmentent la quantité des produits, et par l’ameublissement continuel qu’elles donnent à la terre, la tiennent prête aux récoltes de céréales qu’on veut obtenir après les navets. Il n’est presque pas utile de dire que l’époque des opérations qui suivent l’ensemencement varie suivant le temps qu’il fait, le développement des mauvaises plantes et les autres travaux plus ou moins urgens de l’exploitation.

Il est des agriculteurs qui utilisent les espaces entre les navets par la plantation d’autres végétaux, notamment des choux ; mais alors les sarclages ne peuvent plus se faire qu’à la main ; les petites cultures seules admettent cette possibilité.

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ii. — Culture dérobée, sur les chaumes.

La culture des navets, comme récolte principale et de jachère, est très-peu répandue en France. C’est plus généralement après une première récolte qu’on sème cette plante, et elle donne alors assez souvent des produits d’autant meilleurs qu’ils ne sont achetés que par très-peu de soins et de dépenses. Cette culture, telle qu’elle est pratiquée, par exemple dans la plaine des Vertus, près Paris, se borne communément à un labour qui enterre le chaume de la récolte précédente, et qu’on fait suivre d’un deuxième si la terre est trop sèche. On sème aussitôt, le plus ordinairement à la volée, et, autant que possible, par un temps pluvieux ou couvert, et on recouvre la semence par un hersage. Le semis peut avoir lieu depuis la fin de juillet jusqu’à la fin d’août, principalement pour le Navet rond pyriforme ; pour le Rutabaga, on ne peut le différer au-delà de la fin du premier de ces mois ; encore arrive-t-il quelquefois qu’il ne parvient pas à toute sa grosseur. — Lorsque les plantes ont acquis leurs premières feuilles, on donne un sarclage à la main qui suffit presque toujours, et termine les façons d’entretien. — Suivant cette méthode, les navets sont espacés, terme moyen, de 8 pouces les uns des autres et donnent environ 45,000 livres (22,500 kilog.) de racines par hectare, dans la plaine des Vertus, au fils de l’agronome distingué sur les traces duquel il marche, M. Demars (Nicolas), qui a la fourniture des légumes des hôpitaux de Paris et des Invalides. Ce cultivateur pense, au surplus, qu’on n’atteindrait pas généralement cette quantité, le sol de la plaine d’Aubervilliers étant très-bon et richement fumé.

En Allemagne, dans les parties où la température de l’automne le permet, on cultive aussi plus volontiers les navets sur les chaumes ; cette culture est même générale dans les contrées occidentales de ce pays. — Aussitôt après l’enlèvement du seigle on déchaume superficiellement, on donne un fort hersage, on amasse au râteau le chaume qu’on brûle, on donne un ou deux labours, et après le semis on herse. Lorsque les plantes ont développé leurs feuilles, on donne un fort hersage que l’on considère comme la condition d’une bonne réussite. On fait quelquefois suivre la récolte des navets d’un seigle d’automne ; mais, plus généralement, on destine le sol qui a donné cette récolte à des grains de printemps. — Lorsqu’on se livre à cette culture sur la jachère, on sème à la fin de juin ou au commencement de juillet, après avoir donné trois labours et avoir fumé. Mais on n’y donne pas aux navets les soins minutieux qui en font obtenir en Angleterre de si beaux produits.

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§ iv. — Récolte, conservation et consommation.

Nous avons vu que l’on pouvait semer les navets à environ deux mois de distance. Plus tôt ils sont semés, plus tôt, en général, ils sont bons à récolter. Cette époque est donc variable selon celle de l’ensemencement, et selon que le temps est plus ou moins favorable à la végétation. En général, on ne doit commencer à faire la récolte qu’après la maturité complète.

Dans le cas où l’on ne veut pas laisser les navets en place pour y être consommés, ou enlevés successivement, on les arrache par un temps sec ; on coupe les feuilles, que l’on donne d’abord aux bestiaux, et on met ensuite les racines à l’abri pour les conserver. Si on a beaucoup de navets à arracher, on commencera par couper les feuilles dans le champ avant l’arrachage, ou on les fera manger sur place par les bestiaux, et on ne fera l’arrachage qu’après cette opération préalable,. Quand on fait manger sur le sol la feuille aux bestiaux, il faut avoir soin que les animaux en trouvent assez, pour qu’ils n’aillent pas déterrer les navets et en attaquer le corps, qui se gâterait alors avec plus de facilité.

Quant aux racines que l’on veut conserver pour l’hiver, on les place dans un endroit très-sec, soit le côté d’une cour, d’un jardin, d’un champ près de la maison ; on pose une couche de paille sur le sol ; on y entasse les navets jusqu’à la hauteur de 3 pieds ; on les recouvre d’une couche de paille et d’une couche de terre par-dessus. Par-dessus la couche de terre, que l’on fait assez épaisse, on met une seconde couche de paille, qui