Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/456

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tits tas. Vient alors un certain nombre de femmes armées de râteaux à dents de fer, et qui ramassent toutes les racines, toutes les plantes, toutes les mottes, et qui les déposent en grands tas. Le jour même, on brûle ces tas de mauvaises herbes et l’on en disperse les cendres sur le sol. D’autres cultivateurs, au lieu de les brûler, les font enlever et déposer dans l’endroit où l’on doit faire un compost. Dans cette opération, le champ reste labouré à plat et très-uni.

Un mois environ après cette grande opération, quand les graines qui étaient restées dans la terre ont eu le temps de germer et de pousser, on la renouvelle une seconde fois. Le champ ressemble alors à un tapis où l’on ne rencontre que difficilement une motte de terre plus grosse qu’une pomme.

Dans les terres légères, naturellement assez faciles à être ameublies, cette opération deux et même une seule fois pratiquée suffit, avec le labour d’automne ; mais, dans les terres fortes, compactes, argileuses, cette opération pratiquée une seconde fois ne suffit quelquefois pas encore, et il est bon, si la terre n’est pas bien ameublie, de la répéter une troisième fois. Plus la terre est meuble, plus la récolte est assurée.

Fumage et ensemencement.

Ces deux opérations doivent être faites le même jour dans la culture bien entendue des turneps en rayons ; elles devraient même l’être pour la plupart des autres plantes fumées et cultivées de la même manière.

Ces opérations se pratiquent depuis le commencement de mai jusqu’à la fin de juin, selon que la saison est plus ou moins hâtive et que les pluies ont permis de préparer la terre plus tôt ou plus tard, et suivant la variété des navets qu’on veut cultiver.

Quand la terre a été bien préparée par les opérations précédentes, on choisit l’instant où elle est encore d’une humidité convenable pour être facilement travaillée, et en même temps favorable à la germination des semences ; ou, si on a laissé passer ce moment, celui où l’atmosphère, chargée d’humidité, promet de la pluie, et l’on commence les opérations du fumage et de l’ensemencement.

Un premier trait de charrue donne au champ la surface suivante (fig. 630)[1] au lieu de la surface plate qu’il avait.

[Fig. 630.]

Comme les oreilles des charrues ne déversent point deux pieds de terre, il reste une petite partie, B, B, peu remuée, entre les rayons séparés par cette distance de 2 pieds. Un deuxième trait de charrue déverse la terre du côté opposé et donne au sillon la forme régulière suivante.

La ligne pointillée indique les premiers rayons, et le trait noir la forme des rayons après le second coup de charrue (fig. 631).

[Fig. 631.]

Quand il y a assez de rayons formés, quelques attelages vont à la ferme chercher les chariots à fumier, que l’on a dû charger pendant ce temps, et les amènent au champ. Les chevaux marchent dans le sillon c, l’une des roues dans le sillon d, et l’autre dans le sillon suivant.

Pendant que les chevaux, conduits par la voix seule du charretier, trainent le chariot, le conducteur, par-derrière ou dans le chariot même, décharge le fumier dans le sillon du milieu, et il est aussitôt distribué par une femme dans les 3 sillons parcourus par le chariot.

Le terrain fumé présente la coupe régulière suivante (fig. 632).

[Fig. 632.]

Pour recouvrir de terre les sillons remplis de fumier, les charrues, en coupant par la moitié les anciens rayons 1, 2, 3, déversent la terre sur le fumier, et donnent au terrain la coupe de la fig.633 ; puis, revenant en sens op-

[Fig. 633.]

posé, elles donnent de nouveau au terrain la forme de rayons parfaits (fig. 634).

[Fig. 634.]

Quand la terre est prête pour le fumage, on peut, au lieu d’ouvrir les sillons avec la charrue ordinaire, par deux traits de charrue, employer une charrue à deux oreilles, qui, par conséquent, déverse la terre également de chaque côté et forme le sillon d’un seul coup ; on se sert avec le même avantage de cette charrue, pour recouvrir le fumier placé dans les sillons, et on abrège ainsi de moitié cette partie de l’opération ; cette méthode me semble préférable dans les terrains légers.

C’est immédiatement après que le fumier a été déposé en terre, qu’en Angleterre on sème les navets, et l’on emploie à cet effet l’un des semoirs décrits et figurés au chap.

  1. Dans cette figure, comme dans les suivantes, la charrue est censée arriver au-devant du spectateur.