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liv. ier.
Agriculture : sol.

Les graminées qui y croissent spontanément arrêtent, lors des grandes eaux, le limon fertilisant ; elles augmentent ainsi peu-à-peu l’élévation du sol et résistent aux efforts désastreux des forts courans. C’est pourquoi on laisse en pâture ou en prés les parties les plus exposées des rivages que l’on défend en outre par des plantations d’osiers et par le couchage périodique de celles de leurs branches qui se trouvent directement sur les bords du fleuve. — Les frênes, les ormeaux cultivés en têtards, donnent de trois en trois ans des coupes superbes, et produisent chaque été par leurs feuillages un riche supplément de fourrage. — Les peupliers croissent avec une rapidité remarquable. — Les arbres fruitiers, à pépins surtout, se couvrent d’abondans et d’excellens fruits. Les noyers, les châtaigniers, les mûriers blancs, etc., etc., ne prennent nulle part un développement plus grand et plus rapide. — Enfin, les légumes d’été et les racines alimentaires que chaque habitant cultive avec parcimonie dans son petit jardin, acquièrent un volume considérable sans rien perdre de leur goût : privilège particulier à ces sortes de terrains, dans lesquels l’humidité féconde qui développe, est combinée en de justes proportions avec la chaleur qui mûrit et qui donne la saveur.

Toutes les terres de nature sablo-argileuse sont faciles à travailler. Celles dont je parle actuellement sont tellement divisées entre les petits propriétaires ou leurs fermiers, que chacun cultive sa parcelle sans le secours de la charrue. — Les labours se font au moyen d’une large houe (fig. 22). — On dirait un vaste jardin entretenu avec le plus grand soin.

Fig. 22.
Fig. 22.

Tant que les sables sont mélangés à une certaine quantité de terre végétale, on peut leur demander d’utiles produits. — Nous venons de voir que leur fertilité augmente à mesure qu’ils prennent plus de consistance, jusqu’à former sans nul doute les meilleures terres connues. — Elle diminue au contraire à mesure qu’ils perdent trop de leur adhérence. — Le premier degré de cette progression décroissante, est le passage des terres à froment aux terres à seigle. — En pratique une telle modification en résume une foule d’autres.

Dans ces sortes de terres, les végétaux qui font la base des assolemens sont le seigle, l’orge, l’épeautre et le sarrasin, parmi les plantes panaires ; — le sainfoin, la lupuline, le mélilot, les cicers, les lentillons et quelques autres, parmi les fourrages verts ; — les raves ou turneps, et les navets, parmi les racines alimentaires ; — enfin la navette, la cameline, la gaude, etc., etc., parmi les plantes propres aux arts.

Au nombre des arbres qui y croissent le mieux, on peut citer, après le saule marsault, l’osier des sables, le peuplier blanc et le bouleau, les chênes et particulièrement le rouvre et le tauzin, l’orme, le charme, l’érable commun et celui de Montpellier, le frêne à fleur, le hêtre et la plupart des pins.

II. Terres quartzeuses et graveleuses. — Le quartz, pierre à base de silice, se rencontre dans une foule de roches, et par suite dans un grand nombre de terrains. — On donne le nom de quartzeux, non pas à tous ceux qui en contiennent, même en proportion assez considérable, des fragmens plus ou moins volumineux, mais à ceux qui en sont composés en majeure partie. Ils ne se distinguent pas alors sensiblement, sous le point de vue de la culture, des sols graveleux ; seulement les petites pierres roulées de la grosseur moyenne d’une noisette, qui composent ces derniers, ne sont pas toutes de même nature ; selon la formation géologique des montagnes dont elles ont été détachées, elles sont tantôt siliceuses, tantôt alumineuses, et tantôt calcaires. Cependant presque toujours les graviers siliceux prédominent dans la masse, et presque toujours aussi ils y sont mêlés à une certaine quantité d’argile, produite, soit par la propre décomposition des roches, soit par les sédimens entraînés par le cours des eaux. Les terrains graveleux doivent donc être considérés dans la plupart des cas, comme des sols sablo-argileux. Lorsque les cailloux qui les caractérisent sont volumineux, et qu’ils ne sont pas unis par une quantité suffisante de terre végétale, on ne peut guère les utiliser autrement que par des plantations. Les bouleaux, le saule marsault et quelques autres, l’orme, et, quand ils offrent un peu plus de consistance à une certaine profondeur, les chênes y réussissent communément. — À leur défaut, les conifères y croissent parfaitement. — Les arbres fruitiers y donnent des produits exquis. — La vigne à bonne exposition y procure en petite quantité un vin d’excellente qualité.

Si les sols graveleux sont composés de fragmens moins gros et mélangés à une plus grande quantité de terre, on peut leur confier diverses plantes annuelles parmi lesquelles on devra choisir de préférence celles qui arrivent à maturité avant la grande sécheresse, comme le seigle, l’orge, etc., etc., ou celles qui donnent des produits de jardinage d’un prix assez élevé pour indemniser des frais inévitables d’arrosement. — Du reste, les terres de graviers fins rentrent tout-à-fait, quant à leur culture, dans la classe des terres sablonneuses ou sableuses dont j’ai parlé au commencement de ce paragraphe avec des détails suffisans pour y renvoyer le lecteur.

III. Terres granitiques. — Elles sont encore à peu près dans le même cas. La décomposition du granite donne naissance à un sable argileux très-aride par lui-même et assez peu susceptible d’amélioration, à moins d’amendemens calcaires ou argilo-calcaires, et d’abondans engrais. — Le seigle, l’épeautre font la base de la grande culture des pays granitiques. — Il faut, pour que les prairies naturelles et artificielles