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dans les terres légères, sont la profondeur convenable.

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§ viii. — Des cultures d’entretien du maïs.

Lorsque les jeunes pieds de maïs ont atteint quelques pouces de hauteur, qu’ils montrent leur 3e ou 4e feuille, ordinairement vers le commencement de juin, on procède à un premier binage, soit à la main (voy. pag. 226 et suiv.), ce qui peut paraître préférable à cette époque de la végétation, soit à la houe à cheval (voy. pag. 228 et suiv.). Pendant l’opération, il faut avoir soin d’éviter de recouvrir la tige, ce qui pourrait la faire pourrir, surtout s’il entrait de la terre dans le cornet. — On commence à éclaircir les pieds trop rapprochés ; — on en repique, ou on sème de nouveau dans les places vides. Si on préfère le premier moyen, quoique le plus long, pour en obtenir les meilleurs résultats possibles, on fera bien, à l’aide d’une houlette, d’arracher les jeunes plants de repiquage en mottes. Encore, malgré cette précaution, éprouveront-elles sur les autres un retard marqué. — Si l’on choisit l’autre moyen, que nous avons trouvé généralement préférable, on doit semer le maïs quarantain ou toute autre variété assez précoce pour atteindre la maturité du premier.

La seconde façon se donne 15 ou 20 jours après la première, à la charrue à deux versoirs, dite cultivateur. Elle procure à la fois un binage, un sarclage et un butage parfaits, qui a pour but, moins encore d’affermir la plante que d’ajouter à sa vigueur par suite de la sortie des nouvelles racines. — À cette époque, on supprime les tiges latérales qui poussent du collet, et qui affameraient la tige principale sans donner en compensation des produits suffisans. — C’est aussi le moment d’achever d’éclaircir. Les pieds de maïs ayant acquis 15 ou 18 pouces peuvent être utilisés à l’étable.

Dans quelques localités, avant de buter, on est dans l’usage de déposer au pied de chaque touffe un supplément d’engrais pulvérulens ou liquides. Sur les sols de consistance moyenne et un peu frais, le noir animalisé et la poudrette produisent, de cette sorte, de puissans effets. — Les Lucquois emploient les matières fécales délayées dans l’eau. C’est à cet arrosement distribué avec parcimonie au pied de chaque plante, qu’ils doivent ces abondantes récoltes de maïs quarantain qu’ils retirent des terres où ils ont semé ce grain aussitôt que le blé en a été enlevé.

Presque partout on néglige un troisième binage, parce que, une fois que le maïs couvre suffisamment le terrain, il y a beaucoup moins à redouter la croissance des mauvaises herbes, et parce que les butages perdent de leur importance à mesure que la végétation approche de sa fin. Cependant, vers l’époque de la floraison, une dernière façon, moins profonde que la précédente, est assez souvent profitable lorsqu’elle peut s’exécuter à peu de frais.

Peu de temps après la fécondation, on casse, dans beaucoup de lieux, la sommité des tiges de maïs pour les donner aux bestiaux. Sans doute il y a quelques inconvéniens à faire cette suppression, qui occasione une perturbation assez grande dans les mouvemens de la sève. Quelques cultivateurs croient avoir remarqué qu’elle nuit à la grosseur et qu’elle retarde la maturité des épis ; mais cette différence est bien peu sensible, puisque d’autres prétendent avoir observé le contraire. Quoique nous nous rangions du premier avis, nous ne voudrions pas proscrire une pratique qui, lorsqu’elle n’est pas faite trop tôt, car alors nous savons par expérience qu’elle peut occasioner la coulure des fleurs ou la naissance de sous-bourgeons latéraux, ne nous paraît pas présenter autant d’inconvéniens que d’avantages.

Lorsqu’on veut utiliser l’intervalle qui sépare les lignes de maïs par d’autres cultures, il faut renoncer aux binages et aux butages à la houe à cheval ou au cultivateur. Les binages à la main deviennent même difficiles, et le sol, qui produit davantage, se trouve aussi plus fatigué, de sorte que les avantages, en dernière analyse, ne sont pas aussi clairs qu’on pourrait le croire au premier aperçu.

La culture du maïs, même semé comme fourrage dans les interlignes, donne cependant, sans ces derniers inconvéniens, de bons produits. Détruit avant le moment de la fructification, il épuise peu le sol et il peut faire place à un semis de navets, de raves, à une plantation de choux ou autres plantes destinées à être consommées pendant l’hiver. — Entre les rangs plus rapprochés du maïs quarantain, on pourrait aussi, à une récolte fourragère, faire succéder une plantation de colza. — Enfin, on peut encore faire, simultanément avec le maïs, d’autres semis de printemps qui exigent eux-mêmes des binages, tels que ceux de haricots, de pavots, de pommes-de-terre, etc., etc. Ce dernier moyen est souvent employé dans les pays de petite culture.

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§ ix. — Récolte et conservation.

Il y a plusieurs manières de récolter le maïs. Les uns, c’est le plus petit nombre, arrachent les tiges ; — les autres les coupent à fleur de terre avec la serpe ou la houe tranchante ; — d’autres, enfin, détachent l’épi et laissent la tige sur place. — Après la cueillette, on étend les épis sur l’aire ou sous un abri aéré, et on y forme des couches de 7 à 8 pouces d’épaisseur, que l’on remue fréquemment pour que leur humidité se dissipe. Quelques cultivateurs ont soin de ne récolter que la quantité d’épis qu’ils peuvent dépouiller le même jour ou le lendemain. Cette précaution est utile pour en prévenir la fermentation.

Le dépouillement ou effeuillement des épis est presque toujours confié aux femmes et aux enfans. Assis au tour des tas de maïs qu’ils ont formés, chacun prend un épi d’une main, en détache de l’autre les spathes qui l’enveloppent, et le frottent entre les doigts pour en enlever les barbes encore adhérentes aux grains. Dans quelques pays, au lieu de dépouiller l’épi complètement, on lui laisse 2 ou 3 feuilles propres à servir d’attache à plusieurs épis qu’on lie ensemble pour les tenir suspendus.