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lées et l’excessive humidité du sol. Non seulement les avoines mises les premières en terre sont les plus belles, si le temps leur est favorable, mais elles mûrissent plus tôt, de sorte qu’elles ont moins à craindre les effets de la grêle, des vents, et qu’elles donnent plus de temps pour préparer le sol à recevoir d’autres cultures. — Dans plusieurs localités, on donne pour motif des semailles tardives de l’avoine, la nécessité de détruire, en faisant ce semis, la raveluche ou sanve (Sinapis arvensis), qui, sans cela, serait beaucoup plus abondante et nuirait à l’avoine.

Il est toujours fort difficile, en agriculture, d’indiquer des quantités précises. C’est surtout par rapport aux semis d’avoine que cette difficulté se fait sentir. Non seulement il faut plus de grains pour les semailles à la herse que pour les semis sous raies ; — pour ceux qu’on effectue en automne, quand on a encore tout à redouter des gelées, que pour ceux qu’on diffère jusqu’à la fin de l’hiver ; mais l’état de fécondité du sol et les coutumes locales, en général, basées sur la connaissance du climat, apportent de si grandes différences qu’il serait fort imprudent de chercher à formuler ce qui doit varier sans cesse. De toutes les céréales, l’avoine est cependant celle qu’il y a le moins d’inconvénient à semer épais. Dans quelques parties de l’Angleterre, on ne craint pas d’employer, au dire de M. de Dombasle. jusqu’à 6 hectol. par hectare. — En France, la quantité la plus ordinaire est, comme pour l’orge, de 2 à 3 hect., bien que, sur divers points, on en répande quelquefois moins encore sur les bonnes terres.

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§ v. — Du mode des semis et des cultures d’entretien.

Quoiqu’on ait proposé, à diverses reprises, de semer l’avoine en lignes comme les blés, à l’aide du semoir ou du plantoir, ni l’une ni l’autre de ces coutumes n’ayant prévalu nulle part, nous ne nous occuperons ici que des semis à la volée. — Ils ne se pratiquent pas partout de la même manière : tantôt on laboure le sol préalablement aux semailles ; on sème, et on recouvre à la herse. — Tantôt on répand la graine sur le vieux labour, et on l’enterre par une seule façon à l’extirpateur ou à la charrue. — D’autres fois, enfin, on sème à la surface du champ non labouré, et on couvre à la charrue.

Le premier moyen convient sur les sols compactes qui exigent plusieurs labours préparatoires ; dans lesquels les graines lèveraient mal et tardivement, si elles étaient trop profondément enterrées ; et qui ne se prêteraient d’ailleurs que fort difficilement aux deux autres moyens. C’est la méthode la plus ordinaire.

Le second est excellent sur les terres de consistance moyenne, lorsqu’elles ne sont pas rassises, depuis le dernier labour, assez pour rendre l’action de l’extirpateur pénible ou incomplète.

Le troisième moyen remplit suffisamment le but qu’on se propose dans les terrains légers, parce que, d’une part, un seul labour les divise suffisamment, et que, de l’autre, il importe que les semences soient à une assez grande profondeur pour profiter du peu de fraîcheur qu’elles ne trouveraient pas plus près de la surface.

Les cultures d’entretien se bornent à des sarclages, et, selon les circonstances, des roulages ou des hersages. Pour ces trois opérations, nous renvoyons à ce qui a été dit précédemment à l’occasion du froment. — Afin d’éviter un double emploi, nous prions également le lecteur de consulter, pour les récoltes des blés et de l’avoine, la 3e section du chap. XI de ce livre. Pour le javelage et les diverses manières de l’exécuter, voir page 299, et la figure 412.)

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§ vi. — De la quantité des produits.

On a souvent cherché à comparer les produits de l’avoine à ceux de l’orge, pour faire ressortir les avantages de la culture de l’une ou de l’autre de ces céréales. Pécuniairement parlant, la différence tient surtout à deux causes dont on n’a pas toujours assez tenu compte : le climat et les moyens de consommation. — Si, dans le midi, l’orge est généralement plus productive, dans le nord il arrive souvent le contraire. A cet égard, c’est au cultivateur, avant de se fixer, à bien étudier le pays qu’il habite. — D’un autre côté, le prix relatif de ces deux grains varie selon les besoins du commerce, pour la fabrication de la bière ou la nourriture des chevaux, de manière que chacun, sous ce second point de vue, ne doit encore prendre conseil que de la position dans laquelle il se trouve. FIG. 561.

En Belgique, d’après les calculs de Schwertz, la production de l’avoine est en volume à celle de l’orge, comme 24 à 17. Arthur Young est arrivé à très-peu près aux mêmes résultats pour l’Angleterre. La différence est au moins aussi forte au nord et au centre de la France.

Oscar Leclerc-Thouin et Vilmorin.

Section v. — Du Sarrasin.

Le Sarrasin (Polygonum Fagopyrum L.) ; en anglais, BuckWheat ; en allemand, Buch-weizen, Heidekorn ; en italien, Grano saraceno, Polenta negra ; en espagnol, Trigo negro ; vulgairement blé noir, carabin, bucail, bouquette, appartient à l’octandrie trigynie de Linné et à la famille naturelle des polygonées. Il se re-