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chap. 15e.
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du seigle.

épillets sont ordinairement à deux fleurs. Les grains sont alongés, lisses et de couleur variable. Cette espèce, comme son nom l’indique, est la plus généralement cultivée. Elle a donné naissance à diverses races d’un mérite reconnu, mais dont il est difficile de déterminer la valeur relative, attendu que l’abondance et la qualité de leurs produits sont étroitement dépendantes de circonstances de climat et de terrain peu appréciables autrement que par des essais locaux. Nous indiquerons les principales seulement de ces variétés.

2. L’Avoine d’hiver se distingue de la précédente plutôt par sa rusticité plus grande que par ses caractères botaniques. Cependant elle en diffère assez sensiblement par la couleur de ses balles rayées de gris brun. — Dans une partie du sud-ouest et de l’ouest de la France, notamment en Bretagne, on la sème en septembre et au commencement d’octobre. Sa maturité est précoce, sa paille fort abondante, et ses grains, à la fois plus nombreux et plus pesans, sont par cela même de meilleure qualité que ceux de l’avoine commune. — Malheureusement elle parait être d’une réussite fort incertaine dans le centre, l’est, et à plus forte raison le nord de la France. Dans ces contrées, on peut néanmoins l’employer très-utilement, comme on le fait dans une partie du Berry, pour les premiers semis de février ou même de la fin de janvier. La propriété qu’elle possède de mieux résister aux froids que les avoines printanières, lui donne en pareil cas, sur elles, un avantage marqué, en certaines années.

3. L’Avoine noire de Brie est une des variétés les plus productives dans les bons terrains ; son grain, noir comme son nom l’indique, court, mais renflé, est de très-bonne qualité.

4. L’Avoine de Géorgie, nouvellement introduite, et, selon nous, trop peu connue encore dans nos départemens, a le grain d’un blanc jaunâtre. Ce grain, remarquablement gros, lourd et si bon qu’il faut éviter de le donner en trop grande quantité, n’a d’autre inconvénient que la dureté de son écorce, qui le rend d’une mastication difficile pour les vieux chevaux. Sa paille est grosse, élevée et cependant douce et fort bonne comme fourrage. Ses feuilles sont très-larges. Cette variété, précoce et féconde, au moins sur les bonnes terres, nous parait devoir attirer l’attention des cultivateurs.

5. L’Avoine patate, A. Pomme-de-terre, a le grain blanc, court, mais pesant et farineux, cette variété s’est beaucoup répandue depuis un certain nombre d’années en Angleterre. Dans les essais faits en France, du moins dans ceux qui nous sont connus, elle s’est d’abord montrée excellente, mais elle n’a pas soutenu long-temps cette supériorité. Elle nous a paru particulièrement sujette au charbon.

6. L’Avoine unilatérale ; — A. de Hongrie ; — de Russie (Avena orientalis) (fig. 558), est considérée par la plupart des botanistes comme une espèce distincte, facile à reconnaître à ses panicules resserrées, dont les grains, portés sur de très-courts pédicules, s’inclinent tous du même côté. On en cultive deux variétés, l’une à grains blancs, l’autre à grains noirs. Cette dernière est extrêmement productive dans les bons terrains. D’après plusieurs essais répetés chez l’un de nous, elle est au contraire inférieure à l’avoine commune dans les terrains pauvres ; son grain est, surtout en pareil cas, maigre et d’un faible poids ; elle est, d’un autre côté, assez sujette à échauder. Malgré ces inconvéniens, son grand produit en grain et en paille lui fait donner dans plusieurs lieux la préférence sur toutes les autres. — L’avoine unilatérale blanche est remarquable par la force et la hauteur de sa paille. Son grain est souvent encore inférieur en qualité à celui de la noire, mais elle réussit mieux sur les mauvais fonds.

7. L’Avoine nue (Avena nuda) (fig. 559) est aussi considérée comme une espèce ; elle diffère des autres par ses épillets de 4 à 5 fleurs réunies en petites grappes, et par la disposition de ses grains à sortir tout mondés de la balle par l’effet du battage. Cette espèce, qui, au dire de M. De Candolle, est préférée dans certains pays pour la confection du gruau, nous a toujours paru d’un faible produit.

8. L’Avoine courte ; — A. pied de mouche (Avena brevis) (fig. 560), a les feuilles courtes très-érigées, d’un vert blond ; — la panicule est lâche et légère ; — les barbes, persistantes et fortement genouillées, sont plus courtes que celles des autres espèces ou varié-