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liv. ier.
AGRICULTURE : DES CEREALES ET DE LEUR CULTURE SPÉCIALE.

quand on ne sème pas sous raie, doit-on chercher à donner à la herse la plus grande entrure possible.

Il est à peine besoin de dire que pour cette plante, comme pour toute autre, il est nécessaire de choisir des graines de bonne qualité nettes et bien nourries. On a aussi recommandé de les chauler, dans la crainte du charbon. Cette précaution, qui ne présente aucun inconvénient, peut être souvent utile.

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§ iv. — De la culture d’entretien et de la quantité des produits.

Les façons qu’exige l’orge ultérieurement aux semailles sont peu nombreuses, et souvent totalement négligées ; — on roule sur les terrains qui exigent cette précaution ; — on herse quelquefois lorsqu’une forte pluie a durci le terrain à sa surface, pour faciliter la sortie des germes ; mais, dès que la plante est levée, cette opération, à moins qu’on ne la fasse avec beaucoup de circonspection et à l’aide d’instrumens légers, présente plus d’inconvéniens que d’avantages, parce que l’orge casse avec une extrême facilité. La plupart des variétés d’orge pèsent moins, à volume égal, que le seigle, et à plus forte raison que le froment, quoique la disproportion ne soit pas toujours la même. La grosse orge nue à deux rangs fait seule exception à cette règle. Après elle viennent l’orge céleste et les autres orges nues ; puis, parmi les espèces ou variétés à semences couvertes, l’orge éventail, l’orge proprement dite, l’escourgeon d’hiver et celui de printemps, qui occupe un des derniers rangs. — Mais si, sous le rapport du poids, comme sous beaucoup d’autres, l’orge le cède au froment, généralement elle l’emporte du moins sous celui de la production. — D’après Schwertz, la moyenne du froment par journal de Magdebourg, étant en Belgique de 11,80 sheffels de Berlin, celle de l’orge est de 17,93. — Du temps d’Arthur Young, la différence en Angleterre était de 9,39 à 12,60 en terrains ordinaires, et, dans les lieux où la culture du froment avait fait le plus de progrès, de 15 à 18 seulement. Nous ignorons si de pareils calculs ont été faits pour la France.

Nous avons déjà dit que la paille de cette céréale est peu estimée dans beaucoup de lieux, tandis que dans d’autres on en fait grand cas. La masse de ses produits varie considérablement de saison à saison et de variété à variété.

Oscar Leclerc-Thouin et Vilmorin .

Section iv. — De l’Avoine.

L’Avoine (Avena sativa, Lin.) ; en anglais, Oat, en allemand, Haber ; en italien, Vena, et en espagnol, Avenua, sert beaucoup moins fréquemment qu’aucune des céréales précédentes à la nourriture de l’homme. Ses grains rendent peu de farine, et le pain qu’on en obtient est noir, lourd, amer et d’une saveur désagréable. Cette même farine sert à faire des bouillies et des gâteaux de plusieurs sortes. — Le gruau d’avoine, tel qu’on le fabrique en assez grande quantité dans une partie de la Bretagne, est aussi utilisé en quelques lieux comme aliment ; on l'emploie dans la médecine hygiénique. — On extrait de l’eau-de-vie du grain de cette plante. — Ses fanes vertes procurent un fourrage abondant et très-sain pour tous les ruminans ; — sa paille, quoiqu’elle ne leur plaise plus autant, leur convient cependant encore. Dans les provinces du centre de la France, on la destine particulièrement aux vaches, pour lesquelles on la considère comme un excellent fourrage. Parfois on la donne en petite quantité sans l’avoir battue ; — Mais ce sont ses grains qui font incontestablement le principal mérite de l’avoine pour la nourriture des animaux de travail. Les chevaux auxquels on veut donner de l’ardeur, les moutons qu’on engraisse, les brebis nourrices dont on veut augmenter la quantité du lait, les oiseaux de basse-cour dont on cherche à accélérer la ponte printanière, se trouvent également bien d’en manger. — Les balles d’avoine ont de plus quelques usages économiques.

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§ ier. — Espèces et variétés.


Les caractères généraux de l’avoine sont d’avoir une glume bivalve, qui renferme le plus souvent deux, quelquefois un plus grand nombre de fleurs hermaphrodites, à côté desquelles on en rencontre parfois de stériles par défaut d’organes femelles. La balle est aussi à deux valves pointues, dont l’extérieure porte une arête genouillée. Cette arête manque ou tombe de bonne heure dans beaucoup de variétés. Les fleurs sont disposées en panicules.

1. L’Avoine commune (Avena sativa) (fig.557) a les fleurs disposées en panicules lâches ; — les