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chap. 15e.
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DU FROMENT.

puisse les placer et déplacer facilement, selon le besoin. Enfin, lorsqu’il ne s’agit que d’empêcher le passage des animaux, deux poteaux placés de chaque côté du passage reçoivent une ou plusieurs traverses dans des ouvertures pratiquées à cet effet, et dans lesquelles on fait glisser la traverse en avant ou en arrière, suivant qu’il s’agit d’ouvrir ou de fermer la baie ; cette dernière construction se nomme aussi barrière ; il serait inutile de la figurer. Lorsqu’on veut laisser le passage libre aux gens à pied et l’interdire aux animaux, on peut placer un tourniquet (fig. 530) ou adopter quelques dispositions analogues à celles représentées (fig. 531 et fig. 532 ).

Labbé.

Chapitre xv. — des céréales et de leur culture spéciale.

Le mot céréale, dérivé de Cérès, déesse des moissons, s’applique dans notre langue aux plantes panaires ou autres, à semences farineuses, appartenant spécialement à la grande famille des graminées. Il comprend donc le Froment, le Seigle, l’Orge, l’Avoine, le Riz, le Millet, le Maïs, le Sorgho, l’Alpiste. Quelques autres graminées non cultivées dont les grains se récoltent parfois pour servir d’alimens, telles que la Fétuque flottante et la Zizanie, ne sont pas regardées comme céréales, tandis que, au contraire, on comprend assez ordinairement parmi elles le Sarrasin, bien qu’il appartienne à une autre famille, celle des polygonées.

Les céréales, ou du moins les principales d’entre elles, font la base de la nourriture des hommes sur une grande partie du globe. En France surtout, malgré l’extension progressive de la culture des pommes-de-terre, le pain de froment, de seigle, d’orge ou de maïs, est encore la principale ressource de la population. Aussi le sort du pays est-il étroitement lié à l’abondance ou à la faiblesse des récoltes de blé. — Nous traiterons successivement de chaque espèce en particulier.

Section ire. — Du froment.

Le Froment (Triticum, Linn.), en anglais, Wheat ; en allemand, Weizen ; en italien, Grano, et en espagnol, Trigo, a des usages beaucoup plus importans que nombreux et qui sont trop généralement connus pour que nous croyions devoir les détailler ici. Ses tiges servent de fourrage et de litière ; on les emploie parfois à divers usages économiques. Ses grains, dont on réserve le son pour la nourriture des animaux de basse-cour, et dont on emploie diversement la farine, soit pour en obtenir le meilleur pain connu, soit pour la transformer en quelques-unes de ces pâtes vendues sous le nom de vermicelle, semoule, etc., contiennent sous un petit volume, plus de parties nutritives qu’aucune autre substance végétale, et sont considérées à bon droit comme le plus riche produit de notre sol.

[15:1:1]

§ ier. — Espèces et variétés.

Soumis à la culture de temps immémorial, et répandu sur une grande partie du globe, le Froment a éprouvé, plus qu’aucune autre plante, l’influence des causes qui tendent à faire varier les végétaux ; aussi s’est-il modifié à tel point qu’il en existe aujourd’hui des centaines de variétés, et que, tous les jours encore, nous voyons celles-ci changer et se subdiviser sous nos yeux. Leur grand nombre, leur peu de fixité, et par-dessus tout la confusion de leur nomenclature, font qu’il est très-difficile de les déterminer avec quelque précision ; et, ce qui ne l’est pas moins, c’est de les rapporter à leur souche primitive.

A-t-il existé originairement une seule ou plusieurs espèces de froment ? Ces types se sont-ils conservés jusqu’à nous, et peut-on les retrouver parmi les nombreuses variétés que nous possédons ? Ces questions, probablement, ne seront jamais résolues, ou plutôt elles le seront de diverses manières, comme elles l’ont été jusqu’à présent. Mais, ce qu’il y a ici d’évident, c’est : 1o qu’il est nécessaire pour les cultivateurs de pouvoir reconnaître les variétés, ou du moins les principales d’entre elles, attendu que leurs différences ne se bornent pas à la couleur, à la forme de l’épi ou à quelques autres caractères extérieurs, mais, presque toujours, s’étendent aux qualités économiques et agricoles ; 2o qu’il n’est possible d’arriver à cette connaissance qu’en créant, à défaut d’espèces naturelles bien constatées, des groupes ou des espèces artificielles.

Linné, dont les travaux de classification ont embrassé l’universalité des plantes connues de son temps, avait admis 7 espèces dif-