Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
liv. ier.
AGRICULTURE : DES CLOTURES RURALES.

lorsque le sol est consacré, toujours ou alternativement, au pâturage du bétail ou transformé en prairies artificielles consommées sur place, parce qu’elles procurent aux troupeaux un abri favorable et en rendent la garde plus facile. D’après ces considérations, il convient donc de donner aux clos plus d’étendue si le sol est humide et consacré principalement à la culture des grains ; si, au contraire, le terrain est sec et est principalement destiné au pâturage du bétail, il est avantageux qu’il soit réparti en divisions moins considérables. En thèse générale, des clôtures solides et une répartition convenable des terres, opérée par le moyen de haies vives, fortes et suffisamment garnies, contribuent essentiellement à la bonne administration d’un fonds ; facilitant les moyens d’en tirer des produits divers et de le faire pâturer par du bétail de divers genres ; enfin, les vols et les dommages sont beaucoup plus rares dans les lieux où des haies sont établies que dans les champs ouverts.

Il y a plusieurs sortes de clôtures, les murailles, les fossés et les haies.

    1. sections ##
      Section 1re. — Des murailles.

On emploie ordinairement pour la construction des murailles, les matériaux fournis par les localités qui sont le plus à proximité du lieu où elles doivent être élevées. Ces matériaux sont : le moëllon, la pierre de meulière, la brique, et même la terre lorsqu’elle est de nature à pouvoir être employée à cet usage.

Murailles de moëllons. — Les murailles construites en moëllons piqués, liés entre eux par un bon mortier à chaux et à sable, avec des chaînes en pierres de taille, et couverts de dalles de pierre dure, sont les plus durables ; mais elles ne s’emploient ordinairement que pour enclore des espaces peu étendus et attenant à une riche habitation, à cause du haut prix auquel reviennent ces constructions. On emploie de la même manière le moëllon brut ; mais alors on le crépit avec le même mortier qui a servi à la construction, ou on l’enduit d’une légère couche de plâtre.

Murailles de pierre de meulière. — Ces murailles se construisent comme les précédentes ; mais cette sorte de pierres étant rude et mal unie, il est nécessaire de les crépir en mortier pour en faire disparaître les inégalités ; on substitue souvent aux dalles qui servent à les couvrir un chaperon fait avec la même pierre, et quelquefois de tuiles ou de briques. Pour cette partie de la construction, on place sur l’extrémité supérieure de la muraille, et des deux côtés si le mur est mitoyen, un rang de pierres plates les plus droites et autant que possible de la même épaisseur, qui débordent de 4 à 5 centimètres. Cette partie se nomme larmier ou égout. On place au-dessus, et au niveau de la façade de la muraille, un premier rang de pierres ou de briques, et successivement, en rapprochant chaque assise du centre de la construction, de manière que cette construction se termine par un angle obtus que l’on nomme la crête du chaperon, et qui ne doit être élevé au-dessus du larmier que de 32 à 40 centim., plus ou moins, en proportion de l’épaisseur du mur. Ces chaperons doivent toujours être faits avec soin, car c’est de leur bonne construction que dépend la conservation et la durée du mur.

Murailles en briques. — On procède pour la construction des murailles en brique, en tout point comme il a été dit ci-dessus pour les murailles en pierres de meulière ; mais dans ces constructions en moëllon brut, pierre de meulière et brique, on substitue souvent, par économie, un mortier en terre au mortier à chaux et à sable ; alors on élève de distance en distance une chaîne en maçonnerie faite avec du bon mortier, d’une largeur de 1 m. à 1 mèt. 32 cent. pour remplacer les chaînes en pierre de taille, et on crépit le tout en mortier à chaux et à sable.

Murailles en pierres sèches. — Ce n’est guère qu’autour des cours et jardins qu’on trouve les véritables murailles dont nous venons de parler ; mais il arrive souvent qu’on entoure les possessions rurales de murs en pierres sèches ou en terre. Les premières (fig. 494) se construisent en superposant, sans mortier, des pierres de toute nature, telles que le local les fournit, et quelquefois ramassées par le cultivateur dans le champ même qu’il veut enclore. Ces murs, couverts d’un bon chaperon et crépis de chaque côté, sont peu coûteux et se maintiennent longtemps. Quelquefois même, sans les crépir, on n’emploie d’autre couverture qu’un chaperon sans mortier, mais dont les pierres sont placées avec soin sur 2 ou 3 rangs seulement, pour que les vents aient moins de prise et qu’ils puissent leur résister ; enfin, on se borne le plus souvent à unir les pierres avec de la mousse ou des plaques de gazon. Si l’on n’a que peu de pierres plates et larges, il ne faut pas donner au mur beaucoup d’élévation : on le couvre avec du gazon et on y plante des groseillers ou des ronces, qui y réussissent fort bien ; ces arbustes donnent aux murs plus de solidité, et rendent la clôture plus défensive.

Murs en plâtras. — Les murs en plâtras, tels qu’on en voit chez les maraîchers de Montreuil près Paris, se bâtissent avec les débris de vieilles constructions en plâtre liées ensemble avec du mortier en terre et crépis des deux côtés, ou seulement du côté de la culture, par une légère couche de plâtre. Ces murs sont propres, durent assez longtemps et forment d’excellens supports pour les arbres palissés à la loque.

Murailles en terre. — À défaut de pierres, et lorsque la terre offre assez de consistance, on en fait des murs en la comprimant lit par lit entre deux planches ; ces murs sont presque toujours recouverts par un petit toit en chaume, ou par un chaperon en plaques de gazon : ces constructions durent assez de temps et sont très-économiques, puisqu’elles ne coûtent que la main-d’œuvre. D’ailleurs, la terre qui les compose, exposée aux influen-