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liv. ier.
Agriculture : conservation des récoltes.

ait cherché d’autres moyens de conservation des blés.

On trouvera ci-après les indications relatives à la conservation en silos.

Nous terminerons cet article en cherchant à donner une idée d’un grenier dit perpendiculaire, de l’invention de sir John Sinclair, qui paraît avoir été employé avec succès en Angleterre, et qui est maintenant en essai dans le domaine de M. le comte d’Auberville, à Fontenay en Brie (Seine-et-Marne).

Ce grenier, comme on le voit par les élévation, coupe et plan (fig. 456 et 457), est un bâtiment de forme carrée, ouvert, à sa partie supérieure, par une espèce de lucarne avec balcon saillant et poulie pour le montage des sacs, et à sa partie inférieure par une porte destinée à retirer les grains. Dans la partie intermédiaire, les murs sont percés, à des intervalles convenables, par des ouvertures en losange de 11 à 13 centim. (4 à 5 po. de côté), qui se correspondent exactement pour les 2 murs opposés. De chacune de ces ouvertures à celle qui y correspond, règne intérieurement un conduit ou rigole renversée, formée par 2 planches. Enfin, au-dessus du rez-de-chaussée est un plancher formé par plusieurs trémies débouchant dans une plus grande, laquelle se ferme ou s’ouvre à volonté au moyen d’une trappe à coulisse.

Maintenant, si, cette trappe étant fermée, on emplit le grenier de blé par sa partie supérieure, il restera sous chacune des rigoles renversées un vide par lequel l’air extérieur circulera et rafraîchira constamment la masse du blé. Remarquons, à ce sujet, que les ouvertures qui y correspondent dans les murs sont : 1° en pente, de l’intérieur à l’extérieur, de façon à ne pas donner accès à la pluie, à la neige, etc. ; 2° et fermées de treillis en toile métallique, pour empêcher l’introduction des oiseaux et même des insectes.

De plus, si, pour retirer une quantité plus ou moins considérable de grains, on ouvre la trappe de la trémie inférieure, toute la masse du blé sera mise en mouvement, et d’autres parties que celles qui précédemment étaient en contact avec l’air, au moyen des rigoles, arriveront à leur tour à ce contact, ce qui permet de nettoyer en très-peu de temps la masse entière du blé, et de le remuer dans toutes ses parties sans beaucoup de difficultés.

On ne peut méconnaître ce que cet appareil a d’ingénieux et en même temps de simple, au moins en apparence. Il ne parait pas non plus que l’exécution et la manutention doivent avoir rien de difficile ni de fort coûteux. C’est à l’expérience à prononcer sur les avantages ou les inconvéniens qui peuvent en résulter ; et c’est pour mettre les agriculteurs, curieux de ces sortes d’expériences, à même de s’en rendre compte, que nous avons consigné ici les indications qui précédent.

Tout ce que nous avons dit précédemment relativement aux greniers à blé s’applique également aux Greniers à avoine, si ce n’est que cette dernière espèce de grain étant proportionnellement moins pesante, il est possible de donner un peu plus de hauteur aux couches. Gourlier.

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§ ii. — Des fosses de réserves ou silos.

Lorsqu’on réfléchit aux conséquences désastreuses des disettes et aux inconvéniens des brusques variations dans les prix des grains qui servent à la nourriture de l’homme, on reconnaît qu’il n’est pas, pour l’économie sociale et la prospérité d’une nation, d’objet plus intéressant qu’un moyen de conservation des céréales, propre à rendre, en quelque sorte, uniforme et indépendant des accidens des saisons, le cours de cette denrée de première nécessité. On ne saurait donc s’étonner des recherches nombreuses qui ont été faites sur les silos, pour guider avec sûreté les propriétaires et les commerçans qui veulent conserver leurs récoltes pendant un certain nombre d’années, ou se livrer à des spéculations sur le commerce des grains.

L’usage d’enfouir les grains dans des fosses de différentes formes pour les conserver, remonte à une antiquité très-reculée, et a été mise en pratique dans beaucoup de contrées diverses. On peut citer comme modèles en ce genre les silos égyptiens et romains, qui sont bien connus ; ceux en usage dans l’Afrique, l’Asie, en Chine ; enfin, les silos hongrois, les caisses hollandaises, les magasins suisse, etc. M. de Lasteyrie, qui, dans ses voyages, avait reconnu l’utilité de ces sortes