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les greniers, on prend, des soins dirigés d’après le même principe. »

La construction et la couverture des meules complètent les opérations de la récolte et de la conservation des céréales. Les plantes légumineuses cultivées pour leurs graines, ainsi que les fourrages, se conservent à peu près de la même manière, et demandent même moins de précautions dans leur disposition.

Les meules disposées en longueur, quoique moins solides, ont cet avantage que l’on peut y prendre le foin ou les gerbes à mesure qu’on les consomme, pourvu qu’on les coupe perpendiculairement du côté opposé à celui d’où vient ordinairement la pluie, tandis que, lorsque le temps est pluvieux, les meules rondes et carrées doivent être serrées tout à la fois.

Il convient que les meules soient placées dans une cour particulière, entourée de haies ; là on peut plus facilement avoir l’œil sur la provision de fourrage que lorsqu’elle est répartie dans des granges, et par conséquent on peut mieux en modérer la consommation lorsque les circonstances l’exigent.

Assez ordinairement, on ne compose les meules que d’une seule espèce de céréale ou de fourrage surtout lorsqu’on les place près de la ferme et qu’on ne leur donne pas un très-grand volume. Cependant, il n’y a pas d’inconvénient à s’écarter de cet usage. Thaer rapporte que des gens qui ont essayé de mêler par couches, dans le foin, la paille de grains de printemps qui leur restait de l’année précédente, ont beaucoup recommandé cette méthode. On croit pouvoir, à l’aide de ce moyen, serrer les fourrages, quoiqu’ils ne soient pas entièrement secs, parce que la paille absorbe l’humidité du foin. La paille, s’imprégnant de l’odeur du fourrage, doit en devenir plus agréable au bétail, en sorte que, lorsqu’elle est ainsi mélangée, il la mange plus volontiers. On a employé cette méthode surtout pour le foin de trèfle. C.B. de M.

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§ ii. — Des fenils et granges.

Quoi qu’il en soit des avantages des meules et gerbiers, le fréquent usage qu’on fait dans la pratique du mode d’emmagasinement des fourrages, des blés non battus et des pailles, dans des greniers ou dans des granges, nous fait une loi de ne pas négliger de parler ici de ces sortes de constructions.

i. Emploi des combles des bâtimens.

C’est une chose toute naturelle, et même en général favorable à l’économie des constructions, que d’utiliser en greniers le dessus des hangars, des écuries, des étables, etc.

Il ne peut résulter aucun inconvénient pour les récoltes, en général, de leur placement au-dessus des hangars ou des autres localités analogues. Mais il n’en est pas de même des écuries, des étables, etc. Les émanations qui s’en élèvent peuvent être nuisibles à la bonne conservation et à la qualité des produits, et l’on ne pourrait s’en préserver qu’en plafonnant avec soin le plancher entre le rez-de-chaussée et le grenier, et surtout en évitant d’y pratiquer aucune trappe ni autre ouverture, ce qui aurait le double inconvénient d’être fort dispendieux et très incommode pour le service. Mais de plus, les récoltes sont ainsi exposées aux chances d’incendie que courent toujours des bâtimens, au moins en grande partie construits en bois, et dans lesquels les besoins du service exigent l’emploi plus ou moins fréquent de lanternes ou d’autres moyens d’éclairage.

Quelque réels que soient ces inconvéniens, nous ne devons pas omettre de consigner ici une pratique qui, tout en y participant fortement, offre, sous le rapport de l’économie et de quelques autres commodités de service, des avantages tels qu’on ne doit pas s’étonner qu’elle soit, dans certaines localités, d’un usage aussi fréquent et même presque général. Elle est applicable aux hangars, ainsi qu’aux écuries, étables, etc., au-dessus desquels il existe seulement un comble sans plancher. — Lors de la rentrée des récoltes, on place, à la hauteur que devrait occuper le plancher, des perches portant des 2 bouts sur les murs mêmes ou sur les entraits ou tirans des fermes du comble, plus ou moins rapprochées, suivant qu’elles sont plus ou moins fortes, et l’on forme ainsi une espèce de plancher mobile et provisoire sur lequel on entasse jusque sous le comble les foins, pailles, etc. Lorsqu’ils en sont retirés, on met les perches de côté pour s’en servir également à la saison suivante.

Au-dessus des hangars, cette pratique ne présente que des avantages ; au-dessus des écuries, des étables, etc., elle offre sans aucun doute tous les inconvéniens que nous avons déjà signalés. Mais, nous le répétons, elle offre de tels avantages, tant sous le rapport de l’économie que sous celui de la facilité du service, et de plus comme moyen de garantir les écuries, étables, etc., des froids rigoureux, que nous ne saurions en blâmer l’emploi qu’avec réserve, pourvu qu’il soit fait avec les précautions nécessaires.

Les divers inconvéniens que nous venons de signaler n’existent pas dans les bâtimens construits spécialement à l’usage de fœnières ou de granges, etc.

Les principales conditions auxquelles doivent satisfaire ces sortes de constructions, sont : 1o qu’elles offrent un abri sûr ; 2o qu’il y existe des courans d’air suffisans ; 3o que la base en soit préservée, aussi complètement que possible, de la communication de l’humidité du sol, ainsi que, pour les céréales, de l’accès des animaux destructeurs ; 4o et enfin, qu’il y existe des moyens sûrs et commodes de déchargement à couvert.

ii. Des fenils ou fœnières.

En ce qui concerne l’emmagasinement des foins, on satisfera facilement aux conditions voulues, au moyen de hangars établis sur un quinconce de poteaux en charpente, placés à 3 ou 4 mètres de distance (9 ou 12 pieds environ). Le pied des poteaux devra reposer sur des dés en pierre bien fondés, et le sol du hangar lui-même devra être