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res. Le résultat est diamétralement opposé ; presque toujours on agira avec plus de célérité en chargeant modérément.

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§ v. — De quelques manières de moissonner.

Il y a déjà quelque temps qu’on a essayé d’introduire en Angleterre l’usage des chars moissonneurs. Parmi ces machines à moissonner, les plus nouvelles et les plus dignes d’attention sont : 1o celle de Smith (fig. 415) ; le coupeur de cette machine est circulaire et agit horizontalement ; il est attaché sur un tambour tellement disposé que la machine en marchant lui communique un mouvement de rotation rapide, et que les chaumes coupés tombent en formant une ligne régulière. Cette machine abat environ un arpent à l’heure. 2o La machine à moissonner de Bell (fig. 416) est le plus récent et le plus parfait de ces appareils ; la figure le fera suffisamment comprendre, en remarquant dans le détail (fig. 417) la disposition des dents qui coupent les chaumes. Le peu de perfection avec laquelle ces sortes de machines fonctionnent, ne permet guère d’en conseiller actuellement l’emploi exclusif. Il est à désirer qu’ils se perfectionnent assez pour pouvoir les introduire économiquement dans les fermes un peu étendues.

On a cherché à obtenir le même résultat par une sorte de main ou de chariot à peigne. Cette méthode est suivie dans quelques parties du Norfolk et du Suffolk, et aussi dans le département de l’Indre et cantons limitrophes. Elle était en usage dans l’ancienne Gaule, au rapport de Pline. Elle consiste à ne couper des tiges que les épis. Cette méthode abrège certainement le faucillage, mais comme il faut ensuite faucher les chaumes après la moisson, l’économie n’est réalisée qu’en partie. Nul doute qu’elle ne présente un grand avantage pour le battage. Ce procédé est demeuré très-circonscrit, et paraît n’avoir été introduit dans les contrées que nous venons de mentionner, que pour remédier aux vices de la culture ; en effet, lorsque les céréales sont infestées par les mauvaises herbes, le meilleur moyen d’en purger le froment, c’est de ne moissonner que les épis ; mais je me hâte d’ajouter que c’est aussi le moyen le plus efficace que l’on puisse imaginer pour perpétuer dans le sol ces générations de parasites qui font tant de tort au cultivateur.

Aux environs de Ploërmel (Morbihan) et dans quelques autres localités, on moissonne le seigle en laissant des chaumes qui ont un pied ou plus de hauteur, tandis que l’avoine se coupe ras. C’est là une de ces pratiques dont les cultivateurs eux-mêmes de ces cantons n’ont pu donner la raison, et je crois qu’il est impossible d’en trouver une plausible.

Je ne terminerai pas cet article sans dire un mot des dizeaux, non pas pour indiquer la manière de les construire, elle est partout la même avec quelques variantes insignifiantes, mais parce qu’ils fournissent au cultivateur un moyen prompt et facile de se rendre compte de ce que chaque pièce, chaque espèce de récolte a produit. En faisant la base du dizeau de quatre gerbes, le monceau en contiendra dix, et en comptant les monceaux on a instantanément le nombre total.