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chap. ier.
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PRONOSTICS FOURNIS PAR LES INSTRUMENS.


contribuer à indiquer la nature du climat local.

Dans les lieux et les situations où le vent est fréquent et violent, les arbres ont une forme trapue et peu d’élévation ; ils sont très-rameux, et indiquent, par une inclinaison générale et par le plus grand alongement des branches du côté opposé, le point de l’horizon d’où le vent souffle d’une manière prédominante. Dans les vallées et les lieux tranquilles, on voit, au contraire, des arbres bien filés élancer vers le ciel une tige grêle, peu rameuse, et couverte de feuilles énormes.

Le caractère général de la végétation d’un territoire indique aussi très-bien si l’humidité ou la sécheresse y domine. Les arbres y affectent, dans le premier cas, une grande vigueur ; dans le deuxième, au contraire, les pousses annuelles sont très-faibles. On y voit aussi dominer les arbres et les plantes des sols secs et humides, qui seront indiquées dans le chapitre suivant.

Les localités qui sont à la fois humides et mal exposées relativement au soleil, sont indiquées par des végétaux en quelque sorte étiolés. Les pousses sont alongées, mais faibles, d’une consistance aqueuse, jaunes ou d’un vert pâle ; les rameaux sont peu nombreux et espacés ; les fleurs, également peu nombreuses, avortent ou coulent souvent ; les boutons à fleurs tombent au moment de la floraison ou peu après avoir noué ; le tissu intérieur de ces végétaux est lâche ; leur épiderme est sans poils, quoique souvent il en présente dans leur état naturel.

Les lieux qui se rapprochent de la condition des montagnes offrent comme elles des plantes basses, ramifiées dès les racines, d’une nature sèche et dure ; leurs fleurs et en général tout l’appareil de la fructification est fort développé, comparé au reste de l’individu ; les graines sont grosses, bien mûres, et avortent rarement ; la surface des feuilles et des tiges est souvent couverte de poils, plus nombreux sur les sommités que sur le reste de la plante.

La couleur et les odeurs des plantes peuvent même servir à indiquer le climat. Dans les lieux bien exposés, dans ceux dont le ciel est généralement serein, peu couvert de nuages et où les brouillards sont rares, là où l’air est fréquemment renouvelé, les odeurs des plantes sont plus prononcées et plus pénétrantes, et leurs couleurs plus foncées que dans les contrées où le climat est dans des conditions opposées. Chez plusieurs plantes, on voit même les fleurs, blanches ordinairement, prendre une teinte plus ou moins foncée : les ombellifères particulièrement présentent ce phénomène ; plusieurs se teignent en rose sur les sommités, comme le cerfeuil, etc. Le vert des plantes alpines est généralement foncé ; celui des plantes de tourbières pâle et tirant sur le bleu ; celui des plantes de bois ou qui croissent dans les pays ombragés, d’un vert pâle tirant sur le jaune.

Section vii.Des moyens de prévoir le temps.

Les instrumens de météorologie indiqués dans les 1res sections de ce chapitre font apprécier plus exactement les influences atmosphériques et l’état actuel du temps ; mais ils ne contribuent qu’accessoirement à faire prévoir cet état à l’avance. Or, nul n’est plus intéressé à ce résultat que le cultivateur, le vigneron, le jardinier, qui pourraient alors modifier leurs cultures, hâter ou retarder leurs travaux, prendre des mesures pour se préserver ou tirer parti des météores dont ils auraient prévu l’arrivée prochaine. On peut dire sans exagération qu’une telle connaissance augmenterait de plus d’un quart les produits du sol ; et s’il est vrai que la plupart des habitans des campagnes acquièrent par leur expérience personnelle l’art de prévoir le temps dans leur localité, on ne saurait douter de l’importance qu’il y a pour eux à profiter de toutes les observations faites sur ce sujet, et à pouvoir éclairer à cet égard leur expérience, en quelque sorte instinctive, par la connaissance des signes qui sont de véritables indicateurs ou pronostics des divers changemens du temps. Dans un climat aussi variable que le nôtre, cet art est fort difficile et demande toujours la connaissance des localités, en outre de celle du résultat des observations générales que nous allons reproduire.


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§ Ier. — Pronostics fournis par les instrumens.

i. Tirés du baromètre. — Le baromètre monte ordinairement plus ou moins le matin jusqu’à 9 ou 10 heures, et descend jusqu’à 2 ou 4, pour remonter ensuite. Les mouvemens contraires à cette marche sont un indice probable de changement de temps. — Ces changemens s’annoncent presque toujours la veille au moins. — Lorsque le baromètre, étant déjà au variable ou au-dessous, descend, il annonce ordinairement la pluie. Le mercure monte quand le temps tourne au beau. — Les vents du nord ou du nord-ouest tiennent ordinairement le baromètre au-dessus de la hauteur moyenne ; ceux du sud-est et du sud-ouest le tiennent au-dessous. — Quand le temps est à l’orage, les agitations du baromètre sont plus marquées ; il remonte précipitamment quand l’orage est près de finir. — Lorsque le mercure baisse par un temps chaud, c’est signe d’orage ; — en hiver, lorsqu’il monte, c’est signe de froid. — S’il baisse pendant le froid, c’est signe de dégel. — Un gros temps accompagné de la baisse subite du baromètre ne sera pas de longue durée ; il en sera de même du beau temps accompagné d’une hausse subite ; de même si l’ascension a lieu par le mauvais temps et continue avec ce mauvais temps pendant deux ou trois jours, attendez un beau temps continu ; mais, si par un beau temps le mercure tombe bas et continue de tomber durant 2 ou 3 jours, cela présage beaucoup de pluie et probablement de grands vents.

ii. Tirés du thermomètre. — Le thermomètre n’indique rien autre chose que les variations de température ; mais il les indique de la manière la plus exacte et la plus certaine.

agriculture.
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