Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.

venue une culture sarclée et améliorante du sol.... » Annales de l’Agriculture Francaise, octobre 1833.

Dans les contrées du même pays où la proximité des cours d’eau et la disposition des terres permettent de recourir aux irrigations, toute difficulté disparaît, et la culture devient alors plus productive que partout ailleurs. Sous l’influence convenablement combinée de la chaleur et de l’humidité, il est plus facile là que partout ailleurs de multiplier le nombre des récoltes en un court espace de temps. La partie de la Toscane, déjà citée dans le § précédent, en offre un exemple surprenant :

1re année : Froment fumé, suivi de haricots entremêlés de maïs pour rames. — 2e année : Froment suivi de lupins enfouis comme engrais. — 3e année : Froment suivi de fourrages consommés sur place jusqu’en mai. — 4e année : Maïs, millet ou sorgho.

On obtient ainsi sept récoltes en quatre ans, et le binage des haricots et l’enfouissement du lupin permettent de ramener 3 ans de suite le froment. — Peut-être dans quelques parties du département de Tarn-et-Garonne, de la plaine de Nîmes, etc., ne serait-il pas impossible d’approcher d’une si prodigieuse fécondité.

Les assolemens quadriennaux, bien préférables, en général, à tous ceux dont nous nous sommes jusqu’ici occupés, présentent cependant encore des inconvéniens même assez graves dans les localités où le trèfle ne réussit que médiocrement, ou dans les terrains que l’on a fatigués de sa culture. En effet, lorsque ce fourrage est admis, il reparait nécessairement tous les quatre ans, et l’on a remarqué en beaucoup de lieux qu’un intervalle de trois ans entre deux cultures de trèfle n’est pas toujours suffisant. — On doit en dire autant de diverses plantes propres aux arts, dont on trouve habituellement utile d’éloigner le plus possible les récoltes.

Dans la plupart des cas cependant, ces assolemens ont, sous d’autres points de vue, non pas seulement en théorie, comme on s’est plu à le dire, mais en bonne pratique, des avantages si nombreux et si réels ; — ils forment une transition si facile des rotations triennales avec jachère aux diverses autres rotations sans jachère ; — ils procurent une telle économie d’engrais et en utilisent si bien l’emploi : — que, pour mon compte, je ne suis nullement surpris de les avoir vu préconiser avec chaleur par presque tous les agronomes de notre époque, et adopter, même sous le soleil de Languedoc, par les cultivateurs les plus éclairés.

[10:2:4]

§ iv. — Assolemens de 5 ans.

Les assolemens quinquennaux sont d’une application moins générale que les précédens. En les adoptant, il est impossible, sans s’écarter des bons principes, de faire revenir les céréales plus de deux fois. — Sauf quelques cas exceptionnels, un seul engrais ne peut suffire, a moins qu’on ne recoure au parcage, aux récoltes enfouies, ou qu’on évite toute culture épuisante ; — dans les cas les plus ordinaires, on trouve, si l’on consacre trois soles aux plantes fourragères, que cette proportion est trop forte. Cependant il est telles circonstances où il serait difficile de trouver une rotation mieux appropriée aux besoins du moment. J’en citerai quelques-uns :

Sur un sol fatigué et sali par le retour trop fréquent ou trop prolongé des blés, et que l’on veut ramener, sans jachères, à sa fécondité première, un ou deux assolemens quinquennaux remplissent parfaitement le but ; soit qu’on puisse couvrir deux soles de plantes fumées, binées ou butées, et une troisième de fourrages à faucher en vert ; — soit qu’à une sole de plantes sarclées on joigne deux soles de prairies artificielles ; — soit enfin qu’après avoir fauché une première année la prairie artificielle, on la laisse une seconde année en pâture.

Dans les localités où, les fumiers sont abondans, où les cultures industrielles sont d’un débit ou d’un emploi facile, et où leur grand rapport dépasse ou balance celui des céréales, les rotations de 5 ans peuvent être aussi fort profitables. Elles se composent alors, tantôt de deux soles de fourrages racines et fauchables, ou simplement fauchables en vert ; d’une sole de plante oléifère, filamenteuse ou toute autre exigeant des engrais, des binages et des sarclages, et de deux soles de céréales ; — tantôt d’une seule sole de blé, et de quatre soles ; deux de végétaux propres aux arts et deux de prairies artificielles.

Enfin, sur défriche de vieilles prairies ou de tout autre terrain fertile, de semblables rotations peuvent encore servir de transition à un nouvel herbage ou à un assolement différent. En pareil cas on peut, avec un seul et parfois sans engrais, demander au sol des récoltes plus ou moins épuisantes. — Voici quelques exemples :

1o En terres de diverses natures et de consistance moyenne.

1re année : Céréale de printemps. — 2e année : Vesces, gesses ou autres plantes à faucher en vert. — 3e année : Culture racine fumée, betteraves, carottes, etc. — 4e année : Céréale d’automne. — 5e année : Choux fumés et binés.

1re année : Céréale d’automne. — 2e année : Fourrage suivi d’une seconde récolte enfouie. — 3e année : Racines sans engrais et pâturées sur place. — 4e année : Céréale de printemps. — 5e année : Culture fumée, sarclée, binée ou butée, arrachée de bonne heure en septembre.

1re année : Culture fumée, sarclée, binée ou butée. — 2e année : Céréale avec graines de prairie artificielle. — 3e année : Prairie artificielle fumée à la surface ou enfouie avant la dernière coupe. — 4e année : Céréale. — 5e année : Autre prairie artificielle sans engrais.

Je citerai de plus :

1re année : Gesses, pour fourrage. — 2e année : Pommes-de-terre fumées. — 3e année : Avoine. — 4e année : Trèfle. — 5e année : Blé.

1re année : Fèves, pommes-de-terre ou choux, fumés. — 2e année : Blé d’automne ou de printemps. — 3e année : Trèfle, re-