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la France, et où se trouve, entre Pistoia et Lucques, la vallée de Niévolle, la mieux cultivée de toute la Toscane, qu’on sait être le jardin de l’Italie. « Dans cette vallée, arrosée par le fleuve Arno, et qui comprend la plaine de Pescia, au lieu d’abandonner la terre à l’improductive jachère, on en exige ordinairement cinq produits différens en trois ans, souvent sept en quatre ans, en ne la laissant jamais nue, en la couvrant d’une nouvelle semence immédiatement après chaque récolte, en la fertilisant de temps en temps avec ses produits, et en alternant le froment avec le lupin, le haricot, la rave, le trèfle incarnat, le millet, le sorgho et le maïs qui y sert quelquefois de rame aux haricots. Le produit du lupin y est généralement enfoui comme engrais entre deux récoltes de froment, et l’on y sème aussi quelquefois pour fourrage, après ces récoltes, un mélange de lupin, de lin, de raves et de trèfle incarnat, dont chaque espèce de plantes, à commencer par le lupin, se trouve consommée successivement depuis l’automne jusqu’au mois de mai, époque de l’ensemencement du maïs. » — (Nouveau Cours complet d’agriculture théorique et pratique.)

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§ iii. — Des assolemens de quatre ans.
A. Dans le nord et le centre.
1o En terres plus légères que fortes.

Dans le comté justement vanté de Norfolk, le pivot de la culture quadriennale est le turneps ; c’est à l’aide de la fumure qu’on lui donne, du parcage auquel on le destine, et de la bonne préparation du sol, que l’orge acquiert sa grande fécondité, et que le trèfle qui lui succède réussit encore parfaitement. C’est par suite de la riche végétation du trèfle que le froment ne manque, pour ainsi dire, jamais. — Il est des endroits où cette rotation, qui couvre une moitié du terrain en céréales, existe depuis plus d’un siècle sans que la terre paraisse s’en fatiguer.

1re année : Turneps fumés et pâturés sur place. — 2e année : Orge ou avoine et trèfle. — 3e année : Trèfle. — 4e année : Froment.

Dans les bonnes terres, au dire de sir J. Sinclair, on ne donne parfois d’autres engrais que ceux produits par le parcage, mais dans ce cas, comme on doit le prévoir, il est difficile que l’assolement soit suffisamment améliorant ; car souvent alors, malgré de bons labours, les turneps et le trèfle manquent, et il devient nécessaire de rafraîchir la terre en la mettant en herbage pour deux ou trois ans au moins. C’est afin de remédier à cette difficulté qu’on a proposé le pâturage sur place de la vesce et des turneps. L’assolement se compose alors des quatre soles suivantes :

1re année : Vesces d’hiver suivies de turneps, les uns et les autres pâturés sur place par les moutons. — 2e année : Blé ou orge, puis trèfle. — 3e année : Trèfle. — 4e année : Orge ou blé.

Voici quelques autres exemples d’assolemens anglais de 4 ans :

1re année : Turneps fumés et pâturés sur place. — 2e année : Blé en ligne. — 3e année : Trèfle, fumé à l’aide d’herbages maritimes. — 4e année : Blé en lignes.

Malgré tous les avantages d’une telle rotation, dit sir J. Sinclair, on a trouvé que le blé ne pouvait pas revenir avec succès tous les deux ans, pendant un temps un peu long, sur les terres légères. Après avoir suivi cette pratique dans le Lothian, pendant 14 ans, le résultat a été que, quoique, à force d’engrais, ou continuât toujours à obtenir une grande abondance de paille, cependant le blé est devenu léger et peu productif. En conséquence on a préféré remplacer la seconde récolte par de l’avoine.

On a adopté près d’Edimbourg une rotation quadriennale très-productive, et qui se rapproche davantage de nos assolemens français ; savoir :

1re année : Pommes-de-terre. — 2e année : Blé. — 3e année : Trèfle. — 4e année : Avoine.

Les cultivateurs écossais mettent le blé après les pommes-de-terre, afin de le faire profiter directement de l’engrais de cette plante. Chez nous, ainsi que je l’ai déjà dit, la pratique s’est prononcée dans la plupart des lieux contre une telle méthode. Nous sèmerions l’avoine après les pommes-de-terre, et le froment succéderait, sans addition d’engrais, à un trèfle plâtré et rompu de bonne heure.

M. Mathieu de Dombasle recommande les deux cours suivans, l’un pour les sols de bonne qualité, l’autre pour ceux d’une fertilité moyenne, et tous deux pour les terres de la nature de celles qui nous occupent ici :

1re année : Betteraves fumées, arrachées en septembre. — 2e année : Colza d’hiver, repiqué avec trèfle. — 3e année : Trèfle. — 4e année : Blé.

1re année : Pommes-de-terre, betteraves, rutabagas ou choux avec fumier. — 2e année : Orge ou avoine. — 3e année : Trèfle. — 4e année : Blé ou colza d’hiver.

Dans le département de la Loire on connaît l’assolement suivant :

1re année : Chanvre, puis raves pâturées. — 2e année : Avoine, puis trèfle. — 3e année : Trèfle quelquefois fumé au printemps. — 4e année : Blé.

Sur divers autres points de la France où les assolemens quadriennaux commencent à se répandre, on a trouvé préférable de semer le trèfle sur le blé, qui se trouve ainsi succéder immédiatement à la culture ou à la jachère fumée ; l’avoine ne vient ainsi que la dernière année.

Pour les terres sableuses maigres de la Sologne, M. de Morogues a proposé les deux assolemens suivans :

1re année : Sarrazin et navets, pommes-de-terre. — 2e année : Avoine, orge de mars. — 3e année : Vesces d’hiver, jarosses d’hiver, fauchées en vert. — 4e année : Seigle.

1re année : Turneps ou navets, pommes-de-terre. — 2e année : Orge et avoine, sarrasin et navets. — 3e année : Fourrages légumineux, moitié de mars, et moitié d’automne, tels que pois-moissard, vesces, jarosses, jardeau. Ces fourrages seraient coupés en vert, surtout le dernier, afin de ne pas donner à la graine le