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place par les troupeaux. — 2e année : Orge sans engrais. — 3e année : Blé.

1re année : Turneps, comme dans l’exemple précédent. — 2e année : Orge. — 3e année : Trèfle.

1re année : Pommes-de-terre fumées. — 2e année : Orge. — 3e année : Trèfle.

1re année : Pommes-de-terre fumées. — 2e année : Seigle. — 3e année : Lupuline.

Dans presque toute l’Angleterre les turneps ou navets forment une base essentielle des rotations sans jachère. Ils ont aussi une grande importance dans plusieurs de nos départemens occidentaux. Cependant, en général, leur emploi est moins fréquent chez nous, et, en effet, les résultats sont fort différens dans les deux pays. — Dans le premier, l’humidité plus constante du printemps et de l’été, les froids moins brusques et moins forts de l’hiver, font que les turneps réussissent généralement mieux et plus sûrement que dans le second. — Une autre considération d’une haute importance, c’est que le parcage, à en juger par les résultats comparatifs, entraîne plus d’inconvéniens en France que dans les îles Britanniques. Là, au lieu d’arracher, de transporter, de conserver parfois difficilement les racines fourragères, et de les distribuer aux bestiaux avec des soins toujours coûteux ; au lieu de faire charrier à grands frais une partie, quelquefois la totalité des engrais nécessaires, le berger se charge de tout, et la terre s’enrichit tandis que les animaux se nourrissent. On évite ainsi bien des frais de main-d’œuvre. Malheureusement, dans nos régions où l’on regarde comme nécessaire d’abriter les troupeaux au moins pendant une partie de l’hiver, et où le parcage de nuit des moutons n’est que trop souvent nuisible à leur santé, les mêmes moyens n’existent pas. — Les turneps, d’ailleurs, sont fréquemment détruits dans nos champs par les altises, et l’on ne doit pas les considérer comme aussi nutritifs que diverses autres racines que, par cette raison, on trouvera souvent de l’avantage à leur préférer : telles sont la pomme-de-terre et la betterave qui atteignent en partie le même but dans les assolemens, qui réussissent assez ordinairement dans les mêmes terres, et sont d’une conservation plus facile.

L’orge a aussi beaucoup plus de valeur en Angleterre qu’en France, à cause des nombreuses brasseries qui en étendent la consommation. On a calculé qu’une très-belle récolte d’orge vaut à peu près autant qu’une belle récolte de froment. Cette circonstance est donc encore à l’avantage de nos voisins ; elle est une preuve de plus des modifications que peuvent apporter à la théorie des assolemens les circonstances locales.

Dans le premier assolement cité, la terre étant convenablement ameublie par les binages, et richement fumée, peut donner sans doute deux belles récoltes de céréales ; mais on doit prévoir que la succession prolongée et sans intermédiaire, de l’orge et du froment ou du seigle, deviendra à la longue de moins en moins productive.

Dans le second et le troisième, on remarque un inconvénient presque aussi grave ; c’est le retour trop fréquent du trèfle. Ici se présente naturellement une double réflexion : — rien ne prépare mieux une récolte de froment que celle du trèfle ; mais il faut pour cela qu’il soit beau, car, lorsqu’il pousse maigrement, il est envahi par les mauvaises herbes, et son effet devient presque nul. La pratique le démontre chaque jour. — D’un autre côté, même dans les contrées où l’introduction de cette précieuse légumineuse est encore en quelque sorte récente, on s’est aperçu qu’au lieu de la reposer, elle effrite sensiblement la terre sur laquelle elle revient trop souvent, et que de la sorte sa culture cesse d’être profitable en elle-même et aux récoltes suivantes dès qu’elle s’affaiblit. Or, c’est ce qui ne peut manquer d’arriver tôt ou tard avec une rotation triennale, et c’est ce qu’il importe avant tout d’éviter, si l’on tient à se ménager une des plus précieuses ressources de l’agriculture moderne.

Quant à la lupuline (Medicago lupulina), qui convient parfaitement aux sols légers dans lesquels le trèfle aurait de la peine à prospérer, et qui produit sur les terres à seigle d’aussi bons effets que le trèfle sur les terres à froment, quoique je ne sache pas que l’expérience se soit encore prononcée aussi clairement, il est bien probable, si l’on considère le genre auquel elle appartient, que les inconvéniens d’une culture trop fréquente seraient les mêmes.

2o En terres plus fortes que légères.

1re année : Fèves fumées et binées. — 2e année : Blé froment. — 3e année : Trèfle.

1re année : Fèves fumées et binées. — 2e année : Blé. — 3e année : Vesces pour fourrages.

1re année : Pommes-de-terre fumées et binées. — 2e année : Avoine. — 3e année : Trèfle rompu pendant l’hiver.

1re année : Choux fumées. — 2e année : Avoine ou blé de printemps. — 3e année : Trèfle.

1re année : Colza fumées. — 2e année : Blé. — 3e année : Trèfle.

1re année : Rutabagas fumés et binés. — 2e année : Blé. — 3e année : Vesces d’hiver ou de printemps.

La fève, quoiqu’elle vienne de préférence dans les sols meubles et substantiels, mieux que beaucoup d’autres plantes, s’accommode cependant des terres argileuses, compactes, humides, d’une exploitation à la fois coûteuse, difficile et peu profitable. Yvart la nomme, à bon droit, la plante par excellence, pour diviser, ameublir, fertiliser ces sortes de terrains, et les préparer à la culture des céréales, particulièrement à celle du froment.

Dans ce but, au lieu de la semer à la volée, comme on le doit toujours quand on veut la faucher à l’époque de sa floraison, on la sème en rayons pour en recueillir les graines dont on fait un usage assez important dans plusieurs de nos départemens du sud et du sud-ouest, non seulement pour la nourriture des animaux de travail et d’engrais, mais comme aliment des hommes.

Dans les deux premiers exemples, on peut cultiver les fèves comme fourrage ou comme