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et que, de l’autre, le besoin d’engrais soit moins général et le moyen de s’en procurer aussi assuré que possible. — En général, l’étendue des pâturages doit être, dans toute exploitation, en raison inverse de la fécondité du sol et de la facilité de subvenir par la culture des prairies artificielles à l’entretien des bestiaux.

Toutes choses égales d’ailleurs, l’état de fertilité dans lequel le fermier trouve le sol à son entrée en jouissance, doit avoir une grande influence sur le choix d’un assolement.

Je pourrais citer tels exemples où, comme dans la plaine de Nîmes, on se croit dans l’obligation d’épuiser le sol à chaque fin de bail, de manière qu’il faut ne lui confier que des cultures réparatrices pendant plusieurs années, en commençant une nouvelle rotation. Le fermier sortant ayant toujours intérêt à mésuser, sous ce rapport, de sa position, on ne peut prévoir avec trop d’attention et prévenir trop efficacement un pareil abus. — Un terrain non épuisé peut être envahi par les mauvaises herbes : cet inconvénient n’est guère moins grave que le précédent. Les récoltes des céréales y seraient peu productives et ne feraient qu’empirer le mal. Là, il faut encore un assolement particulier dans lequel reviennent fréquemment les plantes étouffantes et les cultures sarclées. — Il en faut un aussi sur une terre nouvellement défrichée ; — sur celle qui contient en surabondance des sucs nourriciers, etc.

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§ v. — Influence du climat.

Le climat doit surtout être pris en grande considération. « Le tort de ceux qui ont établi la théorie des assolemens en France, dit M. de Gasparin, est d’avoir généralisé des pratiques locales et d’avoir cru la science complète, en observant l’agriculture seule des pays où finit la région de la vigne. En étendant nos vues plus loin, nous verrons que les principes proclamés jusqu’à ce jour sont bien loin d’être absolus, et que la considération des climats est celle qui domine toute recherche sur cette matière. »

En France, en effet, il y a deux climats bien distincts qui se fondent, pour ainsi dire, en un troisième. — Celui du nord est le mieux connu sous le point de vue qui nous occupe. C’était, en effet, en Belgique, en Alsace, en Angleterre, dans ces contrées de la plus riche agriculture, que la science des assolemens a dû prendre naissance. C’est de là qu’elle a pénétré en Europe. — Celui du midi a été moins étudié ; on l’a tellement négligé dans les livres, que les habitans de la région des oliviers ont pu se croire entièrement oubliés de la plupart de nos agronomes. — Le climat du centre, comme il est facile de le prévoir, participe aux avantages et aux inconvéniens des deux autres. Toutefois, il se rapproche davantage du premier que du second.

La chaleur et l’humidité étant les deux grands agens de la végétation, c’est leur répartition entre les saisons qui constitue un climat agricole. — Dans les pays voisins de l’équateur, où les saisons sont très-régulières, la saison des pluies est toujours celle où le soleil parcourt la portion du zodiaque qui est du même côté qu’eux de la ligne. — Dans les zones tempérées, on ne trouve plus cette régularité propre aux contrées intertropicales ; mais la moyenne de plusieurs années présente quelque chose d’analogue. — Dans les pays situés en plaines et loin du voisinage des hautes sommités, la saison des pluies et celle des sécheresses se partagent l’année par deux séries continues plus ou moins égales, comme sous la zone torride, mais limitées avec moins de précision par les influences solaires ; le voisinage de grandes chaînes et d’autres causes locales viennent troubler cet ordre et introduire parfois quatre séries au lieu de deux ; de sorte qu’il est vrai de dire alors avec M. de Gasparin, à qui je dois en partie ce qui suit, que sous le rapport des pluies on a quatre saisons. Ces anomalies peuvent s’observer même en France.

Si nous divisions notre continent en deux portions par une ligne qui passât par les Pyrénées, dont elle se détacherait vers le milieu de la chaîne pour passer à l’ouest de Toulouse, qui suivrait ensuite la chaîne des Cevennes, irait se rattacher aux Alpes, en Dauphiné, en se prolongeant ensuite avec cette chaîne vers l’orient, nous aurions deux climats, l’un septentrional et l’autre méridional. Dans le premier, les étés sont pluvieux ; ils sont secs dans le second, et c’est l’automne qui est la saison des grandes pluies ; et, comme si cette ligne faisait en Europe le même effet que la chaîne de montagnes qui sépare la côte de Malabar de celle de Coromandel, les saisons de pluie et de sécheresse se succèdent au nord et au midi de cette ligne. Voilà le fait capital qui établit la principale différence entre les deux climats que nous avons le plus intérêt à connaître et à étudier ici dans leur rapport particulier avec la théorie des assolemens. — M. de Gasparin fait connaître les exemples suivans : 1o Paris, climat à pluies estivales, à deux saisons régulières ; — 2o Genève, climat à pluies estivales, à deux saisons irrégulières, le voisinage de plusieurs grandes chaînes y introduisant de nombreuses causes d’anomalie ; — 3o Montpellier, climat à pluies automnales, à deux saisons régulières; — 4o Toulouse, climat à pluies automnales, à quatre saisons ; — 5o Joyeuse, climat à pluies automnales, à quatre saisons ; — 6o Padoue, climat à pluies automnales, à quatre saisons, le voisinage des montagnes dans ces trois derniers exemples agissant pour introduire les saisons intermédiaires ; — 7o Marseille, climat à pluies automnales, à deux saisons irrégulières, la saison de la sécheresse l’emportant autant sur l’autre par sa durée que celle des pluies dans le climat de Genève.

Dans les climats à pluies d’automne il y a un très-petit nombre de jours pluvieux en été, et par conséquent la sécheresse est d’autant plus grande que les pluies de cette saison tombent par orages en laissant de longs intervalles entre elles. — Dans le climat de Paris, les pluies sont encore fréquentes jusqu’en juillet inclusivement ; on conçoit de quel avantage peut être pour plusieurs cul-