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AGRICULTURE : ENSEMENCEMENS ET PLANTATIONS.


à arracher le plant, une autre à l’habiller ; quelques-uns le transporteront de distance en distance sur la pièce destinée à le recevoir ; les autres suivront la charrue, prendront la plante avec précaution et la coucheront contre la bande qui vient d’être retournée. C’est à la sagacité du cultivateur à déterminer s’il faut planter chaque 2e ou chaque 3e raie. C’est à l’intelligence de l’ouvrier à voir s’il place le plant trop haut ou trop bas.

Si l’on ne se sert pas de la charrue, le sol aura dû être auparavant rayonné ou disposé en crêtes saillantes par le labour. Le plant est transporté sur toute la superficie comme nous venons de le dire. Des ouvriers armés de plantoirs (fig. 318) forment des trous où ils déposent une plante en suivant la ligne tracée par le rayonneur ; puis, à l’aide du même plantoir, ils serrent la terre contre la racine en le plongeant 2 ou 3 fois autour de la première ouverture. L’essentiel, pour cette opération, n’est pas de presser la terre contre le collet, mais bien contre la partie inférieure de la racine. Le collet de la plante doit être de niveau avec la superficie du sol ; s’il s’élevait au-dessus, la partie qui serait en dehors ne produirait pas de chevelu et se dessécherait ; si on le mettait au dessous, la terre couvrirait les feuilles du centre, la pluie et la rosée y séjourneraient et amèneraient la pourriture.

Le plantoir des jardiniers offre plusieurs inconvéniens lorsqu’on le met entre les mains de personnes peu habituées à s’en servir ; c’est ce qui a fait imaginer le plantoir-truelle dont parle Thaer (fig. 319). Il ressemble un peu à une houe qui se terminerait en pointe triangulaire alongée. L’ouvrier le plonge dans la terre, et, sans le sortir, il l’attire vers lui et forme l’ouverture (fig. 320 ) dans laquelle il dépose le plant ; repoussant ensuite la terre avec son pied, il le rechausse à la hauteur convenable.

Enfin, les Flamands, qui se servent souvent de la méthode du repiquage, ont un plantoir à deux branches (fig. 321) que nous représentons en A vu de face, en B vu de côté. Un ouvrier saisit cet instrument, le plonge en terre en appuyant avec son pied sur la traverse horizontale ; puis, faisant un pas à reculons, il ouvre 2 trous en ligne droite avec les premiers ; des femmes viennent pour disposer le plant et fermer les ouvertures.

Antoine, de Roville.

CHAPITRE VIII. — des façons d’entretien des terres.

Ces opérations portent en général le nom de menues cultures. On comprend sous cette dénomination les travaux qui ont pour but d’assurer, depuis la semaille ou la plantation jusqu’au moment de la récolte, le succès des diverses cultures. Cette partie de l’art agricole intéresse le cultivateur à un trop haut degré pour que nous négligions aucun des détails qui y ont rapport.


Section 1re . — Façons pour l’égouttement du sol.

Le premier objet qui mérite une sévère attention, c’est le tracé et l’entretien des raies d’écoulement. Elles ont pour but de soustraire les récoltes à l’influence d’une humidité prolongée et aux désastres qu’occasione aux emblavures d’hiver, l’eau qui ravine les coteaux lorsqu’on n’a pas eu la précaution de lui ménager une issue. On est communément trop disposé à se déguiser à soi-même le tort que fait aux plantes le séjour de l’eau dans le sein de la terre. Des observations que l’expérience semble justifier portent à croire que le seigle succombe à une inondation qui durerait 8 jours, l’orge d’hiver et l’avoine à une inondation de 12 jours, et que le froment résiste 38 jours. Or, quelle différence y a-t-il pour ces plantes entre une inondation pendant laquelle chaque partie de l’eau est sans cesse remplacée par une autre, et la stagnation d’une eau qui croupit, fermente avec les racines des plantes et finit par les décomposer ? S’il y en avait une, elle serait à l’avantage de l’eau qui ne fait que passer plutôt qu’à celle qui séjourne. Il est donc d’une grande importance de procurer à l’humidité un écoulement toujours facile. Le moyen est simple et peu dispendieux. On prend une charrue ordinaire et on ouvre un sillon qui serpente du point le plus élevé de la pièce à la partie inférieure, en passant par les endroits où l’eau paraît devoir rester stationnaire. On trace un nombre de raies suffisant pour procurer un assainissement complet.

Fig. 322.

Toutes ces rigoles particulières (A B C D E, fig. 322) viennent se rendre dans une autre plus large et plus profonde (F G) placée au