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chap. 7e.
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DES ENSEMENCEMENS ET PLANTATIONS.

Lorsque le sol est bien ameubli et le fumier enfoui à une profondeur suffisante, on donne un hersage pour niveler la superficie. On passe ensuite le rayonneur qui trace des lignes parallèles, mais peu profondes, le long desquelles on repique le plant. Lorsqu’on se sert du rayonneur pour creuser les rangées où le semoir doit déposer des graines, les traces seront plus approfondies, chose qu’il est facile d’obtenir, soit que le rayonneur s’appuie sur un avant-train, soit qu’il repose sur une roulette. Le rayonneur est construit en pieds de bois ou de fer selon la nature de la terre dans laquelle on le fait fonctionner. Les pieds ne s’attachent pas d’une manière fixe sur la traverse horizontale ; on les étreint contre celle-ci au moyen de brides qui se serrent à volonté par un écrou et permettent de rapprocher les pieds les uns des autres ou de les éloigner.

On a agité la question de savoir s’il convient de placer les rangées à égale distance les unes des autres (fig. 316), ou s’il est plus avantageux d’en mettre deux plus rapprochées en laissant entre chaque série binaire (fig. 317) un intervalle suffisant pour permettre l’emploi de la houe à cheval. Cette dernière disposition a été reconnue la plus favorable pour les féverolles ; mais je ne connais pas d’expérience qui constate ses avantages ou ses inconvéniens à l’égard des autres plantes sarclées. Il serait utile qu’on s’en assurât par des faits directs.

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Art. ii. — Choix du plant.

Il est presque impossible d’entrer sur ce sujet dans quelques détails pratiques sans anticiper sur l’article spécial que nous consacrons à la culture de chaque plante. La première règle qu’il ne faut pas négliger, c’est de ne sortir le plant de la pépinière qu’à l’époque où les racines ont acquis une certaine grosseur. Plus les racines ont de volume et mieux elles sont développées et garnies de chevelu, plus elles ont de facilité pour reprendre.

On ne doit pas craindre d’habiller le plant. Cette opération consiste à retrancher la partie supérieure des feuilles. C’est par les feuilles que l’évaporation s’exécute ; si on diminue la surface évaporatoire, la plante éprouvera une déperdition moindre et résistera plus longtemps à l’influence d’une sécheresse continue.

Plusieurs personnes ont avancé que le retranchement de l’extrémité de la radicule nuit au développement ultérieur du végétal. Si la soustraction se fait jusqu’au vif, cette opinion parait fondée ; mais si on n’enlève que la partie inférieure sans léser le tissu parenchymateux, il n’y a pas de doute qu’on ne fasse une opération utile dans la plupart des cas. Quelle que soit en effet la manière dont on procède au repiquage, il est bien difficile que le filet qui termine chaque plante ne se replie sur lui-même, ne force la sève à dévier et à déformer la racine. Cet inconvénient est moins à redouter pour les végétaux qu’on ne cultive pas pour leurs racines, que pour ceux dont cette partie du végétal forme le produit principal.

On a proposé de tremper les racines dans diverses préparations, dans le but de les préserver des suites de la sécheresse. En application, cette méthode est embarrassante, coûteuse, et en définitive peu profitable. Cependant, lorsqu’un plant délicat doit être transporté à une grande distance, cette précaution diminue les chances qu’il court dans le trajet. Cette préparation consiste à tremper les racines dans une bouillie composée d’un mélange de terre, de purin et de fiente de bêtes à cornes.

Une précaution qu’on ne néglige jamais impunément, c’est de repiquer le jour même où l’on a donné le dernier labour. Un auteur anglais s’est assuré qu’une terre récemment labourée laisse échapper une très-grande quantité d’eau à l’état de vapeur. Les feuilles, par les pores dont elles sont criblées, s’emparent d’une partie de cette eau et récupèrent ainsi les pertes qu’elles subissent. Le même observateur a reconnu que sur un ancien labour l’évaporation est presque nulle.

Un défaut général chez les cultivateurs qui établissent des pépinières, c’est de semer trop dru. Les plantes serrées à l’excès s’étiolent, montent en tiges grêles et qui, transportées en plein champ, souffrent d’un changement brusque. Il vaut mieux demander un moindre nombre de végétaux à la terre et avoir du plant vigoureux et bien développé.

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Art. iii. — Exécution des plantations.

Il y a 2 méthodes générales de plantation et de repiquage : à la charrue, — au plantoir. La première convient aux plantes tubéreuses, comme la pomme-de-terre, le topinambour, et aux plantes qui ne sont pas cultivées pour leurs racines, comme le colza, les choux. Des cultivateurs ont avancé qu’on peut également se servir de la charrue pour repiquer les végétaux dont la racine forme le principal produit. Je puis affirmer, par expérience, que l’opération n’aura qu’un faible succès si des ouvriers ne suivent l’instrument pour rechausser les plantes qui n’ont pas été assez recouvertes de terre, et pour dégager celles qui ont été enfouies. Si l’on met en compte la dépense qu’exige cette opération supplémentaire, on se convaincra que le repiquage à la main eut été plus parfait et non moins économique. Les plantes oléagineuses n’exigent pas autant d’attention, elles reprennent quand même elles ne tiendraient à la terre que par un filet.

On obtiendra pour cette opération une grande économie en adoptant la division du travail. Une partie des ouvriers sera occupée