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liv. ier.
Agriculture : façons générales à donner au sol.

pensables sur les sols argileux et tenaces.

Les dents de herse sont assez souvent quadrangulaires, plus souvent encore triangulaires. — Dans les herses modernes les plus perfectionnées, elles ont la forme de coutres. Cette disposition présente entre autres avantages celui de permettre de faire des hersages profonds ou des hersages légers, selon qu’on attache les traits de manière que les dents avancent la pointe la première ou dans le sens contraire.

Trop communément on place les dents à peu près au hasard sur les châssis qui les supportent ; cependant, en théorie, il faut non seulement que chacune fasse sa raie particulière et que cette raie ne soit pas parcourue par une autre dent, mais encore que toutes les raies soient équidistantes entre elles.

Les dimensions et la forme des herses varient nécessairement selon leur destination : — sur les terrains labourés à plat, elles peuvent être plus ou moins grandes selon les circonstances ; — on les construit tantôt en triangle, tantôt en carré.

Dans les localités où on laboure en billons et où l’on ne herse conséquemment qu’en long, on divise les herses en deux parties assez souvent concaves qu’on réunit l’une à l’autre par le moyen d’anneaux ou de toute autre manière.

Fig. 271.

La herse triangulaire dont nous donnons le dessin (fig. 271) n’a besoin d’aucune explication tant sa construction est simple. — On voit que ses dents, assez fortement inclinées en avant, sont placées de manière à remplir les conditions ci-dessus prescrites.

Fig. 272

La herse quadrangulaire de M. de Valcourt (fig. 272), qui a été adaptée à Roville, comme une des plus parfaites, et qui a fait dire au savant directeur de cet établissement que c’est seulement depuis qu’il en fait usage qu’il sait ce que vaut une bonne herse, est disposée comme celle du Berwickshire, dont je parlerai ci-après, et plusieurs autres, de manière à être utilisée seule ou accouplée à une autre de même forme.

La manière d’atteler les chevaux à la herse n’est pas indifférente, car lorsque, comme dans l’exemple précédent, le tirage se fait par une chaîne simple, la marche de l’instrument devient très-irrégulière par l’effet des balancemens que les mottes ou l’inclinaison du terrain lui impriment. C’est pour remédier à cet inconvénient que le crochet A se fixe à l’un des anneaux de la chaîne, non pas au milieu, mais à droite, ainsi qu’on le voit dans la figure, en cherchant, par le tâtonnement, à quel anneau on doit le fixer afin que la herse marche de biais justement autant qu’il est nécessaire pour que toutes les lignes tracées par les dents soient également espacées entre elles. On reconnaît que la herse marche bien lorsque les deux pièces de bois BB, placées diagonalement sur les timons, cheminent sensiblement à l’œil parallèlement à la ligne de direction de l’instrument, et non de biais. — Ces deux pièces ou chapeaux servent aussi à soutenir la herse que l’on renverse sur le dos lorsqu’on la conduit aux champs.

« On conçoit que le point de tirage doit varier selon l’inclinaison du sol, à droite ou à gauche, et aussi selon le plus ou le moins de résistance qu’éprouve l’instrument ; car, dans ces divers cas, la partie postérieure de la herse tend à se jeter d’un côté ou de l’autre. En changeant le point de tirage, c’est-à-dire en accrochant la volée d’un ou deux chaînons plus à droite ou plus à gauche, on force la herse à suivre une direction uniforme. — J’ai parfaitement réussi à faire varier avec une grande latitude les effets de la même herse par le moyen de quatre pitons percés chacun de trois ou quatre trous qui sont placés à chaque angle de l’instrument. Pour obtenir le plus fort degré d’entrure, on tourne la herse de manière que les dents marchent la pointe en avant, et l’on attache les deux extrémités de la chaîne aux trous supérieurs des pitons… Si au contraire on attache les bouts de la chaîne à la partie inférieure des pitons, la herse pénètre moins dans la terre. » (Annales de Roville.)

La herse à losange à dents de fer, pour une paire d’animaux, avec sa chaîne et ses crochets, coûte à Roville 45 fr. — La même, pour deux paires d’animaux, avec régulateur et crochets, est du prix de 75 fr.

Fig. 273.

La herse du Berwickshire (fig. 273), que l’on considère en Angleterre comme l’un des instrumens les meilleurs en ce genre, se compose de deux parties, réunies ensemble à l’aide de verges de fer fixées par des écrous, et attachées l’une à l’autre par deux crochets et deux pitons. — On voit que sa forme est rhomboïdale comme celle de la précédente, et que sa construction n’en diffère que par une moindre perfection.

La herse de Laponie (fig. 274 ), dont on